J’ai l’impression que c’est un peu ça, une vie de couple. Une partie de poker. De poker menteur.
Les doigts du pêcheur couraient sur son dos, pressés, infatigables, maladroits, tels des bébés qinruplés qui viendraient d'apprendre à marcher.
Il mime super bien le mérou ou ce genre de poisson qui a les yeux tout ronds.
- Tu sais, continua-t-il, les couples de raison, ceux qui commencent sans attirance, sans illusions sont ceux qui durent le plus longtemps. Pour une raison simple, Clotilde. Une raison implacable. Parce qu'on n'est pas déçu ! Parce que ça finit par être mieux que ce à quoi on s'attendait. Qui peut dire ça d'une histoire d'amour, hein ? Qui peut dire ça d'une passion ? Que c'est mieux à la fin qu'au début ?
Une voix hurla dans la tête de Clotilde. Au secours ! Pas toi, Natale, pas toi. N'importe qui a le droit de me sortir ce discours, n'importe quel connard... mais pas toi !
On est de la même race, Clotilde. Les pêcheurs de rêves contre le reste du monde.
Ma vie n'est rien qu'un immense malentendu.
Sinon, tout se passe bien.
Alors, s'enflamme le berger en moulinant des bras, tandis que sa femme protège les verres et les tasses, tracez des zones, des périmètres et des frontières autant que vous voulez, partagez-vous les océans et les banquises, le ciel et les étoiles, les montagnes et les rivières, décidez à qui appartient chaque caillou, chaque noyau d'olive et chaque pétale d'ancolie si cela vous amuse, vous donne de l'importance, offre un sens à votre vie... amis vous ne changerez rien à cette seule vérité. La terre nous est confiée. Et aucune loi des hommes ne me fera jamais renoncer à mon devoir de la rendre dans l'état où je l'ai trouvée.
Ne pas se retourner, pensa Clotilde. Avancer. Se forcer à aimer la vie ; se forcer à aimer sa vie. (…) Raisonner comme dans les magazines, comme les copines, comme les vendeurs de bonheur en dix leçons. Le bonheur, c'est simple, il suffit d'y croire ! Les vacances servent à ça, le ciel sans nuages, la mer, le soleil. A y croire. A faire le plein d'illusions pour le reste de l'année.
Ils cherchent à mieux respirer ailleurs, d’autres odeurs, mais au bout du compte, seuls restent les parfums de l’enfance.
Les secrets d’un groupe d’ados sont plus difficiles encore à percer que ceux d’un village corse frappé d’omerta.