Citations sur Mourir sur Seine (61)
- Vous ne pouviez pas savoir, Maline ! Personne ne pouvait deviner ! Vous n'êtes pas responsable de la fatalité. C'est cela, Maline, la véritable arrogance, se sentir responsable de la fatalité.
p265
Un fait historique qui s'est développé à partir du XVIIe siècle. Tu sais qui étaient les pirates ? [...]
Il ne faut pas les confondre avec les corsaires. Les corsaires étaient aux service des monarques, des fonctionnaires, des militaires, ils recevaient la lettre de marque du roi. Les pirates n'avaient rien à voir ! Ils étaient des types qui avaient fui toutes les hierarchies, militaires, religieuses, sociales, et qui ont essayé pendant plus d'un siècle de construire une autre forme d'organisation basée sur l'égalité des membres. Les premières démocraties ! Même le capitaine était élu. S'il trahissait la chasse-partie, il était renversé...Les pirates ont inventé une nouvelle utopie ! Une utopie égalitaire. Ce ne sont pas leurs sabres qui ont fait trembler les royaumes, ce sont leurs valeurs. C'est pour cela que les monarchies, les empires, les républiques se sont unis pour les détruire. C'est pour celà qu'on a appris aux enfants les jambes de bois, les têtes balafrées et les tonneaux de rhum. Pour ridiculiser l'utopie. Pour tourner en dérision la subversion ! Le problème, c'est que ce genre d'utopie ne meurt jamais complètement. Jette un coup d'œil sur le net, tu verras le nombre de sites consacrés aux pirates....les vrais. Les anarchistes. Ceux qui veulent faire sauter le système !
p140
Ovide Stepanu ne se vexait jamais. Il avait parfaitement intégré le fameux syndrome de Cassandre, le syndrome de celui qui connaît la vérité mais qui est condamné à ce que personne ne le croie. En mettant en garde le commissaire, il avait fait son devoir.
P277
Ils sortirent et firent quelques pas vers la statue. Elle représentait Victor Hugo, perdu dans sa détresse, la main soutenant une tête trop lourde, tourné vers l'immense méandre de Caudebec.
Sur le socle de la statue, on lisait distinctement, gravé dans la pierre :
"Il faut bien que l'herbe pousse et que meurent les enfants. Je le sais oh mon Dieu. A Villequier. Le 4 Septembre 1843."
p196
Mais il faut maintenant que je vous parle d'un autre personnage. Je suis certain que vous n'en avez jamais entendu parler. Il s'appelle Jean Fleury. C'était un marin normand, il habitait ce petit village en face de nous, Vatteville-la-Rue. Il était même ce que l'on pourrait appeler un pirate. Il sillonnait la mer depuis 1521, à bord de son fabuleux navire, la Salamandre. Au large des Açores, il repéra les trois caravelles de Cortès. Avec une incroyable audace, à la barbe de toutes les escortes espagnoles, il fondit comme un faucon sur les trois caravelles espagnoles, lança l'abordage, se rendit maître des navires et déroba l'ensemble de la cargaison. Le plus fabuleux butin de tous les temps ! Vous vous rendez compte, les enfants ? [...]
Jean Fleury versa une partie de son butin à son armateur, le Dieppois Jehan Ango. Grâce à l'audace de son plus grand lieutenant , Jehan Ango devint l'homme le plus riche, le plus puissant de France...Mais cela, c'est une autre histoire...Jean Fleury avait aussi volé à Cortès toutes ses cartes marines, tous les plans des expéditions des Indes occidentales. Pendant des années, Jean Fleury nargua la flotte espagnole. Insaisissable...On parle de plus de trois cents abordages. Sa tête fut mise à prix sur toutes les mers du monde. L'empereur Charles Quint était furieux. Selon la tradition, il devait recevoir le cinquième du trésor aztèque que Cortès ramenais du Mexique. La part du roi ! Jean Fleury lui avait tout raflé sous le nez....[...]
Les pirates finissent toujours par se faire prendre. Cinq ans plus tard, il tomba dans une embuscade au large du cap Finisterre, en Galice, dans le haut de l'Espagne. Jehan Ango proposa à Charles Quint une rançon phénoménale pour racheter la liberté de son capitaine, mais l'empereur ne céda pas. Son honneur et son autorité étaient en jeu. Jean Fleury fut pendu à Cadix en 1527.
[...]
Je ne vous ai raconté que la stricte vérité !
p170
Après l'examen des autres tombes, Maline se rapprocha de celle toute proche d'Auguste Vacquerie, l'ami de Victor Hugo, le propriétaire des lieux. Une longue épitaphe était gravée sur la stèle. Auguste Vacquerie expliquait qu'il avait souhaité être enterré près de sa mère, car du temps où sa mère était vivante, elle avait toujours dormi dans une chambre à coté de la sienne. Soudain, Maline sentit l'adrénaline monter en elle. Elle dut se retenir à la grille de fer de la tombe devant elle.
Auguste Vacquerie terminait son épitaphe par ses mots :
"Ainsi mourir pour moi n'aura rien de troublant. Et ce sera reprendre une habitude ancienne".
p201
plaque de marbre gravée sur le marégraphe. [...]
"Ici, en Seine devant Bapaume, du 24 au 31 juillet 1800, Robert Fulton procéda à la première expérience de navigation sous-marine sur un navire insubmersible, le Nautilus, construit à Rouen sur ses plans".
p303
- N'oublie pas les Vikings ma chérie ! Les Vikings ont foutu un joyeux bordel dans toute la chrétienté, pendant des siècles, à en faire trembler le pape, l'empereur et tous les rois....Comme à l'époque, les pirates vikings étaient puissants et qu'on ne pouvait pas les massacrer aussi simplement, on s'y est pris autrement, on les a achetés, on les a corrompus. On a mis une couronne sur la tête d'un Viking plus ambitieux que les autres et on a échangé l'utopie contre une terre verte avec un grand fleuve au milieu...la Normandie.
- Rollon, le premier duc de Normandie ?
p153
Il est le gardien de ce secret, mais il cherche également à le percer. Il le protège mais il le convoite en même temps. En quelque sorte, il souhaite le garder pour lui seul. Je vais faire une métaphore. On est un peu dans le cas d'un soupirant timide, qui désire une femme sans oser la toucher, mais qui néanmoins cultive un sentiment de jalousie obsessionnel envers tous les autres soupirants.
p324
Pour votre culture générale, sachez tout de même que "Maline" est un prénom inventé par Arthur Rimbaud. Il décrit "Maline" dans un joli poème comme une charmante jeune fille qui possède "Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc", et qui fait "de sa lèvre enfantine, une moue". Vous ne trouvez pas que cela me va bien ?
p195