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Citations sur Panique à la Scala (16)

En vérité, la panique fut au début très supérieure aux véritables dégâts. Il a été établi que, pendant tout le premier mois, sur un parc de 200 000 automobiles dans notre province, seulement 5 000 avaient succombé. Ensuite, un répit sembla s'établir. Ce qui fut d'ailleurs dommageable dans la mesure où, l'illusion que le fléau s'était pratiquement éteint y aidant, une foule de voitures furent remises en circulation, multipliant ainsi les risques de contagion.
Et l'épidémie reprit avec d'autant plus de vigueur. ("La peste automobilistique")
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Je voudrais me promener avec toi, par un jour de printemps, sous un ciel un peu gris, avec quelques feuilles mortes restant encore de l'année précédente et tourbillonnant dans le vent, par les rues d'un faubourg de la ville, et que ce soit un dimanche. Dans ces banlieues jaillissent souvent des pensées mélancoliques et grandioses ; et à certaines heures flotte une sorte de poésie qui fait vibrer ensemble les cœurs de ceux qui se désirent. En outre, naissent d'indicibles espérances, encouragées par les horizons infinis qu'on découvre au-delà des maisons, par les trains qui s'enfuient et les nuages qui accourent du Grand Nord. Nous nous entrelacerions simplement les mains et irions d'un pas léger, tenant des discours insensés, stupides et chaleureux. Jusqu'à ce que s'allument les réverbères et que des immeubles délabrés suintent les histoires sinistres de la ville, les aventures, les romances si longtemps attendues. Alors nous demeurerions silencieux, nous tenant toujours par la main, car les âmes n'ont pas besoin de mots pour se comprendre. ("Requêtes superflues")
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Mais les villes ne haïssent rien tant que la verdure, les plantes, l'exhalaison des arbres et des fleurs. Aussi, avec un sauvage acharnement, des tombereaux de plâtras, d'immondices, de dégoûtants déchets, de résidus organiques fétides, avaient été déversés là. Et ce qui avait tenté de redevenir la campagne s'était rapidement transformé en un amas chaotique et jaunâtre de fumier, où les plantes et les herbes s'essayaient encore à lutter, érigeant désespérément leurs tiges par-dessus ce rebut, vers le soleil et vers la vie. ("Le tyran malade")
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"Le Massacre" fut un grand succès, même s'il demeure fort douteux que, dans toute la Scala, il se soit trouvé une seule personne à qui cette musique ait réellement et sincèrement plu. Mais, d'une façon générale, ce fut le désir de se montrer à la hauteur de la situation qui l'emporta, de se prouver qu'on faisait partie de l'avant-garde. Une sorte de rivalité tacite entraîna tous les spectateurs à se surpasser dans ce domaine. Il faut reconnaître que, lorsqu'on sait se mettre à l'écoute de telle ou telle musique pour y dénicher tout ce qu'elle peut receler de beauté cachée, d'ingénieuse invention, de mystérieux tréfonds, l'autosuggestion aidant, il est bien rare qu'on ne les y trouve pas. En outre : depuis quand les oeuvres contemporaines apportaient-elles de l'agrément ? On ne pouvait ignorer que les chefs de file de la musique moderne se refusaient à la moindre concession à ce propos. Attendre un quelconque divertissement de leur part eût été d'une impardonnable étourderie. Ceux qui voulaient se divertir n'avaient-ils pas à leur disposition les bastringues, les variétés, les lunapark des faubourgs ?
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La ville est faite de ciment et d’acier, couverte d’épieux qui se dressent pour dire : « Interdit ! pas ici ! pas ici ! » Il nous faut être, nous aussi, d’acier pour y vivre, et n’avoir au plus profond de nous aucun organe trop chaleureux, trop tendre, mais tout au contraire des blocs de béton, une pierre bien rugueuse pesant son kilogramme bon poids à la place de ce que l’on nomme le cœur, ce ridicule instrument démodé.
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Ce n’est plus de l’angoisse que je ressens, contrairement à ce qui s’était passé près de la lagune de Port-Saïd, mais plutôt comme une grande faiblesse, un sentiment inattendu d’infériorité.
Je l’ai donc revu aujourd’hui, pendant que j’arpentais le labyrinthe de la ville indigène. Je me promenais déjà depuis une demi-heure dans le dédale de venelles, toutes semblables et diverses à la fois, baignées de cette somptueuse et subtile lumière qui vient parfois après l’orage. Je m’amusais à jeter un coup d’œil par-ci par-là au travers des rares percées ouvrant sur d’invraisemblables courettes cernées de toutes parts comme de minuscules forteresses par des murs faits de bourbe rouge et de pierraille. Les ruelles étaient le plus souvent désertes et les maisons – en admettant qu’il faille les nommer ainsi – silencieuses, au point qu’il me venait par bouffées l’idée que j’errais dans une ville morte, dépeuplée par la peste, et où n’existait plus aucune issue de secours : la nuit viendrait me cueillir épuisé, cherchant toujours en vain à me libérer.
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On n’a jamais vu une révolution éclater au beau milieu de la nuit… Les maisons verrouillées, les rues désertes… mais, pour les forces publiques, ce serait du gâteau ! 
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Personne, rien, aucune bête, aucun esprit, aucun démon n’était accouru pour riposter à ce massacre. C’était l’homme qui venait d’effacer du monde ce résidu de la préhistoire, l’homme avisé et tout-puissant qui sait édicter des lois établissant l’ordre en tous lieux, l’homme irréprochable qui travaille sans cesse pour le progrès et ne peut en aucune façon admettre que survivent des dragons, même au plus reculé des montagnes. L’assassin, c’était l’homme. Aussi eût-il été vain de récriminer.
Ce que l’homme venait de commettre était juste, en parfaite conformité avec les lois. Il semblait pourtant aberrant que personne n’ait répondu à l’ultime appel du dragon…
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Les précautions inutiles

C'est fait ! Cela a été moins terrible qu'elle ne le craignait ; et cela a duré moins longtemps. Quatre mois à peine ont passé, et la voici totalement libérée. Un peu plus maigre, un peu plus pâle, plus immatérielle, mais si légère justement, avec cette douce langueur de la convalescence qui contient déjà les prémices d'hésitantes nouvelles illusions. Oh, elle a été courageuse, elle a été héroïque même, elle a su se montrer impitoyable envers elle-même, elle s'est acharnée à repousser toutes les séductions du souvenir, auxquelles il aurait été pourtant si doux de s'abandonner.
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Chacun se comporte comme il l’estime préférable… Tu ne peux t’imaginer l’ambiance terriblement mêlée qui va y régner cette année.
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