Avant toute chose je tiens à remercier les éditions Denoël pour leur confiance.
Pourquoi, une jeune fille de bonne famille, et qui plus est, érudite, choisit-elle de son plein gré la réclusion, à vie ?
Comment peut-elle préférer l'obscurité, le froid et l'humidité, l'inconfort d'une paillasse avec deux fines couvertures rêches, au confort d'une chambre, avec un lit douillet à la couverture chaude, et satinée ?
C'est pourtant ce que préférera Sara, fille d'un marchand de tissus. Elle a toujours su qu'elle consacrerait sa vie à Dieu, mais le chagrin qui a suivi la perte de sa soeur, morte en couche, lui a fait prendre la plus terrible des décisions. Devenir une recluse, et non pas une simple religieuse.
Les recluses étaient-elles les agoraphobes du Moyen Age ? J'en doute, car ces derniers n'ont pas pour vocation de faire partie de la famille Addams, et si
la foule et les grands espaces, sont de vrais calvaires, je ne pense pas qu'ils renonceraient à leur confort et à la luminosité.
Si Sarah se considère comme un zombie, les villageois et le clergé ne la voie pas de la même manière, bien au contraire, pour les premiers, c'est une sainte, pour les seconds, un porte-bonheur. (drôle d'époque !)
Si la couverture de ce livre m'attirait (beaucoup), le synopsis m'intriguait, je me suis demandée si je n'avais pas fait un mauvais choix, allais-je supporter presque 400 pages de bondieuseries ?
Croyez-moi, on ferait mieux parfois de laisser nos préjugés au vestiaire, car non seulement le côté religieux est abordé avec parcimonie, avec juste ce qu'il faut pour comprendre les situations ou les choix. Voir les idées reçues. Mais en plus, l'univers abordé est vraiment fascinant, flippant certes, mais fascinant.
J'entends souvent dire que Marion Cotillard a été possédée par
Edith Piaf lors de son interprétation de la Môme, eh bien là, je ne sais pas quelles recluses a possédé
Robyn Cadwallader, mais je peux vous jurer qu'à un moment, l'auteure a réussit le tour de force de me faire oublier qu'il ne s'agissait pas d'un témoignage, mais bel et bien d'un roman, tiré sur des faits historiques. On sent non seulement le travail de recherche, de l'auteure, mais également le cheminement dont elle a dû s'imprégner pour nous offrir une héroïne plus vraie que nature.
Tout comme Sarah a choisit la réclusion pour fuir son corps et oublier les souvenirs douloureux, qui finalement n'ont de cesse de la hanter.
Une autre idée du silence, est un cri, celui de la voix de toutes ces recluses incarnées par Sarah, dont les mots vous hanteront bien après avoir reposé le livre. Une histoire intemporelle, criante de vérité et d'actualité.
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