« -Ma réputation ? Répéta-t-elle, hilare tout à coup. Franchement Henry, si c’est tout ce qui t’inquiète alors rassure-toi, je me moque bien de ce que l’on peut penser de moi.
Il sembla s’étonner de la réaction de sa jeune protégée puis haussa les sourcils et marmonna circonspects :
- On ne se soucie donc plus de rien au XXIé siècle…»
— Il n'y a rien à expliquer, annonça-t-il froidement. Tu sais pertinemment ce que je suis et de quelle façon je parviens à subsister. Tu es revenue malgré cela, plus poussée par la curiosité que retenue par l'effroi que je t'inspire. Tu penses pouvoir retisser les liens qui avaient jadis faits de nous des amis ? Pourquoi pas ? A cela je n'y vois pas d'inconvénients. Toutefois il serait bien mal avisé de venir me demander des comptes. Les choses sont ainsi et tu n'en auras aucun, n'insiste pas.
- Tu es allé voir le propriétaire du château hier soir ? Pour quoi faire ?
- En fait, c'est assez amusant, j'ai découvert par hasard que c'est lui qui m'a sauvée à Paris, lorsque j'ai sauté du pont. Est-ce que ce n'est pas cocasse de le retrouver ici, juste côté de chez nous ? Sachant cela, j'ai voulu aller moi-même le remercier. Ce qui est, je crois, plutôt normal, non ? Etais-tu au courant qu'il vivait aussi à Rougemont ?
- Non, pas du tout.
Au bout du fil, monsieur Williamson resta quelques instants silencieux, probablement surpris par l'étonnante coïncidence.
- Hum, eh bien, si tu veux mon avis, reprit-il dune voix trahissant sa méfiance, je trouve ce hasard vraiment curieux. Cet homme m'a paru assez bizarre lorsque je l'ai rencontré à l'hôpital. Ses explications sur ce qui c'est réellement passé ce jour-là étaient plus que succinctes, et à aucun moment il n'a demandé comment tu allais. Il semblait même assez peu concerné par tout ça et s'est presque enfui après t'avoir amenée aux urgences, j'ai à peine pu lui exprimer ma gratitude. Et puis, Maurice n'a pas l'air de beaucoup l'apprécier, tout comme la majeure partie du village si j'ai bien compris. Tu l'a remercié, moi aussi, pas besoin d'insister. Maintenant, soi gentille et tiens-toi à distance de cet homme, d'accord ?
La colère... La haine... La fureur... L'envie de tuer... L'irrésistible et infernal désir de massacrer littéralement cet être malfaisant... Elle sentit son coeur se serrer dans sa poitrine, ses battements ralentirent jusqu'à presque s'arrêter, et une vague noire, emplie de ténèbres et d'horreur monta en elle. Cette vague, elle le savait corrompait à jamais une partie de son âme. Mais il le fallait... Henri...
-Non ! s'exclama-t-elle, la voix chevrotante. Reste... S'il te plait... Je ne veux plus voir ces horribles images... Plus jamais..
" Le temps n'est rien , il est des histoires qui traversent les siècles."
– J’ai changé d’avis… […]
– Encore ?
– Oui, encore.
Personne… Seule…Ces mots raisonnaient dans sa tête comme une litanie imposée malgré elle à son esprit. ou qu’elle se tournât, ou qu’elle regardât, le tableau était noir, saturé, sans salut, sans futur…
Elle essaya de l'appeler, souhaitant enfin rompre le silence ridicule qui les avait séparés durant ci longtemps.
- Je suis navré....Il a raison....Je n'arriverais jamais à tenir ma promesse....Mais toi, tu peux te défendre....Tu n'es pas obligée de te soumettre....Ni à lui, ni à personne d'autre....Tu es plus forte....Rappelle-toi....