Rosaura arrive dans le royaume de Pologne vêtue comme un homme. Soudain, elle et son compagnon de route aperçoivent une tour dont s'échappe la plainte du malheureux Sigismundo, qui bien que né noble a été privé de ce dont tout être vivant est 'riche' sans le savoir, et qui est aujourd'hui considéré comme un droit inaliénable : sa liberté.
Malheureusement pour ces deux personnages, ils sont surpris par Clotaldo qui les livre au Roi, car la présence de Sigismundo ne doit être connue que de ces gardiens. Mais l'épée que porte Rosaura l'intrigue....
L'intrigue se déroule sur trois jours. Les thèmes abordés par Calderon sont très classiques pour un texte de la Renaissance : l'opposition entre pouvoir royal et pouvoir divin, le destin (avec le motif des étoiles) et la valorisation de vertus comme le contrôle de ses passions, la prudence, la sagesse, la mesure et la tempérance.
Le tout avec une alternance de motifs bibliques (la tour par exemple) et antiques (la force du destin aveugle). le destin, celui qui nous inquiète et contre lequel nous cherchons à lutter en vain - oui,
Shakespeare et les dramaturges antiques l'ont dit bien avant, et la chanson des années 50 a piqué l'idée aussi avec "Que sera sera".
Rien de bien original lorsqu'on connaît l'oeuvre de
Shakespeare, bien que les pièces du Barde aient été rédigées un siècle plus tôt.
Ceci dit, il faut reconnaître que le destin de ce pauvre prince est un précurseur du masque de fer !
Ce qui m'a frappé en lisant cette pièce (en VO) c'est que lire l'espagnol de cette période est plus "abordable" que de lire
Shakespeare dans le texte (quoi que, une fois qu'on a les clés, bref, autre débat!).
Toutefois, je mettrais un petit bémol sur la construction et le découpage de ces journées (qui ne sont ni plus ni moins que des actes) qui ne sont pas coupées en scènes, et qui couplées avec les tirades parfois très longues de certains personnages amènent parfois un peu d'ennui dans la lecture.
Malgré cela, ce fut une lecture agréable, qui invite tout un chacun à ne pas se laisser au fatalisme et à voir ses malheurs comme une partie de la vie , et attire notre attention sur la durée très éphémère de nos vies humaines... donc profitons-en ! et ne nous encombrons pas de ce qui nous rend malheureux.
Propos très modernes pour une pièce classique - voilà pourquoi les classiques sont éternels !