- Ferme les yeux, ce sera moins difficile.
- Et toi, ferme ta bouche, ce sera plus facile.
Je ne trouvais pas le courage de déboucher la poche de sang toujours dans ma main.
Le désespoir m’embruma l’esprit. Je n’arrivais pas à croire ce qui se passait. Toutes ces nouvelles terribles à la télévision, ces disparitions, ces meurtres me revinrent en mémoire. On s’imagine intouchable, hors de danger, on vit comme si demain ne pouvait qu’exister. Grossière erreur.
En toute honnêteté, je m’attendais à un goût métallique et amer. Je me trompais sur toute la ligne. Je n’avais jamais consommé une boisson aussi délicieuse. C’était un mélange exquis de sucre, de fruits et… d’autre chose. Le même breuvage que m’avait fait boire Aaron à l’imprimerie.
— Félicitations, tu es officiellement un vampire.
— Félicitations, tu es toujours un gros con, rétorquai-je. Sors de ma cuisine. Encore mieux, sors de mon appartement.
— Bon, je vais me taire, je crois. Regarde dans le sac, il y a des poches de sang à mettre au frigo. Bois-en une tout de suite. Au fait, j’ai cassé ta tasse Winnie l’Ourson, excuse-moi, je t’en achèterai une autre.
— Bordel de merde !
— Tu devrais soigner ton langage. Ce n’est qu’une tasse. À moins que tu ne parles de ta condition de vampire ? Si c’est ça, ouais, ça craint.
Scar tira un katana d’un fourreau coincé entre ses omoplates. — On va se marrer. Tu es prête, Elana ?
Moi ?
Non.
Mon vampire ?
Oui.
- Bonsoir, trésor. Quelle agréable surprise de te retrouver ici... Tu n'avais pas envie de rester morte, on dirait.
Jamais je n'aurais pu oublier cette voix.