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Citations sur Les grandes largeurs (10)

p.98/Des souvenirs personnels, en poudre, en grains, des fragments d'histoire de France, des fraises des bois...Voilà ce que l'on récolte en flânant à l'aventure dans Paris. En outre, si l'on fait attention vraiment, on perçoit à chaque pas la pulsation d'un grand coeur, sous sa semelle.
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Il ne fait pas bon revenir là où l'on a ramassé des mégots, là où l'on a mendigoté, plus ou moins consciemment, à deux ans. J'ai le sentiment de ne pas être en règle ; qu'il me manque un visa ; je m'attends confusément à ce qu'une dame me glisse une pièce de vingt francs dans la main...
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Pour la première fois de ma vie, j'étais victime d'une mauvaise fatalité, d'une méchanceté incompréhensible. Avant ce jour-là, j'ignorais qu'il y eût des bourreaux à titre gracieux.
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Donc, je me trouvais à Neuilly, ces jours-ci, dans la partie la plus aristocratique de Neuilly, en bordure du Bois...
Les passants, peu nombreux, étaient tous bien habillés. Ils parlaient sans élever la voix, en une langue qui m'a paru être le français, légèrement différent du nôtre cependant, dépourvu du moindre accent. En tout cas, leurs pensées étaient d'une très bonne qualité - c'était visible. Mais pourquoi l'expression de leurs visages était-elle si sérieuse, et même un peu tendue ? C'est bizarre. Ils m'ont donné l'impression d'une classe opprimée.
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L'autre soir, j'ai vu par là un homme qui remontait l'avenue de la Grande Armée, au beau milieu de la chaussée, à contre-courant des voitures, en braillant d'anciens airs qui, je ne sais pourquoi, m'ont paru bretons. Moi, je chantonne plutôt. Au lieu que lui, il hurlait en faisant des gestes désordonnés des bras. Mais, il ne semblait pas gai non plus. On eût pu craindre que ce ne fût la tête d'un cortège, ou le signe avant-coureur d'une révolution populaire, alors que le type avait seulement organisé une manifestation à lui tout seul. À moins qu'il ne commémorât ainsi un anniversaire personnel. Les gens se montraient inquiets. On n'est pas accoutumé à rencontrer un être libre, dans ces parages surtout. Il se dirigeait droit sur l'Arc de triomphe. Qu'allait-il y faire ? D'où venait-il ? D'une banlieue ouvrière, sans doute. L'avenue lui appartenait en entier. Les autos stoppaient net devant lui qui ne les voyait même pas. C'était un homme de taille moyenne ; il avait une démarche très mâle sous sa petite casquette ronde. Sa voix dominait tous les autres bruits, mais je ne parvenais pas à reconnaitre sa chanson. Peut-être improvisait-il. Lorsqu'il entrait dans le rayon d'un phare, il était tout nimbé, momentanément.
J'aurais bien voulu me joindre à lui, le suivre, en tâchant de m'adapter au rythme de sa mélopée sauvage. À deux, nous eussions sans doute entrainé quelques voyous. On n'a pas fréquemment l'occasion de se prouver que l'on existe. Et puis, nous aurions terminé cette belle soirée au poste, l'un près de l'autre, en gueulant le plus fort possible. C'eût été merveilleux, mais je n'ai pas osé le faire, car je suis policé.
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Des souvenirs personnels, en poudre, en grains, des fragments d'histoire de France, des fraises des bois... Voilà ce que l'on récolte en flânant à l'aventure dans Paris. En outre, si l'on fait attention vraiment, on perçoit à chaque pas la pulsation d'un grand cœur, sous la semelle.
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Il y a un enfer, même pour les enfants élevés dans des principes laïques et anticléricaux.p.39
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C'est à ce moment que j'ai dû me classer définitivement parmi ceux que l'on spolie, que l'on écrase sans qu'ils trouvent grand'chose à y redire. J'ai dû comprendre, à cette minute, que l'on n'était pas ici pour s'amuser, que la vie est dure et que l'on s'y cogne. Ce gamin m'avait, inconsciemment, mis à ma vraie place. C'est depuis lors que j'ai des airs de transfuge dans ces parties occidentales de Paris.
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Les mégots de l’Athénée lui sont fournis de façon tout aussi régulière par Louise, qui est femme de ménage dans ce théâtre. Elle est, pour ainsi dire, à la source. Je suis persuadé que l’opération du triage procure déjà à mon père une vive satisfaction : bouts de cigare d’un côté, tabacs orientaux de l’autre… Les bouts de cigare, il les coupe très finement au moyen d’une lame de rasoir. Il en est arrivé à pouvoir différencier, presque à coup sûr, les mégots des soirs de générale de ceux des soirées ordinaires, à leur seule qualité. Lorsque le sac contient beaucoup de cigarettes à demi consumées seulement et marquées de rouge à lèvres, il dit à Louise :
– Tiens, vous avez eu une première cette semaine !
Il est rare qu’il se trompe dans ses déductions. »
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Il est bon que le fleuve (la Seine) forme une ligne-frontière naturelle entre deux populations aussi différentes l'une de l'autre.
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