On se construit sur soi-même, nous sommes nos propres chantiers, nos tracteurs et nos grues. Nous sommes le plan et le matériau. Nous n'avons pas le choix : nous sommes contremaître et ouvrier. Victimes de nos contraintes.
Dieu est un résumé, une synthèse, mais moi, je cherche le cas particulier, le moment précis où ce que je suis ne peut être exprimé que par moi-même, et pour le communiquer, je dois hurler.
Nos civilisations documentées n'ont jamais laissé la place à l'imagination ou alors, référencée comme croyance, domestiquée, l'imagination est devenue une valeur abstraite de plus, un bien de consommation que l'on désire, mais dont on sait que jamais, jamais, il ne changera le monde.
L'eau continuera à refaire le même monde, encore et encore, et les nuages continueront à s'écarter les uns des autres, tirés par le vent, comme les plaques tectoniques sont tirées par d'autres forces.
Moi qui suis dévasté par l'état du monde, par la condition de nos démocraties occidentales, par la pression progressive des moyens de contrôles, par la biopolice et l'arrogance des riches, par la consommation galopante de notre imaginaire, sa colonisation par les forces sombres de la publicité, par le cynisme répandu comme confiture, par la tristesse du béton, moi qui suis là, dans cette vie, affalé sur le toit du monde, à attendre que quelque chose se passe, juste quelque chose...
...-on se choisit la vie qu'on veut, personne ne peut vous l'imposer, en tout cas pas dans mon siècle-...