La Révélation (oui, exactement, celle avec le R majuscule), Montalbano l'eut vers une heure du matin chez lui, à Marinella, alors qu' en slip et en proie à l'insomnie, il s'adonnait à contre_cœur au zapping télé. Il était, inexplicablement, fasciné par certaines émissions qu'une pirsonne dotée de bon sens aurait soigneusement évitées :
Vous savez, dottore, quel'eau chez nous, ils la donnent quand ça vient...
_Ne m'en parlez pas, dit Montalbano qui plusieurs fois était resté à blasphémer sous la douche sans un filet d'eau, blanc de savon.
Pour choisir le livre avec lequel il allait passer la nuit et partager son lit et ses dernières pensées, il était bien capable d'y perdre une heure. D'abord, il y avait le choix du genre, le mieux adapté à l'humeur de la soirée. Un essai historique sur les événements du siècle ? Allons-y doucement : avec tous ces révisionnistes à la mode, tu pouvais tomber sur un type qui venait te raconter qu'en réalité Hitler avait été payé par les juifs pour qu'ils deviennent les victimes que le monde entier plaindrait. Alors tu te prenais les nerfs et tu ne fermais plus l'oeil. Un polar ? Oui, mais de quel type ? Peut être qu'un anglais pour l'occasion était indiqué, un de ces romans écrits de préférence par une femme, tout en entrelacs d'états d'âme mais où tu en a déjà marre au bout de trois pages.
La nuit était vraiment dégueulasse, des rafales de vent enragées alternaient avec de rapides averses d'eau si malintentionnées qu'elles semblaient vouloir s'infiltrer sous les toits. Montalbano était rentré chez lui depuis un petit moment, fatigué : la besogne de la journée avait été dure et surtout pénible pour la tête. Il ouvrit la porte fenêtre qui donnait sur la véranda : la mer s'était mangé la plage et touchait presque la maison.
Pippo Ragonese, commentateur politique de Televigàta,
était doté de deux choses : une face de cul de poule et une
imagination tordue qui le portait à inventer des complots.
Montalbano prit une longue inspiration, comme quelqu’un
qui va plonger en apnée.
— Demain je pars.
Sur le moment, Livia, prise en traître, continua à sourire.
Allons y doucement : avec tous ces révisionnismes à la mode, tu pouvais tomber sur un type qui venait te raconter qu’en réalité Hitler avait été payé par les juifs pour qu’ils
deviennent des victimes que le monde entier plaindrai