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Critique de Denis_76


Ce fut une lutte intellectuelle pour le comprendre : mais où veut-il en venir ?
Camus est un homme qui interroge. Avant lui, je ne connaissais pas l'importance de "l'absurde". Là, comme Sisyphe, comme les existentialistes, il se révolte contre la mort, contre les dieux. Pourquoi nous donner une vie pleine de passions, si nous devons mourir après ? Alors autant qu'elle soit la plus longue possible.
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Il est en colère. Et je ne comprends cette révolte qu'au milieu du livre. Furieux comme avec Faulkner ou Nietzsche, je lui donne une étoile. Puis, au bout de cent pages, mon incompréhension cesse, le déclic se fait, je me fais une opinion, pas forcément vraie, et je lui donne quatre étoiles. Je comprends que ce livre est un coup de gueule. Camus, comme Nietzsche, Kierkegaard, Sartre, etc... est révolté. Il se sent piégé. Pourquoi donner de la vie, de la passion, de l'intelligence, pour mourir après, puisque comme dit Nietzsche, "Dieu est mort" ? Alors, dit-il, on connait l'alternative de cette métaphysique : soit il n'y a pas de dieu, nous sommes seuls, mais libres, soit dieu est là, mais alors, ce n'est pas le dieu d'amour des "philosophes mystiques", comme il les appelle, mais un ingrat qui comme pour Sisyphe, nous soumet en esclavage, et nous rend "prolétaire des dieux". Que choisit-il ? Il ne le dit pas. Il martèle l'absurdité de la situation : l'homme, l'artiste, le conquérant heureux inconscient devient l'homme absurde quand il prend la mesure du piège. Camus est en pleine "crise existentielle", et quand j'ai lu "La chute", je suis passé à côté de ça.
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Reprenons, en tenant compte qu'en 1942, quand ce livre sort, un de ses premiers, Hitler a provoqué "L'hiver du monde".
Je trouve que "Le mythe de Sisyphe" est une oeuvre brute de décoffrage, une belle analyse, un coup de gueule de la jeunesse, mais il manque la patine de l'expérience. Celle de Kafka, par exemple, un des maîtres du roman existentialiste, de "l'oeuvre absurde" ...
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... dont il écrit merveilleusement, pour "La métamorphose" :
" Cette complicité secrète, au tragique, unit le logique et le quotidien. Voilà pourquoi Samsa, le héros de la métamorphose, est un voyageur de commerce... La seule chose qui l'ennuie dans cette singulière aventure qui fait de lui une vermine, c'est que son patron sera mécontent de son absence. Des pattes et des antennes lui poussent, son échine s'arque, des points blancs parsèment son ventre et cela lui cause "un léger ennui". Tout l'art de Kafka est dans cette nuance."
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"Le Mythe" est une oeuvre qui m'a bien interrogé sur la place que donne Albert Camus à la religion. Il ne faut pas confondre Dieu et la liturgie. Celle-ci n'est qu'une construction humaine, artificielle : les supporters ne sont pas les joueurs. Cette question est posée depuis "Le siècle des Lumières". Voltaire a enfin séparé Dieu de la liturgie.
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Quant à la promesse "d'âme éternelle", la question reste en suspens depuis Kierkegaard et Nietzsche. Pour Camus, sont-ce les limbes, comme pour Sisyphe, qui attendent "l'âme" après la mort ?
Je pense, mais ce n'est que mon humble avis, qu'après avoir été rapidement passé en jugement dernier en 1960, il se sent bien là-haut, et fait des clins d'oeil à certains Terriens : )

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