Citations sur On the road with you (22)
– Eh oui, ajoute-t-il confirmant mes pires craintes. Ce n'était pas Gracie, mon informateur, mais James !
Mon indignation est à son comble. Les mots se bousculent dans ma gorge. Je n’arrive pas à trouver une formulation assez forte pour exprimer ce que je ressens. Alors, muette de rage, j’écoute Matt continuer son discours.
– Mais il a très bien négocié son changement de camp ! J’ai dû lui vendre ma fille en contrepartie ! Il ira loin ce garçon !
– James ! Mon propre fils ! je balbutie retrouvant enfin l’usage de la parole. Oh, le petit…
Il pose un doigt sur mes lèvres.
– Attention à ce que tu vas dire ! Sa mère est très à cheval sur le vocabulaire que l’on utilise à propos de son rejeton.
– Merci, mademoiselle, j’apprécie votre efficacité et votre sérieux. Concernant l’affaire hum… de ma fille, je voudrais savoir où vous en êtes de votre enquête ?
Gracie se tourne vers Tony. Ils échangent un long regard puis se lèvent de concert.
– Ça, monsieur, je vous invite à en parler avec Victoria De Lormey, dit Tony d’une voix calme. C’est elle seule qui gère ce dossier.
Sans rien ajouter, ils quittent mon bureau.
Discuter avec Vic ?
Il veut ma mort, ce type ?!
Elle arque un sourcil, croisant les bras devant elle. Elle semble attendre plus. Je me creuse la cervelle. Lentement, elle lève une main, frottant son pouce contre son index. Merde, le fric ! Un instant, dans un sursaut d’insolence, j’envisage de lui faire la réflexion qu’elle se tape quand même le père de ma copine.
Et la vision de ma pierre tombale avec la date de ma mort inscrite à aujourd’hui s’impose dans mon esprit. Je ravale ma réflexion.
On verra ça plus tard…
– Ah oui ! Et pour l’argent… je te rembourserai bien évidemment !
Toujours muette, elle me présente sa main à plat, puis plie plusieurs fois les doigts. Je comprends tout de suite. Fourrageant dans le sac à dos de Maddy, j’extirpe les liasses de billets et les lui donne immédiatement.
J’approche alors de Matt. Quand il a conscience de ma présence, il cesse de s’égosiller.
– Je vais prendre mon petit déjeuner. Je te conseille d’arrêter de cogner comme un sauvage sur cette pauvre porte et aussi de hurler après ta fille. Je ne la connais pas, mais je doute que cela soit le bon moyen pour la faire sortir. Je pense qu’un peu de café et de recul ne te feraient pas de mal !
Il me regarde abasourdi, les yeux agrandis par la surprise. Je m’éloigne de lui, quand me ravisant, je reviens sur mes pas.
– Oh, dernier point : James pratique le krav maga depuis l’âge de 4 ans. Sois prudent ! j’ajoute en tapotant son torse d’une main légère.
D’un pas décidé, je me dirige vers les escaliers.
Il me faut un café, et vite.
– C’est d’accord ? Dis-le, exige-t-il.
J’arque un sourcil. Ah, oui, il veut la jouer comme ça ? Je me mets à bâiller exagérément.
– Tu es en passe de devenir mon coup le plus long… pas forcément le meilleur, mais je n’ai jamais autant discuté avec un type, allongés sur un matelas.
Il éclate de rire, avant de planter ses yeux dans les miens. Plus de trace de moquerie, mais une faim visible qui ne demande qu’à être assouvie.
– Alors quelle route ont-ils choisie ?
– L’interstate trente-cinq.
Il me regarde furieux.
– Tout à l’heure, je vous ai demandé s’il avait pris l’I35 vous m’avez répondu non ! s’écrie-t-il scandalisé.
Oh, t’es sexy quand t’es en colère, mon chou !
J’affiche mon plus joli sourire.
– Tout à l’heure, vous refusiez mon chien dans votre voiture !
– Victoria, soupire-t-il vaincu, je crois que nous sommes partis sur de mauvaises bases tous les deux.
Profitant que Matthew regagne le côté conducteur, je me penche sur mon chien et lui murmure doucement.
– Écoute, gros père, vaudrait mieux que tu sois calme et sage. Alors les papattes, c’est par terre, tu te couches, tu fais dodo, ça passera plus vite. Si t’es gentil, ce soir, tu dors dans le lit de maman. Et je te laisse la plus grande place, d’accord ?
Jasper se met à haleter comme une locomotive à vapeur et me gratifie d’un coup d’œil qui en langage de chien doit certainement vouloir dire : « T’inquiète, je gère, ça va rouler tout seul ! » Du moins je l’espère vivement.
Il me jette un sale coup d’œil, mais je ne bouge pas d’un cil. J’attends. Inutile de tenter quelques tractations avec lui tant que sa colère ne sera pas retombée. Il n’écoutera rien et je perdrai mon temps. Il comprend ma manœuvre. Je le vois rassembler les morceaux éparpillés de son calme et de son self-control. Je me contente de le fixer de mon air le plus doux et le plus angélique. Marmonnant dans sa barbe, il me tourne le dos et s’appuie des deux mains sur le capot du pick-up.
Bonne idée mon cœur, je n’ai pas eu l’occasion de mater ton petit cul ferme et athlétique, moulé dans ce Wrangler qui te va comme un gant.
Sous le tee-shirt noir ajusté qu’il porte, je vois les muscles de ses épaules rouler. Il cherche à se libérer des tensions accumulées.
Mon lapin, si tu savais ce que je pourrais faire pour dénouer toutes tes petites crispations…
« Hey, sister, go sister, soul sister, flow sister… »
- (...) Et puis, maman, je regrette, mais j’ai suivi tes conseils à la lettre, achève-t-il avec un petit air supérieur.
Ben voyons ! D’ici deux minutes, ça va être moi qui l’aurai incité à coucher avec la femme du voisin ! Manque pas de culot, ce gosse !
– Mes conseils ?! je croasse, indignée. Quels conseils ?
Le sourire retrouvé, James se penche vers moi et énumère en levant un doigt à chaque fois.
– Primo : Non, c’est non. Ce n’est pas oui, ce n’est pas peut-être. Si une fille dit non, n’insiste pas. Meryl, elle, a dit oui tout de suite !
Bon, ça, OK. C’était un bon conseil. Au moins il ne sera pas poursuivi pour viol !
– Deuxio, continue-t-il : toujours, toujours et toujours mettre un préservatif. Avec Meryl, je me suis protégé !
Je le savais ! Je ne suis pas complètement nulle comme mère. Ça aussi c’était un bon conseil !
– Tertio, ne jamais laisser sa partenaire sur le carreau. Avec Meryl, contrat rempli sur toute la ligne, me dit-il un sourire de triomphe plaqué sur sa belle petite gueule d’ange.
– Fils, je lui dis en me penchant à mon tour, si tu permets, je vais en rajouter un quatrième : ne jamais, jamais, jamais se taper la femme du voisin !
Son sourire disparaît d’un coup.
Et paf ! Fallait pas me chercher !