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Critique de glegat


Roger Caratini fait partie de ces hommes en voie de disparition que l'on qualifie de polymathe. C'est-à-dire des personnes possédant des connaissances très approfondies dans plusieurs domaines distincts comme la philosophie, les arts et les sciences. C'est le cas de Roger Caratini agrégé de philosophie, mais également diplômé en littérature, mathématique et possédant par ailleurs des connaissances étendues dans divers domaines scientifiques et en histoire. Il a aussi exercé un temps la profession de psychanalyste avant de se lancer, seulement aidé de sa femme et d'un documentaliste dans la rédaction de l'encyclopédie Bordas publié entre 1967 et 1975 (232 volumes). Je retrouve dans son livre « Initiation à la philosophie » sa rigueur intellectuelle et son goût pour les tableaux de synthèse qui ont fait le succès de ses ouvrages de vulgarisation.

D'après l'auteur ce livre s'adresse à des apprentis philosophes ou à des lecteurs épris de culture générale et non à des spécialistes. Il s'agit d'un ouvrage très sérieux, résultat d'un travail impressionnant qui présente, en un seul volume, un panorama étendu de l'histoire de la philosophie et des grands concepts philosophiques.

Ce livre est un livre d'étude qui nécessite une bonne motivation et du temps, car outre ses 719 pages à digérer il comporte des parties de qualité inégales sur le plan didactique. Il a le mérite de présenter un tableau d'ensemble de la philosophie sans prendre le lecteur pour un demeuré auquel il faut parler comme à un enfant en simplifiant à l'extrême.

L'ouvrage de Roger Caratini est en deux grandes parties, la première consacrée à l'histoire de la philosophie et la deuxième aux thèmes d'études de la philosophie (Logique, épistémologie, ontologie, connaissance, le monde et l'idée de Dieu, la morale, etc.). La partie la plus facile et a plus agréable à lire est celle consacré à l'histoire de la philosophie dans laquelle les principales idées des philosophes et des écoles philosophiques sont expliquées avec juste ce qu'il faut de contexte historique pour bien situer les périodes. J'ai retenu en particulier en lisant cette première partie que pour lire Aristote avec profit et d'une manière générale tous les philosophes de l'antiquité il faudrait faire abstraction de toutes les connaissances que nous possédons sur la science, la nature, la physique et la philosophie contemporaine. En effet, selon l'auteur, ce qu'a écrit Aristote (des milliers de pages sur la physique et sur la métaphysique) aurait pu être écrit par un enfant de 5 ans prodigieusement intelligent et éloquent, mais parfaitement ignorant en science et en biologie. Aristote avait la rude tâche d'expliquer le monde à partir de presque rien.

La deuxième partie rentre dans le vif du sujet et comporte quelques passages difficiles. Par exemple le passage consacré à la logique de la page 379 à la page 487 peut-être simplement survolée pour ceux comme moi qui ne maîtrise pas le langage mathématique. L'auteur, de formation pluridisciplinaire, philo, sciences et math, c'est un peu fait plaisir en allant jusqu'à nous exposer, formules à l'appui, la mécanique relativiste. Toutefois, lorsque les équations et les chiffres disparaissent le texte seul reste compréhensible.

Malgré cela j'ai pu tirer un immense profit de cette lecture qui complète utilement mon exploration du monde de la philosophie.

On trouve à la fin de l'ouvrage une abondante bibliographie avec des conseils de lectures argumentés ainsi qu'un index sur les noms cités et sur les thèmes principaux.

Pour ceux qui préféreraient commencer par des ouvrages plus faciles à aborder, mais tout aussi sérieux, je conseillerais « Sagesses d'hier et d'aujourd'hui » de Luc Ferry et « L'étonnement philosophique » de Jeanne Hersch pour lesquels j'ai aussi rédigé des critiques dans Babelio ainsi que pour « Mythologie et Philosophie » de Luc Ferry.

— « Initiation à la philosophie », Roger Caratini, l'Archipel (2006), 719 pages.
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