On ne renverse pas l’ordre établi d’une simple pichenette, même sanglante. De deux choses l’une : ou bien cet ordre établi est bien vécu au sein du groupe dans lequel il règne, à quelques sursauts près, et rien ne peut le défaire véritablement, ou bien ses contradictions internes y engendrent des inégalités graves, voire de la misère, et cela signifie que cet ordre est pourri.
Tous ces peuples ont assimilé notre culture, notre langue, nos habitudes religieuses, notre manière de vivre ; ce sont des Italiques et nous-mêmes, Romains, sommes des Italiques. Les Corses ne font pas partie de cet ensemble. Leur langue n’a rien de commun avec la nôtre, elle s’apparente davantage à celle des Cantabres d’Espagne ; ils n’ont aucun sens de la propriété, ni de la hiérarchie : chez eux les terres appartiennent à tout le monde, il n’y a pas de riches et de pauvres, pas de villes, pas de dieux. Ils ne révèrent que leurs ancêtres, et ne croient ni aux augures, ni aux présages.
Il n’y a pas de société politique sans solidarité. Dans tous les cas, les nantis – donc les sénateurs, qui sont leur fer de lance – n’auront rien à répliquer : on ne leur prend rien, on ne leur impose aucune taxe nouvelle. Je ne vois pas ce qu’ils pourraient invoquer contre mon projet de loi.
Il y a beau temps que notre République est devenue une fille publique, Crassus, dont la plupart des aristocrates et des chevaliers sont les proxénètes. Moi, je crois en l’État. Un État où le citoyen est soumis aux magistrats, les magistrats au peuple et le peuple à la justice, où l’action politique est la source de la richesse publique et non de l’opulence d’un prévaricateur.
Les riches sénateurs et les chevaliers sont tellement vaniteux, qu’ils seront ravis d’étaler leurs richesses… et le peuple pourra constater ce que deviennent les deniers publics.