Un coup sur la tabatière

Penchée sur lui, Eve s’efforçait de l’aider à se relever. Lui ayant passé la main sur le visage et dans les cheveux, elle la retira vivement. Elle avait touché du sang.
- Tu es blessé ?
- Non. Un peu secoué, c’est tout. Pourtant, je me sens drôle. C’est surtout les épaules. Tu parles d’une dégringolade ! Pourquoi m’as-tu poussé ?
- Tu as du sang sur la figure. Allume une allumette. Ou un briquet.
Il y eu un moment de silence.
- C’est mon nez qui saigne. Je le sens. Curieux… Je ne pensais pas m’être cogné le nez. Il a l’air intact… Un briquet ? Tiens.
Une mince flamme jaillit. Eve lui prit le briquet des mains pendant qu’il cherchait son mouchoir.

- Quel tour m’as-tu joué ? Pourquoi m’as-tu poussé ?
Elle poussa un soupir.
- Es-tu blessé ? Peux-tu te mettre debout ?
- Je ne suis pas blessé. Un peu sonné tout de même. Qu’est-ce qui est arrivé ?
- Chut !
Vacillant, il se mit à quatre pattes. Sa voix semblait normale bien qu’un peu incertaine.
Penchée sur lui, Eve s’efforçait de l’aider à se relever. Lui ayant passé la main sur le visage et dans les cheveux, elle la retira vivement. Elle avait touché du sang.

Elle n’avait eu aucune mauvaise intention mais sa conscience la tourmentait. Elle était convaincue qu’elle devait avoir tué Ned Atwood. Le hall d’entrée était si noir qu’elle trébucha sur son corps. C’était la fin possible du cauchemar, le moment où elle pourrait aussi bien appeler la police pour en finir. Quand le pseudo-cadavre se mit à parler et à bouger, elle aurait pleuré de soulagement.

Un corps humain dégringolant seize marches d’un escalier particulièrement raide et arrivant la tête la première dans un mur, ça doit faire un boucan capable de secouer la maison.
Pourtant, plus tard, Eve ne se rappela avoir entendu que peu de bruit. Ce fut peut-être à cause du choc qu’elle reçut alors, ou parce qu’elle s’attendit à un vacarme énorme. Pour elle, il ne sembla pas y avoir de coupure entre l’instant où Neb tomba et celui où elle se pencha sur lui, haletante, au pied de l’escalier.

Sa solitude ne lui pesait guère, car elle détestait la société