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4,1

sur 3052 notes
Ce roman résume deux de mes plus grandes peurs: la mort d'un enfant et la mort d'un jeune parent laissant de jeunes enfants.
Tout commence par le tsunami au Sri Lanka où Juliette la petite fille d'un couple de français y trouve la mort. Puis retour en France ou la soeur de la compagne d'Emmanuel Carrere récidive d'un cancer qui l'emportera.
S'ensuit aussi une rencontre avec Etienne et avec lui les coulisses de la justice des surendettements.
Toutes les parties de ce livre sont passionnantes.
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Après l'Adversaire que j'avais abandonné j'ai souhaité réitérer l'expérience et lire ce roman que l'on m'avait conseillé. J'ai beaucoup aimé le début même si, déjà, le personnage de l'auteur m'a dérangée. Malheureusement, il n'y a que ça qui a subsisté pendant tout le roman. Un homme égocentrique et narcissique, qui n'a l'air d'aimer sa femme que quand elle est "sexy". En plus de tout ça, un tel égo qui le fait penser mieux savoir que tout le monde (le passage sur le fait que les personnes qui ont un cancer y étaient prédestinées (et ceci malgré le refus de cette théorie d'un personnage concerné)......)
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Dans cette oeuvre, Emmanuel Carrère relate des vies et histoires particulières et uniques, qui ont toutes un point commun : la mort.

Le livre démarre fort, en tension, au moment du tsunami au Sri Lanka. L'auteur est plongé dans l'horreur, la mort et la survie, et empêtré dans ses préoccupations affectives et son incapacité à agir. Il bifurque ensuite vers la mort de la soeur de sa compagne, puis retrace les vies de cette soeur, des deux hommes qui ont le plus compté dans sa vie, et des personnes qu'elle croise en tant que juge. Ce livre est l'histoire d'une petite Juliette et de ses parents, amis de l'auteur ; d'une autre Juliette, la soeur de sa compagne ; d'Etienne, de Patrice, de leurs filles, et de tant d'autres.

L'auteur arrive à entremêler plusieurs histoires très différentes sans qu'on s'y perde. Il décrit sans pathos mais avec justesse et émotion les destins des personnages et parvient à aborder les thèmes chargés de la mort, la tragédie, le cancer, la perte d'un être cher, le surendettement et la perte de dignité... Pour autant le livre n'est pas du tout plombant car il parle aussi de justice, d'amour, d'amitié, de solidarité et de joie...

C'était pour moi une première avec cet auteur, j'ai déjà mis plusieurs de ses autres oeuvres dans ma liste !
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D'autres vies que la mienne est une sorte d'Anatomie d'une chute version littéraire avec une façon simple, presque journalistique de raconter des évènements très durs et une capacité à tirer l'essence humaine, psychologique des différents personnages concernés. C'est tout aussi bouleversant mais dans D'autres vies que la mienne, les vies et les morts sont réelles.

C'est un livre qui traite des thèmes de la maladie et de la manière dont un individu peut l'appréhender, qu'il en soit victime ou proche de la victime. Deux familles de victimes sont décrites : ceux pour qui la maladie est intrinsèque voir identitaire et ceux pour qui elle est extérieure, elle tue “juste”.

Il y a un petit côté voyeurisme, “télé-réalité” intellectuelle car les drames sont réels et sont décrits à travers des discussions intimes entre Emmanuel Carrère et les personnages, qui sont : sa femme, sa belle-soeur, les filles, l'ami et le mari de la belle-soeur… On se demande parfois si ça ne va pas un peu trop loin mais Emmanuel Carrère nous rassure ou peut-être légitime sa démarche au fil des aveux et des confidences. Il précise que leur publication est bien consentie et que le dessin des portraits est validée. C'est peut-être ça qui nous tient en haleine tout le long du récit : on sait que c'est réel, que c'est arrivé à des “vrais gens”. On est obligé d'y croire alors même que l'enchaînement des maladies, des souffrances et des morts de si peu de personnages semble invraisemblable. C'est je crois, un message du livre : rien n'est trop injuste pour exister. C'est en cela que l'histoire de Juliette est tragique et profondément injuste, son métier de juge consiste à faire respecter la loi dans un monde libéral ou pourtant, on a le droit de la violer (“Non, ça me va très bien, un monde où on a le droit de violer la loi. Mais je veux aussi, moi juge, avoir le droit de la faire respecter. C'est ça le libéralisme. Non ?"). Sauf que dans son cas précis, dans la maladie il n'y a pas de juge, parfois la vie ne respecte rien. le seul personnage qui l'incarne peut-être, d'une certaine façon, c'est son ami Etienne lui-même juge. Il a une approche très lucide et honnête de la situation, il ne cherche pas spécialement à dire ce que l'on a envie d'entendre. C'est paradoxalement son meilleur confident, parce qu'avec lui elle peut se confier, “dire des choses à quoi l'autre ne peut rien” et parce qu'appeler Etienne “c'était comme prendre un médicament extraordinairement puissant et efficace, qu'on se garde en réserve quand on aura très mal”.

Le style est introspectif, Emmanuel Carrère opère des va-et-vient entre la description des faits, ce qu'il en pense, ce qu'il pense de ce que pensent les protagonistes et ce que pensent ces personnages du fait même d'écrire un roman sur ce passage de leur vie. On comprend bien que parfois, Emmanuel Carrère parle de lui de façon détournée et c'est finement joué parce qu'il n'en dit jamais trop. Ce qu'il livre aux lecteurs c'est son prisme singulier à travers lequel il analyse la situation. Il est parfois déconcertant car très épuré et neutre malgré l'horreur. Il semble parfois même insensible aux évènements car il intellectualise, ramène régulièrement les sujets à la raison, à des concepts psychiatriques par exemple.

C'est aussi assez déconcertant d'alterner entre drames (maladie et mort) et étude de cas judiciaires. C'est un peu dérangeant même, mais ça rend son propos unique, inédit et crédible. On sent qu'il se préoccupe ou du moins s'intéresse véritablement au métier de juge et à la gymnastique intellectuelle pour ne pas dire magouilles que cela implique. Parfois on a presque l'impression qu'il met le cancer de Juliette sur le même pied d'égalité que ses exploits juridiques. C'est d'ailleurs une illustration, je pense, de la morale l'histoire : “(…) qu'il était possible d'en parler sans que ce soit dérisoire ou déplacé, et que pour être utile il n'était pas nécessaire d'avoir l'air triste”.
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Dans le cadre de ce roman, j'hésite entre deux termes pour le définir : ascenseur émotionnel ou tourbillon de sentiments.

J'ai été complètement bouleversée.

De plus, j'avais lu un autre livre, du même genre, qui évoquait l'acteur Vincent Lindon et, par conséquent, "d"autres vies que la mienne" faisait écho. Je me souvenais avoir vu "l'adversaire". Tout ces rappels me chamboulaient un peu.

Après le premier drame du livre, je me suis demandée si l'auteur allait ne me parler "que de lui" et cela m'énervait un peu.

Il se désigne comme un auteur cruel et, j'avoue, j'ai partagé son avis. J'ai pensé qu'il n'avait pas du se faire que des amis en écrivant avec une plume aussi acerbe.

Mais c'est son style. C'est sa façon de planter le décor. Et il plante aussi sûrement qu'il peut être cruel.

La seconde partie du roman, dans lequel il évoque sa belle-soeur, m'a retournée.

Je trouve que c'est une lecture dont on ne sort pas indemne.

C'est un livre qui fait mal mais qui fait du bien.

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On m'a offert ce livre en me disant, tiens, puisque tu n'as jamais lu Carrère, lis donc celui-là, il est vraiment génial.
Alors vrai je n'avais jamais lu Carrère, mais je connais le gars, fils de et frère de, un palmarès et un pedigree. Allons voir ce que c'est dans le texte.
Wouah, les 50 premières pages, on entre dans le roman au Sri Lanka, tsunami de 2004, une famille de connaissances proches que l'auteur et sa femme visitent perd leur petite fille dans la vague. Elle s'appelait Juliette. Quelque chose me dérange vachement dans la manière dont tout cela est écrit ; je reviens au titre ; d'autres vies que la mienne ; pourtant l'auteur nous sert du moi-moi-moi, moi que vais-je en faire, de cet événement, moi qui suis écrivain, moi, comment je vais connaître l'amour, je vais rester avec ma femme alors que je voulais la quitter, moi, moi, moi, dur,
Mais c'est Dominique qui m'a offert le livre alors je persévère et là, bim, je ne suis pas déçue.
On entre alors dans une deuxième histoire, l'articulation qui est faite entre les deux est que la soeur d'Hélène sa femme s'appelle Juliette également. C'est une mère et une femme en train de mourir d'un cancer. C'est une juge aussi, une juge d'instance, qui pendant plusieurs années a cherché, avec son collègue Etienne, comment abriter les petits consommateurs crédules et ignares des grosses firmes d'usure.
Il y un parallèle entre les 2 histoires mais un déséquilibre certain qui font que je ne mets que 3 étoiles. Toute la partie tsunami aurait pu (du?) être sautée et ce n'aurait pas été dommage, même en perdant la symétrie décès Juliette enfant avec parents "CetAdjectifN'existePas" / décès Juliette mère avec enfants (3 quand même) semi-orphelins.
La vie de Juliette mère et juge était de mon point de vue autosuffisante : j'ai été prise dans le suspense des questions de droit soulevées (comment rendre le droit de la consommation sexy, incroyable !), dans les questions de philosophie abordées et la sagesse qui s'en est dégagé m'a tiré les larmes.
Pari gagné Carrère.
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Critique publiée sur Senscritique (2011)

Je suis surpris de découvrir que jamais nulle part, je n'ai parlé de ma seconde expérience de Carrère. La lecture de ce roman, D'autres vies que la mienne, m'a bouleversé. D'abord pour le style, l'auteur réussit à raconter les gens les plus ordinaires avec une singularité époustouflante (vraiment, on a l'impression que cette petite juge était une sorte d'Abbé Pierre des prétoires), ensuite pour l'histoire, voguant entre les complexités techniques du droit rendues accessibles par la magie de l'auteur, et le sordide sort d'une famille en deuil.

Un roman très fort, un roman à la fois beau et terriblement simple, que j'ai conseillé le plus possible aux gens sensibles à ce type de littérature. Pour ceux qui ne connaissent pas l'auteur, c'est un roman initiatique idéal pour découvrir Carrère !
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Je suis assez mitigé dans l'ensemble pour ma part
Était plusieurs fois perdue dans ensemble du roman avec des passages un peu long avec beaucoup de description parfois inutile à mon gout.
Même s'il y a une histoire en deux qui sont tristes et perturbants, mais assez complexe a décrit ce qu'on ressent. Bien que le récit soit pour moi comme un journal de vie, ce n'est qu'apprécié dans ce roman.
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très émouvant, bien écrit, mais les états d'âme de l'auteur lui même sont parfois trop présents et déplacés vis à vis de la situation. C'est donc un bon livre qui aurait pu être excellent si il avait été écrit par quelqu'un d'autre dont la personnalité me dérangerait moins
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J'ai eu beaucoup de mal à rentrer affectivement dans ce récit : trop de souffrance, trop de mort et de noirceur. Page après page je m'effondrais un peu plus.
Le récit expose tout d'abord la mort d'une petite fille dans un tsunami et la détresse de cette catastrophe naturelle pour toute une région du monde. Puis, presque sans transition, il nous mène vers la fin de vie d'une jeune femme, laissant son mari et trois toutes petites filles après sa mort.
Que de tristesse !

Et puis petit à petit j'ai compris la démarche de l'auteur, que je lis pour la première fois, et j'ai vu une peu de lumière dans ses descriptions. J'ai saisi à quel point son expérience personnelle nourrit ce récit, parfois avec une certaine impudeur, mais toujours avec justesse et sensibilité. Et au final, ce récit sert de prétexte pour réfléchir au monde, à ce qui s'y passe, à comment nous vivons... et comment nous mourrons.
Beaucoup d'émotion pour ce roman très personnel, qui constitue un très bel hommage à ces magnifiques disparus.
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