Il avait connu Corinne dans le monde partagé mais par un coup d'audace, en l'invitant et en instaurant l'habitude de ces tête-à-tête, il l'avait introduite dans l'autre monde, celui où il avait toujours été seul, où pour la première fois il ne l'était plus, où pour la première fois il existait sous le regard de quelqu'un. Mais il restait seul à le savoir.
J'avais cru en avoir fini avec ces histoires de folie, d'enfermement, de gel. Pas forcément me mettre à l'émerveillement franciscain avec laudes à la beauté du monde et au chant du rossignol, mais tout de même être délivré de ça. Et je me retrouvais choisi (c'est emphatique, je sais, mais je ne vois pas le moyen de le dire autrement) par cette histoire atroce, entré en résonance avec l'homme qui avait fait ça. J'avais peur. Peur et honte. Honte devant mes fils que leur père écrive là-dessus. Était-il encore temps de fuir ? Ou était-ce ma vocation particulière d'essayer de comprendre ça, de la regarder en face ?