Citations sur Le protectorat de l'ombrelle, tome 5 : Sans âge (15)
Elle avait trouvé l’interprétation de Macbeth des Tunstell plus fascinante que qui que ce soit d’autre, sans doute parce que les bouffonneries étaient juste à son niveau d’éducation, ou parce que vivre avec lord Akeldama l’avait préparée à un certain degré d’extravagance.
En se réveillant ce soir-là, Biffy fut, c'est compréhensible, ennuyé d'apprendre la mort de Dubh. Mais ne fut que moyennement ennuyé. Il ne l'avait jamais rencontré et, à en croire les rumeurs, il n'avait pas raté grand-chose. Qui plus est, il était difficile de pleurer la perte de quiconque avait passé une bonne partie de sa vie en Ecosse. Biffy était plus perturbé par le fait qu'un épi s'était formé dans ses cheveux pendant qu'il dormait et qu'il refusait de s'aplatir en dépit de tous ses efforts.
Biffy se demandait si cette attitude pouvait être considérée comme insensible.
" Je ne savais pas que vous connaissiez Lady Kingair.
- Je ne la connaissait pas jusqu'à ce que je la rencontre."
Lord Maccon, il faut le noter, portait un autre châle de brocard rose bien enroulé autour de la taille. On aurait dit une jupe venue des Caraïbes. Alexia supposa que son mari, étant Écossais, avait l’habitude de porter des jupes. Et il avait vraiment de très beaux genoux. Les Écossais, avait-elle eu l’occasion de remarquer, avaient souvent de beaux genoux. Peut-être était-ce pour cela qu’ils voulaient absolument porter des kilts.
Prudence était très absorbée par son lait chaud et passa un bon moment à attraper les morceaux de cannelle avec le bout de son doigt puis à le sucer. Cela manquait terriblement de dignité, bien entendu, mais pour le moment, le désagrément en bas âge avait montré peu d'intérêt pour l'usage convenable des couverts, semblant penser qu'elle avait d'abord eu des doigts et qu'on ne changeait pas une chose qui marche. Alexia garda un oeil sur elle mais n'interféra pas. Avoir un enfant avait beaucoup influencé ses principes tant vantés, c'était étonnant.
- Ivy, as-tu vu cet homme ?
- Quel homme ?
- Le nomade en ballon qui était là.
- Oh vraiment, Alexia, ils disent ici dans mon petit livre que les Dériveurs ne fraternisent pas avec les Européens. Tu as dû l'imaginer.
- Ivy, ma très chère amie, ai-je déjà "imaginé" quoi que ce soit ?
- Bon d'accord, Alexia. Dans ce cas, je suis désolée de te dire que je n'ai pas observé cette interaction.
- Une déception pour toi, j'en suis sûre, car c'était un fort beau spécimen.
- Voyons, Alexia, tu ne devrais pas dire de telles choses ! Tu es une femme mariée !
- Certes, mais pas morte.
Alexia détestait la simple idée de devoir vraiment se servir de son arme. Comme toute femme bien éduquée, elle préférait de beaucoup se contenter de l'agiter en faisant de grands gestes menaçants.
C'était en partie parce que son adresse au tir se limitait à atteindre parfois le mur d'une grange, s'il était très grand et qu'elle se trouvait très près, et en partie parce que les revolvers lui semblaient tellement "définitifs". Mais même si elle n'avait l'intention que de menacer, autant être en mesure de mettre sa menace à exécution.
Alexia abhorrait l'hypocrisie, surtout en matière de munitions.
Il arrive que même moi je me conduise de manière inattendue.
Il y avait pas mal de nettoyage à faire, un certain nombre d'explication à donner et des mesures à prendre, et des discussions à avoir. Sans parler de présentations dans les formes à faire et quelques os cassés et cous sanglants à soigner.
«La virilité d'un homme se trouve dans sa barbe », insista-t-il
Ce à quoi Alexia répondit : « Et la féminité d'une femme est dans son décolleté. Et pourtant, tu ne me vois pas laisser le mien perdre le contrôle, n'est-ce pas?
- Avec des si... », se contenta-t-il de répondre.