AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 88 notes
5
10 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis
Il vous faut imaginer des personnages peints avec un une franchise réjouissante. Ainsi Alan Gardiner, agriculteur de son état, qui n'a pas trouvé facile de devenir parent car « il n'est pas doué pour les relations humaines, et ça peut se discuter mais les enfants font partie des humains. Il préfère les vaches aux gens, et les pommes de terre aux vaches, car une patate ne fait aucun bruit ni mouvement brusque ni manières. » Ou Granny qui met un chapeau tellement grand pour aller à la messe qu'une voiture décapotable promet d'être nécessaire et qui, alors qu'il se passe des choses vraiment atroces mais qui ne la concernent pas directement « est allée se mettre au lit avec une de ses douleurs. Grandpa ne sait plus si c'est une crise d'arthrite ou ses intestins, cette fois. Elle souffre d'un mal différents tous les soirs depuis le début de l'épidémie. C'est sa manière d'exprimer sa compassion, ou de s'assurer qu'on ne la néglige pas. » Vous voyez un peu le genre ?

Il y a aussi la famille Leung qui tient un restaurant asiatique et tente de se faire les plus discrets possible pour s'intégrer. Les Flechter, les McCormick, ceux qui boivent, ceux qui prient, c'est parfois les mêmes, et les Adger, Protestants fondamentalistes qui sont les parents d'Hannah. Toute une communauté disparate et rurale avec son pub, ses fermes, ses lieux de culte et sa petite école.

Nous sommes à Ballylack, en Irlande du Nord dans le cours des années 90 alors que les interminables Troubles entre Irlandais loyalistes et unionistes font régner la violence depuis plusieurs décennies déjà. Hannah a dix ans et n'a pas la vie facile. Même si elle a son Jésus intérieur avec lequel elle discute et qui montre pas mal de similitudes avec son GrandPa, elle aimerait être moins à l'écart des gosses de son âge, pouvoir participer aux sorties scolaires, s'habiller à la mode, regarder la télévision. Elle aimerait que moins de choses soient interdites ou condamnables. Bien sûr Dad et Mum savent mieux, elle prie beaucoup et elle leur fait confiance mais tout de même, vivement qu'elle puisse un jour mettre du vernis à ongle, se faire percer les oreilles.

En attendant, l'été est là à Ballylack et Ross, un enfant de sa classe meurt soudain d'une étrange maladie. Ce n'est que le premier. Un à un tous les enfants de sa classe menacent d'y passer.

Ca pourrait être un polar mais l'intrigue policière est trop faible pour cela. Un satire des moeurs fondamentalistes et des dérives intégristes de certains courants religieux mais il y a beaucoup trop de finesse et de tendresse dans la manière sont construits les personnages y compris les plus extrêmes. Ce serait même de la science-fiction si l'on considérait qu'il suffise qu'un mort s'assoit sur le bord de votre baignoire pour que le livre qui le raconte appartienne à ce genre. On ne peut même pas dire que ce soit une jolie histoire, la mort y est bien trop présente, les drames de tout ordre aussi.

Mais c'est raconté avec tant d'intelligence, tant d'humour, tant de légèreté qu'on est envouté. Avec ce récit plein de noirceur et de fêlure, on baigne dans l'émerveillement de l'enfant à qui on peint des mondes féériques. Comme si la fantaisie, l'ancrage dans un certain décalage suffisaient à rendre viable ce qui est indéniablement terrifiant. Comme si intégrer le point de vue de tous ces personnages teintait les drames d'une singularité émouvante, d'une humanité aussi imparfaite que touchante. A être traitées à hauteur d'hommes et de femmes fragiles et fêlés, l'agonie, la mort, la tristesse, la folie qui tissent la toile de ce roman en deviennent sinon confortables, au moins presque réconfortantes dans leur familiarité. Et toujours susceptibles de contenir un élément qui pourra faire sourire.

Voilà comment, aussi improbable que cela me semble encore, j'ai pris un immense plaisir à lire une histoire d'agonies adolescentes sur fond de guerre civile en Irlande du Nord. Assurément, ce ne sera pas ma dernière incursion dans l'univers de Jan Carson.
Commenter  J’apprécie          3631
Roman des frontières, des marges et de l'indécidable.
L'histoire se déroule en Irlande du Nord : un territoire qui refuse la terre à laquelle elle se rattache pour tenter de s'arrimer à l'île d'en face, de l'autre côté de l'eau. Hannah, l'héroïne, appartient à une classe sans y être réellement intégrée puisque ses parents fondamentalistes lui interdisent toutes les activités jugées païennes, notamment les sorties scolaires. Les enfants qui meurent, quoique morts pour tous, peuvent encore parler à Hannah et lui racontent l'au-delà, dont on se demande s'il figure une métaphore de la crise d'adolescence ou un succédané euphémisé au conflit nord-irlandais (à partir de trois morts, deux clans se sont formés).
Hannah est désespérée : non seulement les morts viennent lui parler, mais ils ont la fâcheuse manie d'apparaître quand elle a autre chose à faire (comme pipi par exemple). Exclue du deuil de la petite communauté, elle apprend bientôt qu'elle n'a pas été contaminée par l'épidémie qui fauche tous les enfants de la classe et même leur institutrice. « - Toujours à part », marmonne Hannah. »
Pourtant, avec la mort, les différences, dont on aurait pu penser qu'elles s'estomperaient, s'accusent : les familles renoncent à la comédie sociale qui ne les a pas protégées, ce dont les enfants morts s'avisent les premiers : « Vous avez peur de tout ce qui est différent. Peur que les choses changent. Peur que tout reste pareil. […] Au fond, vous avez tous peur de vous-mêmes. Pas un seul de vous n'est moitié aussi sympa et normal que vous faites semblant de l'être. »
La communauté repliée sur elle-même, dont l'unité consistait surtout à détester conjointement les papistes et à ne jamais se risquer au-delà de la frontière, s'aperçoit que les lignes de fracture ne passent pas où elles le pensaient, mais plutôt à l'intérieur même des familles, entre ceux qui n'aiment pas assez et ceux qui aiment mal, ou peut-être tout simplement entre ceux qui ont la grâce et ceux qui ne l'ont pas, selon la bonne vieille loi racinienne. Soit Phèdre, qui refuse l'amour dont elle brûle et ne s'autorise à y succomber qu'une fois son mari mort : Phèdre, qui obéit à la loi divine, ce qui ne l'empêchera pas de mourir humiliée, meurtrière et maudite comme une vulgaire psychopathe. Dieu décide et s'il veut dézinguer les justes, c'est son problème. Et que ceux qui survivent n'y voient pas la preuve d'une élection propre à leur faire mépriser plus malheureux qu'eux.
Ne cherchons donc pas à comprendre, à rationaliser ce qui ne peut l'être. A dealer avec Dieu ou avec les hommes : si je fais tout bien (prière à l'église et tarte aux pommes pour mes voisins), je n'échapperai pas pour autant au malheur. Aimons donc la vie en attendant d'en prendre plein la gueule, et lire ce roman aussi imprévisible que l'existence ne peut que nous y aider.
Commenter  J’apprécie          336
Grande amatrice de réalisme magique, Jan Carson a été – remarquée de la communauté littéraire française avec Les Lanceurs de feu (Sabine Wespieser, 2021), son premier livre, finaliste des prix Femina et Médicis étrangers .

Dans son dernier roman en date, elle campe l' histoire de son dernier roman à ce jour dans une ville imaginaire d'Irlande du Nord et dans une famille de protestants orthodoxes.

Hannah, 11 ans, leur fille unique, ne peut rien faire comme ses camarades à cause des règles strictes éditées par son père.

Le jour où une étrange épidémie commence à toucher et à tuer un à un les enfants de sa classe, elle se distingue encore en étant la seule à ne pas être malade. Hannah voit aussi les fantômes de ses amis juste avant leur mort mais ne peut se confier à personne de peur qu'on ne la croit pas.

Formidable portrait d'une communauté repliée sur elle même et qui s'épie, les ravissements décrit aussi avec une ironie mordante les parents à travers une variété de réactions face à l'épidémie.

C'est un roman à la fois intrigant et flamboyant par son ambiance, qui tient en haleine (Hannah mourira-t-elle à son tour ? ) et d'une très grande finesse psychologique.

Un de très grands romans de cette rentrée de janvier 2023!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          230
Un roman assez étonnant.
L'action se situe en Irlande du nord en 1993. Hannah est une petite fille de 11 ans, élevée dans une famille d'évangélistes. La religion guide leur vie et les interdits sont nombreux pour la petite fille qui ne se sent pas comme les autres enfants de sa classe mais ne peut pas encore se rebeller contre cette éducation.
La vie dans la petite bourgade d'Hallyback en Irlande du nord est assez calme mais l'angoisse survient lorsqu'un enfant meurt brutalement de maladie, puis ce sera une autre enfant de la classe d'Hannah. Hannah semble épargnée pour le moment mais elle voit les fantômes de ses camarades de classe lors de leur décès et cela la traumatise énormément.
On ne bascule jamais complètement dans le fantastique.
Les personnages sont très bien développés psychologiquement. J'ai bien aimé ce roman, original.
Commenter  J’apprécie          90
Certes, l'arrière-plan du roman évoque les Troubles qui ont lieu en Irlande du Nord dans les années 90 (le récit se déroule en 1998 dans un bourg protestant : Ballilack).

Certes, la famille d'Hannah fait partie de la communauté protestante régénérée.

Mais le roman part sous de toutes autres latitudes : une épidémie touche les enfants de la classe de Hannah qui meurent les uns après les autres. Ces enfants, une fois morts, rendent visite à Hannah pour lui expliquer qu'ils forment la communauté des EM (enfants morts), qu'ils se défoulent et boivent de l'alcool (aucun adulte n'étant là pour les en empêcher.

J'ai suivi les atermoiements d'Hannah, de ses parents et des gens du village jusqu'à la moitié du livre, à peu près. Et puis j'ai trouvé que le récit n'avançait pas, et je l'ai fini en avance rapide.

Je n'ai pas trouvé de magie dans ces pages, seulement des adultes perdus et menteurs (sauf le grand-père d'Hannah).

J'ai dû relire plusieurs fois des mots comme transmogrifier – profanité – sanctimonieux. Les chercher dans le dictionnaire, trouver qu'ils existaient, et me dire que la traductrice avait dû bien se faire rire.

Le comportement des EM m'a déçu, mais fait écho à la rédaction du début du livre : comment imaginer l'avenir de leur pays ?

Une lecture décevante qui ne me restera pas en mémoire.
Lien : https://alexmotamots.fr/les-..
Commenter  J’apprécie          62
Au départ, ce sont les histoires de fantômes qui m'ont donné envie de lire ce livre…
Parce que bon, il faut bien l'avouer, dans ce petit village d'Irlande du Nord, où tous les enfants tombent malades et commencent à mourir les uns après les autres, l'histoire ne paraît guère réjouissante. Et pourtant ! Jan Carson, l'autrice, parvient à nous emmener sur un chemin inattendu où les personnages et leurs personnalités sont tellement bien décrites, qu'on a l'impression que l'on vit nous-même à Ballylack ! Cela paraît tellement tiré de faits réels qu'on a vraiment l'impression d'y être (même si Ballylack est un village imaginé par l'autrice, mais ça, ce n'est jamais dit).

Avec une plume sincère et introspective, l'autrice peint une superbe galerie de portraits, souvent désabusés… Chacun, à sa manière, avec sa culture et sa religion, porte un regard sur sa famille, sur son village et sur la vie qu'il mène dans ce petit village d'Irlande du Nord. En tant que lectrice, je suis passée par une galerie de sentiments : compassion, colère, admiration, peur, …
Et comment ne pas s'attacher au personnage d'Hannah, cette petite fille qui rythme tout le récit ?
Hannah vit dans une famille de fondamentalistes protestants. Elle vit au rythme de sa religion et essaie de faire le bien autour d'elle. Elle ne comprend pas toujours sa famille, ses amis ou le monde qui l'entoure, mais malgré tout, elle vit une magnifique complicité avec Grandpa Pete, son grand-père. J'avoue que même après avoir tourné la dernière page, le personnage d'Hannah ma hante toujours !

J'ai eu du mal à quitter ce roman. Lire "les ravissements" a été pour moi captivant, intrigant et éblouissant !!!
Commenter  J’apprécie          52
1993 Irlande du Nord, dans un petit village imaginaire mais sorte d'un copier coller de celui où vécut l'autrice, des enfants issus d'une même classe meurent un par un. Une psychose s'installe.Une question me vient immédiatement à l'esprit, où veut en venir Jan Carson, en faisant mourir ainsi toute une flopée d'enfants soit notre avenir et celui de l'humanité.Pas de parallèle à faire avec le covid, les ravissements ayant été achevés en 2019 donc avant l'émergence de la pandémie, mais, ayant pu assister à une présentation donnée par Jan Carson, celle ci cita en référence le joueur de flûte d'Hamelin. Ayant débarrassé la ville des rats qui l'infestaient mais éconduit plutôt que d'être remercié et payé, il s'en prit aux enfants et les entraîna on ne sait où.Hic de l'histoire, cela postule que les adultes sont mauvais et sans paroles. Les adultes sont ils tous comme cela ?Revenons aux ravissements. Hannah, une jeune fille de 11 ans. Fil conducteur et narratrice du livre.
Toile de fond. Dimension politique. Si des accords ont été signés les plaies et fractures restent vives entre les divers camps du conflit nord-irlandais et dans chaque camp entre militants et plus conciliants. La mère d'une des enfants est d'ailleurs morte sous une bombe.
Dimension religieuse, celle ci est des plus marquées, en particulier via Dad, le père d'Hannah, une sorte d'intégriste presbytérien où en exagérant un peu tout plaisir semble presqu'interdit.Sur cette toile de fond, une classe de 11 enfants qui on ne sait pourquoi, tombent un à un malades et meurent. Sauf, je vous laisse deviner qui.
Assurément talent d'écrivain, Jan Carson reprend un par un le calvaire des enfants s'attachant à décrire le déroulé des faits et avec justesse les réactions des parents des proches des gens du village et enfin des journalistes avides de scoops.
Autre talent, le maintien en haleine et la montée en puissance de l'impuissance humaine virant à la psychose.
Enfin, une trouvaille, Hannah voit les enfants morts, fantômes venus discuter un brin avec elle avant je suppose de disparaître définitivement.Bémol.
Les enfants d'une même classe meurt un à un. La même classe, cela aurait dû mettre la puce à l'oreille des enquêteurs.
Autre bémol , on ne meurt pas comme cela.
P 200. Grandpa, je veux que tu m'emmènes devant l'arbre aux chiffons. Ce n'est pas une requête. C'est une injonction.
Une enfant de 11 ans parle t elle comme cela ?Les ravissements. Un livre étrange, bien construit bien écrit et qui vous tient en haleine. Peut on faire un parallèle entre Hamelin et le conflit nord irlandais où les enfants paient les fourvoiements des adultes. D'où la mort des enfants ? Pour être positif disons alors que les adultes ne sont pas les mêmes partout et qu'il n'y a pas de conflit ukrainien et autres à chaque coin de rue.La dernière phrase du livre comme j'aime à les citer. Je dois croire que cela ne sera pas toujours comme maintenant.
Mon commentaire. Ayons confiance l''humanité évolue bien même si parfois en certains endroits, il y a des retours en arrière.Une question à l'autrice. Dad, c'est qui ? Mon père dit elle.
Ok. Il n'a pas dû lui donner une bonne image du monde.
Commenter  J’apprécie          55
Nous sommes en 1993, le 25 juin, l'école s'achève pour les enfants de la petite bourgade de Ballylack, en Irlande du Nord.  Pourtant l'été ne va pas se dérouler comme ils le pensaient. Un mystérieux mal va frapper les enfants les uns après les autres et les tuer. Ça commence avec une fièvre glandulaire. Les adultes sont aux abois. La panique paranoïaque s'installe : qui sera le prochain ? On dépêche un Paddy du Sud pour enquêter sur l'affaire. Nous sommes immergés dans la communauté protestante d'Irlande du Nord, orangiste, mais pas que. Les parents d'Hannah, gamine de 11 ans au centre du récit, sont des fondamentalistes. Hanna, à qui l'autrice laisse la parole au premier et dernier chapitre, explique qu'elle se sent exclue,  à part, à cause de la religion intégriste de ses parents : "Notre espèce à nous, c'est les chrétiens charismatiques évangélistes.  Ça veut dire que nous croyons au salut et à l'Enfer, à Jésus et au Saint-Esprit. Dans notre Eglise, les femmes portent des chapeaux.  On utilise la Bible avec des mots anciens, mais on chante des choeurs modernes avec le rétroprojecteur. On parle des langues,  ça s'appelle glossolalie, et on se tient les mains pour les prières à une intention spéciale. On ne croit pas au cinéma et au chewing-gum. (...). Notre espèce de protestants n'est pas populaire. " Je préfère vous laisser découvrir tout ce à quoi Hannah n'a pas droit plutôt que d'énumérer mais c'est impressionnant et surtout effrayant !! Pourtant ses parents ne pensent pas être de mauvais parents, ils pensent avoir la bonne éducation pour leur fille. Malgré tout, c'est de la souffrance qu'ils engendrent. Et c'est bien le point de tous ces gamins qui vont mourir : être les victimes des adultes.
Alors que les mômes agonisent au fil du récit, ils rendent à chaque fois visite à Hannah. Transformés. En un autre eux. Je ne peux pas en révéler davantage sous peine de spoiler.
J'ai été emportée par cette histoire aux multiples rebondissements, écrite avec beaucoup d'humour et d'ironie. Jan Carson rend hommage aux enfants d'Irlande du Nord et fustige la religion, le sectarisme du pays mais aussi le racisme. Les gamins de ce roman sont drôles, étonnants, espiègles, parfois bêtes comme les ados qu'ils ne deviendront jamais. Ils deviennent eux-mêmes une fois qu'ils se sont échappés dans un autre espace-temps hors de portée des adultes. le gang des EM (Enfants Morts), c'est quelque-chose !😜 Les adultes,  quant à eux, sont pathétiques. du début à la fin, ils ne changent pas, ne comprennent rien, sont carrément chiants. La solitude et la souffrance d'Hannah restée dans le monde des vivants, sont décrites avec finesse et minutie. On s'attache au personnage,  qui ressemble le plus à sa créatrice (elle l'a dit).
Je ne peux que vous conseiller de vous jeter dans cette histoire (pas par la fenêtre !). Un bon petit pavé de plus de 400 pages écrit tout serré, mais qui nous obsède dès qu'on le pose. N'y aurait-il pas un peu de sorcellerie dans la plume de Jan Carson ?




Commenter  J’apprécie          40
Je viens de finir ce livre et il m'a beaucoup impressionnée pour diverses raisons. D'abord, l'intrigue est très bien menée et le lecteur est vraiment pris par cette histoire terrible même si les passages où ses copains la contactent soulagent un peu l'angoisse qu'on peut éprouver. Mais ce qui m'a le plus intéressée, c'est la façon dont l'auteur nous entraîne dans cette famille protestante où tout est dominé par un fondamentalisme religieux sans issue, comme tous les autres fondamentalismes religieux... Et je pense que cette description peut aider à lutter contre des idées reçues...
Commenter  J’apprécie          40
En 1993, dans un village d'Irlande du Nord, une épidémie mystérieuse décime les rangs d'une classe d'enfants âgés de dix ans. A cette époque, le conflit politico-religieux imprègne la vie quotidienne de ce microcosme protestant. La foi est omniprésente, cimente la vie sociale, la plombe sérieusement dans une bigoterie d'un autre âge. Raconter l'histoire n'est pas le propos d'un avis de lecture. L'impression générale génère un effroi mêlé de quelques moments d'humour involontaire. L'héroïne de par ses questionnements traduit une naïveté confondante, même pour une enfant. La description de ce monde clos, fermé à toute évolution trouve un exutoire salutaire dans une évolution fantasmatique que je ne dévoilerait pas. S'il n'y avait ce glissement, le roman aurait pu verser dans une austère enquête policière teintée d'ethnologie contemporaine. L'espoir naît de l'échappatoire ainsi créé, un autre monde est possible est un slogan politique bien connu, il est ici une explosion de codes sclérosés, de comportements mortifères. L'enfance est la patrie de tous les possibles, l'imaginaire brode sur chaque instant, invente des respirations, ne calcule que sa propre survie, en respect des personnes aimées. La séparation définitive libère la parole, devient un miroir d'un monde adulte pétrifié par les interdits. L'auteure, que j'ai rencontrée, connaît son pays et oserai-je poser la question du vécu possible, même parcellaire, de la romancière dans l'évocation de ce coin perdu des Iles Britanniques.
J'ai dévoré (quel mot!) ce livre tant les protagonistes sont attachants, en lutte contre une adversité qu'ils ont eux-mêmes créé.
Etouffant et joyeux, paradoxe d'un excellent roman.
Merci
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (278) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz de la Saint-Patrick

Qui est Saint-Patrick?

Le saint patron de l’Irlande
Le saint-patron des brasseurs

8 questions
251 lecteurs ont répondu
Thèmes : fêtes , irlandais , irlande , bière , barCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..