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2,58

sur 31 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Intrigué puis fasciné par la relation que le célèbre dramaturge Tennessee Williams a entretenue pendant quinze ans avec Frank Merlo, Christopher Castellani, après s'être documenté activement, a laissé son imagination vagabonder pour nous servir une fiction autour de ces deux personnages.
Il part alors d'une soirée donnée par Truman Capote où le couple, à la faveur d'une petite bagarre de chiens, fait la connaissance d'un autre duo d'homosexuels : l'écrivain alcoolique John Horne Burns et un vétérinaire nommé Sandro. Puis, l'auteur a jugé bon d'y ajouter Anja et sa mère, deux suédoises en quête d'un avenir brillant.

J'ai apprécié les chapitres s'attachant à la vie de Frank. Le portrait de cet homme qui s'éteint peu à peu sur son lit d'hôpital, rongé par le cancer du poumon, est intime et saisissant. Il fut l'homme insignifiant, sur lequel les autres pouvaient compter, un romantique réconfortant en toute occasion. On sent bien qu'il a des regrets en constatant qu'il n'a jamais pu accéder au devant de la scène alors qu'il rêvait lui aussi de célébrité ou au moins d'un petit rôle qui l'aurait sorti de l'ombre.
Finalement, sa grandeur réside dans les quinze années à soutenir Tenn. Ce dernier a été souvent tourmenté, les cocktails médicamenteux ne suffisaient pas à le sortir de la déprime. Frank a toujours été à ses côtés pour tenir les démons à distance, lui remontant le moral par son soutien, son amour et sa compréhension. On imagine alors qu'il a largement contribué, toujours dans l'ombre, aux succès du dramaturge.
J'ai apprécié la discrétion de l'auteur dans l'évocation des rapports intimes de ces personnages. Ils sont bien davantage suggérés que décrits et ne viennent pas polluer inutilement la lecture.

Mais je n'ai pas saisi l'utilité des chapitres sur la vie d'Anja, à présent âgée, ancienne star de cinéma et qui reçoit le fils de Sandro. Au cours de leurs entretiens, on s'ennuie terriblement. Beaucoup de détails inutiles plombent la lecture de ces passages. M'ont exaspérée les questionnements futiles et rébarbatifs du fils de Sandro sur les possibles regrets d'Anja d'avoir cessé sa carrière d'actrice.
De toute cette partie, seules les évocations qu'Anja confient sur le véritable caractère de Frank, sur sa colère d'avoir vu Tenn l'abandonner sur son lit d'hôpital apportent un complément intéressant.
Il y est aussi question du manuscrit d'une pièce de théâtre hypothétique de Tennessee en hommage à Frank. Ceci ressemble fort à de la levure qui aurait été ajoutée au roman afin d'en faire gonfler le volume. Une fois le livre refermé, la pâte retombe.
Trop de fenêtres sont ouvertes, elles finissent par laisser passer des courants d'air désagréables qui nous perdent. Dommage.

L'écriture est nette, précise, agréable à parcourir. Elle reflète un travail indéniable que je me dois de saluer au passage.
Mes impressions me semblent aussi confuses que les différentes idées exploitées dans ce roman et je prie les éditions du Cherche Midi et Babelio de m'en excuser tout en les remerciant pour l'envoi de ce roman.
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Le roman Les Diables bleus se déroule sur plusieurs plans temporels. À Portofino, en 1953, alors que Frank Merlo et Tennessee Williams sont amants depuis plusieurs années déjà (1947), ils assistent à une fête chez Truman Capote et y rencontre Bitte et Anja Blomgren, deux Suédoises, la mère et la fille, qui gravitent autour de ces célébrités, durant cet été où Frank va se prendre d'affection pour Anja. D'autres chapitres nous emmènent en 1963, alors que Frank se meurt d'un cancer du poumon, seul, au Memorial Hospital de Manhattan, qu'il se remémore ses espoirs, ses déceptions, ses amours, qu'il espère la visite d'Anja, devenue entre-temps une célèbre actrice, et surtout qu'il attend la visite de Tenn. En 1982, nous assistons à la dernière rencontre d'Anja et de Tenn dans le bar d'un hôtel. Nous retrouverons Anja de nos jours, vieille gloire oubliée et veuve richissime, qui a en sa possession une pièce inédite de Tennesse Williams que deux jeunes admirateurs veulent la convaincre de rendre publique, voire de monter. Les événements nous sont racontés en adoptant alternativement, mais irrégulièrement, le point de vue de Frank et celui d'Anja, et en passant d'une époque à l'autre.
***
Plusieurs éléments du roman m'ont plu. J'ai aimé la peinture de l'Italie des années 50, certaines des pages sur les personnages célèbres, celles sur la collaboration de Tennessee Williams et Paul Bowles avec Visconti pour le film Senso, la manière de travailler de Visconti, celle d'Anna Magnani, la découverte de l'incroyable, odieux et malheureux écrivain américain John Horne « Jack » Burns que je ne connaissais pas du tout. La scène particulièrement éprouvante de sa mort, la terrible description et l'analyse qu'en fera Frank plus tard sont des passages particulièrement forts. La fausse interview d'Anja, ses réponses d'abord lapidaires à ce qu'elle appelle « des questions de télévision », immédiatement démenties par d'autres réponses toujours aussi brèves, avant de finalement se prêter à un long développement très maîtrisé, en révèlent beaucoup sur elle. En revanche, je n'ai pas cru une seconde au déroulement de l'événement majeur survenu en 1953, et qui marquera durablement tous les protagonistes : Franck, Tenn, Bitte et Anja, Jack et son amant Sandro. Finalement, entre les bons passages, je me suis aussi beaucoup ennuyée pendant cette lecture. Était-il bien nécessaire de reproduire intégralement la mauvaise pièce (fictive) de Tennessee Williams ? En fait, je me rends compte en écrivant que j'ai accordé bien peu d'intérêt à presque toute la partie contemporaine du roman. Est-ce parce qu'Anja Bloom est un personnage entièrement fictionnel parmi des personnages « réelsr» ? Est-ce parce que le personnage reste insaisissable ? Je ne sais pas très bien ce qui n'a pas marché pour moi, mais malgré de très belles pages sur l'amour que portait Frank à Tenn, j'ai trouvé l'ensemble indigeste...
***
Je remercie l'opération Masse critique de Babelio et les éditions du Cherche midi pour m'avoir permis de lire ce livre dont le sujet m'intéressait. Je suis un peu gênée de ne pas avoir ressenti plus d'enthousiasme…
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Cet hommage à Frank Merlo, compagnon de Tennessee Williams durant de longues années, souffre sans doute de son ambition, plus grande que lui. le style est alerte et poétique mais la présence d'un pastiche d'une pièce de Williams, écrite par Castellani, achève malheureusement de sceller le destin du roman... (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/04/24/les-diables-bleus-christopher-castellani/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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L'histoire vraie de la relation amoureuse de Tennessee Williams et Franck Merlo, mais l'auteur raconte un moment de leur vie qui n'a jamais été documenté. Il romance donc une partie obscure de la vie de Tennessee et Franck, en y intégrant une nouvelle protagoniste, Anja, personnage fictif que l'on suit durant des années. Que c'est il vraiment passé durant ce week-end a Portofino, en Italie, que c'est il réellement passé à cette soirée de Truman Capote?
Ce qui est plus réel, c'est cette histoire d'amour entre un Tennessee Williams perturbé par ses diables bleus, et Franck Merlot, fidèle jusqu'à la mort. Et c'est Franck qui m'a le plus touché dans l'ensemble des personnages fictifs ou réels de ce roman. Sa force et sa fragilité, son dévouement pour les autres au détriment de lui même. Ce roman n'est pas un coup de coeur, mais la lecture est fluide, imagée. Les aller retours dans le temps manquent parfois de clarté, je me suis parfois perdue, mais cela rend le roman moins lisse et donne de la dynamique. Une lecture plaisante donc. Un bon premier roman de Christopher Castellani. Merci à Masse Critique, Cherche Midi Editeur et Babelio pour l'envoie de ce roman. Même si ce livre ne restera pas dans ma mémoire, c'est toujours un plaisir de découvrir de nouveaux auteurs...
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Je remercie Babelio, Masse Critique et les Editions Cherche Midi pour l'envoi de ce roman.

La légende dit que la mélancolie, le » blues » seraient provoqués par des anges bleus. Tennessee Williams, lui, percevait les choses de façon bien plus amplifiée : des diables bleus. En tout cas, c'est ce que son compagnon pendant 15 ans, Frank Merlo, racontait :

« Les diables bleus de Tenn étaient comme des chats sauvages, disait-il, qui vivaient sous sa peau. Et lorsque vous aviez des chats sauvages sous la peau, ils pouvaient se réveiller à tout moment du jour ou de la nuit, et vous faire frissonner, trembler, crier, pleurer. Les cachets permettaient de les faire dormir, mais jamais très longtemps. Ils se remettaient à hurler et griffer sans prévenir. »

Le ton de la relation entre les deux hommes est donné : d'un côté un géant aux pieds d'argile, de l'autre un « Petit Cheval » pour le soutenir quand il chancelait. le géant n'aura d'ailleurs pas la force de soutenir son amant dans son combat contre le. cancer, l'abandonnant peu ou prou pendant son agonie.

Christopher Castellani a choisi de mêler à la réalité des personnages de fictions. C'est ce qui a gâché mon plaisir et provoqué de l'ennui parfois à la lecture de certains chapitres.

Cependant ce roman est une bonne façon d'aborder l'univers de Tennessee Williams et m'a donné envie d'aller relire son oeuvre.

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Merci à Masse critique et Babélio de leur envoi. Je ne pourrais faire hélas une critique vraiment élogieuse pour compenser les autres lecteurs. Pourtant, il y a vraiment du bon dans la documentation d'une époque après guerre, très libertine en fait dans le milieu restreint des auteurs à succès. Tennessee Williams immensément célèbre, vit pendant 10 ans un amour tumultueux avec Franck Malo qui va décéder à 40 ans du sida, seul. On découvre ces gens si libres, si décalés et si talentueux et si égoïstes comme Truman Capote, John Burns etc.. Et puis il y a les personnages de fiction comme Anja et sa mère que j'ai bien aimé. Mais... mais il y a le côté fouillis de la narration, qui part dans divers époques, qui place au milieu un morceau de pièce de théâtre sans intérêt etc...C'est réellement dommage car le sujet est bon, super bien documenté et des personnages vrais, passionnants.
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Un livre étrange qui chemine entre le clin d'oeil aux initiés – les amoureux de Tennessee Williams – et la réflexion presque métaphysique sur le sens de la vie. Un livre qui oscille entre la légèreté désespérée d'un monde révolu qui évoque celui de Scott Fitzgerald et la noirceur de destins avortés ou brisés. Un livre sur le temps qui passe trop vite et qui réduit la vie à une addition de moments dont l'on cherche le sens. Il n'y a rien de dérangeant dans ce mélange de fiction et de réalité réalisé par l'auteur qui fait vivre des personnages réels – Frank Merlo, Tennessee Williams, Visconti, Anna Magnani, Truman Capote – avec Anja Bloom, actrice créée de toutes pièces et finalement presque plus réelle que les vrais personnages dont elle croise la route. Il y a assurément quelques très belles scènes : la mort de Jack Burns, la pièce de théâtre montée par Anja et la mort de Frank. C'est avant tout le portrait de Frank Merlo, le « petit cheval », un homme intègre qui s'écorche à la vie, souffre de son absence de destin, jalouse sans se l'avouer le succès de l'homme qu'il aime, vit de demandes informulées. Abîmé à jamais parce que Visconti a coupé au montage la scène de Senso dans laquelle il fait ses débuts d'acteur et incapable de rebondir, de trouver sa voie avant de plonger dans une maladie qui l'emportera trop tôt. Un homme qui a aimé, qui s'est donné, qui s'est refusé, qui a voulu être compris mais se l'est interdit en se taisant trop souvent. Une vie somme toute banale, une vie vraie cependant, une vie ni ratée, ni réellement réussie. Une vie qui ne laisse aucune trace, sauf celle que lui offre l'auteur, le temps qu'à son tour son roman tombe dans l'oubli. le paradoxe sans doute est que le plus beau personnage, celui qui est le plus abouti et le plus touchant est celui d'Anja, actrice mondialement connue, actrice et muse d'un seul metteur en scène – manifestement inspirée de Liv Ullmann – laquelle traverse la vie avec ses forces, ses doutes, ses inquiétudes. le personnage inventé prenant le pas sur ceux qui ont existé, comme un hommage paradoxal à la force du roman, de la fiction par rapport à une réalité toujours imprécise et souvent décevante. Il y a à travers elle une réflexion sur l'empreinte que laisse un artiste. Comment sortir de scène ? Comment vivre après le succès ? Comment vieillir en paix en se protégeant ? Réflexion aussi sur la question de savoir si tout doit se savoir, si tout doit se montrer Fallait-il offrir une publicité à une oeuvre mineure et ratée de Tennessee Williams ? La réponse est singulière : lui donner une publicité en la dénaturant et lui donner peut-être le souffle qu'elle n'avait pas. Les « diables bleus », ce spleen un peu morbide d'un dramaturge célèbre, est donc un roman intéressant qui n'est cependant pas un chef d'oeuvre. Trop bavard parfois, il reste en surface et plonge parfois le lecteur dans un certain ennui. Il est en quelque sorte « daté » et superficiel. le propos est celui d‘une grande d'histoire d'amour qui n'est finalement qu'effleurée et que le lecteur suit de manière lointaine et presque clinique. L'auteur a été bouleversé par une histoire dans laquelle il s'est finalement un peu perdu, comme son lecteur. Ce livre que je n'aurais sans doute pas lu sans Babelio et Masse critique me laisse finalement indécis et perplexe.
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