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Citations sur L'homme apprivoisé (6)

Il boit le dernier reste de café. Un petit nuage farceur, surgi d'on ne sait où, jette pour un moment une ombre sur la terrasse.
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Josefin est partie. Il aurait voulu se mettre debout, la prendre dans ses bras, l'embrasser, l'emmener au lit pour faire la paix ; mais il n'a pas trouvé la force de s'approcher d'elle, encore moins de la toucher, il a eu peur. Il reste assis, les yeux fixés sur la porte par où elle vient de sortir, avec dans le brouillard effrayant de son cerveau rien que des pensées vacillantes et sans forme. C'est sans retour, il en est à présent convaincu, cette femme ne s'ouvrira plus jamais pour lui.
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Une pensée l'obsède : Depuis quand est-il un boulet pour cette femme sans qu'il s'en soit rendu compte ?
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Et il n'ouvre plus les pages culturelles. Il est dégoûté face au trop-plein d'informations sur les scandales touchant les célébrités, dégoûté par les lynchages, par ces victimes de harcèlement, toujours plus nombreuses, qui, habillées à la dernière mode, réclament de l'argent. Il abomine le politiquement correct qu'il considère comme un rejeton du puritanisme, et qui est coupable de sa chute ; mais il se garde bien de le dire, même à Josefin.
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La docteure lui a expliqué que ce genre de sentiments, culpabilité et auto-apitoiement, sont des restes de la dépression que la paroxétine n'arrive pas à contrôler. Elle lui a dit que le cachet était comme un excellent gardien de but qui laisse parfois un ballon entrer dans sa cage. Elle cherche presque toujours une comparaison footballistique pour expliquer les problèmes : elle a longtemps pratiqué ce sport. Lui, il s'est dit que le cachet était comme un gardien qui encaisse des buts toujours du même côté, mais l'image lui est venue après qu'il est sorti de la consultation. Il a perdu les réflexes, l'étincelle, l'envie de provoquer avec des traits d'esprit.
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Non, il n'avait pas idée de l'endroit ou il allait vivre après le 31 juillet. Il se sentait enore dans le brouillard, sans visibilité pour faire des projets. Il avait presque quarante jours de sursis. La seule chose dont il était sûr, c'était qu'il ne resterait pas à Merlow City. Et le plus probable était qu'il ne pourrait pas non plus rester aux Etats-Unis : son visa de travail était encore valable un an, mais avec la clause qu'il travaillerait exclusivement à Merlow College, et à présent qu'il avait été licencié, il perdait sa validité. L'avocate de Caridad lui avait fait savoir que s'il obtenait une autre offre de travail, le visa pourrait éventuellement être revalidé. Mais qui allait lui offrir un emploi ? Il pouvait déjà s'estimer heureux que la plainte contre lui ait été classée, et de ne pas être dans une prison pour migrants dans l'attente d'être renvoyé au Salvador.

La semaine suivante, Josefin et Erasmo s'étaient vus à nouveau au Whole Bean. Il ne savait pas si elle acceptait leurs rencontres par curiosité professionnelle, pour effectuer un suivi de son cas, ou si elle avait un autre intérêt caché. Cela lui importait peu. Il avait besoin de compagnie, de soutien, de quelqu'un avec qui parler, qui comprenne ses peurs et ses angoisses. Le type à la grosse barbe noire n'était pas réapparu ; cela aurait été une bêtise d'envoyer de nouveau le limier qu'il avait déjà repéré. De toute façon, ils pouvaient obtenir des informations sur leurs conversations à travers Josefin elle-même, rien de plus naturel, se disait-il. C'est pour cela qu'il s'abstenait de lui révéler ce qu'il pensait vraiment, le dégoût qu'il ressentait à l'égard de la société qui l'entourait, son profond ressentiment envers ceux qui l'avaient piétiné et le système qu'ils représentaient, et qu'il se limitait à exprimer des choses correctes, acceptables, qui ne la surprendraient pas. Sa peur était telle que, sans qu'il s'en rende compte, ses véritables pensées et opinions en étaient venues à se cacher dans une partie obscure de son cerveau.
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