"Les hommes ne naissent ni libres, ni égaux. Nous les voulons (nous nous voulons) libres et égaux dans une société juste et autonome - sachant que le sens de ces termes ne pourra jamais être définitivement défini, et que le secours que la théorie pourrait apporter à cette tâche est toujours radicalement limité et essentiellement négatif."
Les carrefours du labyrinthe - tome 1 - page 412 Koinônia
Si, par exemple, je soutiens depuis vingt-cinq ans qu'une société autonome devrait adopter immédiatement en matière de "rétribution", l'égalité absolue de tous les salaires, revenus, etc., ce n'est ni à partir de l'idée d'une "égalité/identité" naturelle ou quelconque des hommes, ni à partir de raisonnements "théoriques". Ce que de tels raisonnements montrent suffisamment, ce sont l'incohérence, les fallaces, les mystifications contenues dans toutes les prétendues "justifications" théoriques ("économiques" ou autres) de l'inégalité des salaires et des revenus. Mais la demande d'une égalité dans ce domaine a une visée et un sens qui dépassent de loin les considérations "économiques". Il s'agit des significations imaginaires qui tiennent la société ensemble, et de la paideia des individus. Il s'agit de détruire la motivation économique, en détruisant les conditions "socialement objectives" de sa possibilité : la différentiation des revenus. Il s'agit de détruire la "valeur" économique comme Proto-valeur selon laquelle la société est réglée et fonctionne. Et encore plus : il s'agit de détruire la signification imaginaire nucléaire, en ce champ, de toutes les sociétés dites"historiques" : celle d'une hiérarchie entre les hommes, quels qu'en soient la base et le masque.