Les premiers temps avaient été difficiles, j’étais très secouée et je pleurais beaucoup, pour un rien et parfois même sans aucune raison. Joël m’avait assuré que c’était normal, après tous ces chocs consécutifs. Et en effet, j’avais pas mal de raisons de pleurer. Je pleurais la mort de ma grand-mère une deuxième fois, maintenant que je me souvenais des circonstances qui l’avaient entourée. Je pleurais sur ce mariage qui n’aurait jamais dû être et qui m’avait entraînée loin de mes amis et de mes racines pour un résultat catastrophique. Je pleurais rétrospectivement sur la peur panique que j’avais eue quand j’avais cru ma dernière heure venue, deux fois de suite en si peu de temps.
Comment savoir ce que l’on va faire de sa vie quand on ne sait pas qui on est ? Quand on ne se rappelle pas de ce que l’on a vécu, qu’on ne sait même pas ce à quoi on aspire ? Pour avoir envisagé un instant une relation amoureuse avec Joël, je me posais maintenant une question qui ne m’avait pas effleurée encore : qu’avais-je vécu sentimentalement, avant de tout oublier ? Et allais-je m’en souvenir un jour ?
Quel bonheur de plonger dans l’oubli, maintenant que je sais qui je suis et ce qu’aimer à la folie veut dire !
Ce sont l’argent et le sexe qui mènent le monde.