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EAN : 9782490494002
Sable polaire (22/08/2018)
4.04/5   12 notes
Résumé :
Une histoire d’amour. Deux âmes emmêlées, la tête dans un ciel catastrophé, les corps passionnés et les pieds dans les sables mouvants de leur destin accidenté.
"C’était le genre de mec qui marche, se penche et ramasse un trèfle à mille feuilles. Le genre qui boit des cocktails de whisky-
cyprine, ombrelles chinoises en papier crépon, rondelles de citron, rebords sucrés, glaçons et vous parle des glaciers qui s’effondrent. Le genre à m’écouter disserte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

L'homme nécessaire /Bénédicte Martin
Ce roman est véritablement une histoire d'amour, un amour passionné et mouvementé, celui de deux âmes tourmentées, intriquées et emmêlées, toujours au bord de la catastrophe personnelle et intime ou cosmique et universelle. C'est l'amour des corps et des âmes de deux êtres qui ne sont bien nulle part dans un monde mouvant au destin incertain comme le leur.
Et on part en voyage forcément vers d'autres horizons, en Russie, en Sibérie, au Maroc, aux Antilles, en Asie avec une femme aux prises avec les tranquillisants et un homme asservi à l'alcool, tous deux victimes de songes emplis d'une succession d'alarme cataclysmique sur notre civilisation et la fragilité de nos existences qui ne tiennent qu'à un fil.
« Trois semaines passèrent ainsi en Sibérie. Des baisers, du thé, du patin à glace sur le bleu craquelé du lac. Des lectures, de la pêche, de la baise. »
« J'étais heureuse dans les anxiolytiques, lui dans son alcool. »
Une suite de scènes torrides, de digressions en tout genre aux allures wikipédiennes souvent intéressantes d'ailleurs, émaillées d'innombrables citations de grands auteurs, le tout dans style flamboyant certes, usant volontiers de la paronomase, -(Exemple : Dans nos privautés, je me suis revue flatteuse et fellateuse.) - quelquefois agaçant et prétentieux, souvent poétique mais parsemé d'excréments conférant une certaine vulgarité aux propos, le langage passant du sublime au plus cru, au plus trivial, sans érotisme aucun. L'auteure ne suggère rien et ne fait guère appel à notre imagination : tout est dit crûment et sans détour, livré comptant.
Une sorte de roman fourre-tout, écologique, fait le plus souvent de phrases courtes et péremptoires.
La gosse et son mentor extravagant sans écharpe pour un épithalame un peu spécial nous entrainent dans une suite de péripéties sur le fil du rasoir où les prouesses sexuelles prennent une place non négligeables dans une ambiance préapocalyptique pour vivre vite et pleinement une vie qui va s'achever : « En fait, nous vivions en viager le postlude de l'humanité…Le devenir de la grande histoire de l'homme était devenu bien douteux…L'homme à présent piégé à tout jamais dans ses ordures, dans la prétention qu'il a eu sur la nature, dans son inculture, dans son immense gâchis… » Dans son désespoir et un éclair d'espérance, l'homme dit avec émotion pour tenter de pérenniser son amour pour Bénédicte : « Gosse, va avec moi jusqu'à la fosse. Tu comprends ? Là, je te demande de m'épouser. Tu vois, tout n'est pas si désespéré. »
Se peut-il qu'une telle liaison amoureuse puisse perdurer quand Bénédicte lance à son amant dans les moments de tension : « Avec tes dehors soignés, tes joues pourprées d'air frais, les tunnels dérobés de tes formules, le lexique désuet de tes propos verbeux, tu saccages les beaux chemins de l'aventure. » C'est bien écrit certes, mais ça fait mal ! Et cela continue : « …ta phraséologie un peu pompeuse, la verbosité, la sensiblerie calculée, la désinvolture paramétrée, les formules stéréotypées … »
En définitive, ils ne sont jamais bien nulle part, qu'ils soient ensemble ou séparés.
La conclusion : « L'angoisse n'est rien devant la puissance du destin… La fin du monde se fera comme il se doit, mais ce sera plus long. Inéluctable, elle viendra et ça m'importera peu car grosse de mes batailles, j'aurai appris l'impermanence des choses et des êtres. »
Un roman à deux visages, un peu hétéroclite, mais qui se laisse lire.





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Bénédicte Martin me serait restée inconnue si je n'avais lu par hasard qu'elle avait été la compagne de Sylvain TESSON et quelle compagne !
Elle est connue pour ses talents d'écrivains et ses approches sans tabou sur le sujet de la féminité. Ses essais sur Colette et sur Simone de Beauvoir me tenteraient.
Cette autobiographie suscitait d'autant plus ma curiosité que comme vous le savez je m'intéresse beaucoup à Sylvain TESSON l'auteur mais aussi à sa personnalité.
Avec L'homme nécessaire j'ai été servie !!!
L'ouvrage est très intéressant à plusieurs titres.
L'écriture de Bénédicte Martin est talentueuse. Son style sans fard est direct. A la fois moderne et poétique selon les passages.
On découvre une femme d'une extrême sensibilité et d'une angoisse profonde et intime concernant notre monde et son avenir.
Mais surtout c'est une confession de femme passionnément amoureuse de S. TESSON depuis sa jeune adolescence alors qu'elle était l'amie d'une de ses soeurs.
Cette passion torride qu'elle décrit avec force détails psychologiques et sexuels et qu'elle vivra avec lui pendant deux ans (ils ont vécu ensemble) ira jusqu'à l'abnégation. L'amour qu'elle a pour lui qu'elle adore depuis toujours "à en crever a d'ailleurs certainement participé à beaucoup de ses choix personnels.
Elle accompagnera Sylvain TESSON en Russie, dans sa cabane, le suivra en escalade sur les parois rocheuses. Dans tous ses dangers, ses rêves, ses folies.
On découvre deux êtres terriblement angoissés (elle encore plus que lui), en errance et questionnements perpétuels sur la vie et le monde. Elle, addicte aux antidépresseurs et aux somnifères, lui à l'alcool.
On suit ce couple fabuleux, érotique et d'une grande intelligence, réunis par l'amour de l'écriture et de la lecture jusqu'à l'accident de TESSON et les jours qui suivent.
Ce qui m'a passionnée dans ce récit c'est l'analyse qu'elle fait de leur deux quêtes individuelles, réunies à la fois dans la fusion et la désespérance.
Le portrait sans concession qu'elle dresse de Sylvain TESSON cet amour absolu (qui n'aura dans sa vie aucune déclinaison possible) est féroce. C'est parfois un règlement de comptes (il y a de quoi aussi !) et parfois une ode à un amour quasi mystique.
Cet homme si fort devait la sauver du monde qui court à sa perte (de nombreux passages sur les dangers écologiques qui entraîneraient la planète à sa destruction font froid dans le dos).
Je brûle de vous en dire plus mais je m'abstiendrai !
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Livre acheté au hasard de la rentrée littéraire. Lu d'une traite.
C'est le premier ouvrage de Bénédicte Martin que je lisais, je n'avais donc aucun a priori. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Peut-être à une bluette sentimentale. Ce ne fut pas du tout le cas.
L'auteur maîtrise son récit même si parfois les phrases sont à mon goût (trop) amphigouriques (pour ne pas dire pompeuses) ; j'aime plutôt la simplicité et le minimalisme, un peu fourre-tout (l'écologie, les cataclysmes), et souvent très violentes et crues ; les scènes de sexe sont déballées à la face du monde sans voile, sans pudeur aucune.
Mais finalement ça fonctionne très bien.
L'histoire : un road movie amoureux aux quatre coins de la planète. le décor est posé dès les premières lignes.
Elle : la Gosse.
Lui : l'homme sans écharpe.
On reconnaît immédiatement un certain Sylvain T., pour peu que l'on ait lu ses ouvrages ; l'incontournable écrivain voyageur —l'infatigable, le grand baroudeur qui baroude, bourlingue, qui s'est cassé la figure en tombant d'un toit, qui cavale sans jamais se séparer de ses trois cartes Gold et Amex (j'ai bien ri à l'évocation de ce passage en pensant à Kipling, London, Kessel ou Cendrars) ; et l'auteur.

Ils s'aiment, ils se détestent ; nous ne sommes pas dans une très légère oscillation, mais embarqués dans des montagnes Russes. Comprenez : on est loin de la routine et du ronron d'un vieux couple pantouflard devant un bon feu de cheminée. Ça baise, ça nique, partout, souvent, très souvent, ça s'aime, ça écrit, ça voyage, ça s'écrit, ça se murmure des mots d'amours, ça s'insulte, ça se ronge, ça se grignote, ça part, ça revient, ça s'essouffle, ça se quitte, ça bande, ça mouille, ça débande, ça n'arrive plus à bander, etc).
L'image médiatique de l'homme sans écharpe s'effrite à mesure que l'on tourne les pages; et le moins que l'on puisse dire , c'est que Bénédicte Martin n'y va pas de main morte.
L'auteur égratigne, lacère le costume de cet homme qui semble pourtant si poli et si lisse ; elle dépiaute peu à peu l' âme bien pensante de son fougueux amant, celui qui fréquente souvent les plateaux de télévision pour y gouailler et y vendre ses ouvrages.
B. Martin excorie son amant, le racle. Puis hachure, rature à grands coups de crayons nerveux et indélébiles les aphorismes poétiques et lyriques dont lui seul a le secret.
La plume de l'auteur est affûtée, les phrases cinglantes. Ça fait mal. Ça fait très mal.
Les mots sont corrosifs et perforent lentement l'homme sans écharpe. À l'instar d'un talon aiguille d'une paire de stilettos à semelles rouge sang qu'elle enfoncerait dans son poitrail, tandis qu'il git sur le sol, ruiné une fois de plus dans les vapeurs d'éthanol.
L'homme sans écharpe apparaît sous les traits engourdis et éculés "d'un grand bourgeois débraillé avec son cigare mouillé", d'un bavard "rebellocrate" au compte bancaire bien pourvu ; d'un être tourmenté qui lui fait payer chèrement la facture d'un monde qu'il déteste, lui flanque en pleine face ses nombreux doutes, ses névroses et ses penchants pour la boisson.
Si vous cherchez un roman d'amour fleur bleue, tiède et sans saveur, ce n'est pas le bon choix ; si vous voulez un livre incisif, factuel, irrévocable, irréfragable et aux accents de sincérité, alors vous êtes en plein dedans.
Je me suis posée une question en terminant le livre . le roman de Bénédicte Martin est-il une fiction ? Un roman à clef ? Un roman d'amour ?
En tous cas, c'est courageux. Ça fait du bien.
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Quelle claque... Ce roman, (auto)biographie à peine déguisé, est d'une force rare. La plume, quoique assurée, révèle les faiblesses de son auteur et c'en est d'autant plus bouleversant. Quelle justesse, dans les sentiments décrits, quel rythme, quelle fuite en avant...
L'histoire d'amour, exceptionnelle, rentre en résonance avec nos propres turpitudes, comme si l'universel de la littérature touchait ici au plus intime : l'impuissance d'une amoureuse, les impuissances d'un amant.
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Un moment de lecture pas désagréable, un peu impudique forcément dans la mesure où toute ressemblance avec les personnages réels est fort probable.
La plume est alerte, l' auteur attachante, jolie et sexy à faire se damner un saint, fragile et instable, chimiquement dépendante ; le blabla ecologico - anxieux est un peu répétitif et fait un peu bourre-livre mais l'essentiel n'est pas là et on assiste impuissants au spectacle d'une ravissante tomber dans le panneau de ces pseudo aventuriers préoccupés uniquement de leur image et de leur ego, pleurer, survivre et revivre.
A lire en diagonale pour une immersion Paris Match avant de retourner aux lectures sérieuses.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Sache, petit con, que c’est parce que [...] tu n’évolues pas [...] que tu te dois de changer tout le temps de décor. [...]
Tu te fais le chantre du voyage léger car tu as trois cartes gold sur toi et ça, ça remplace tous les sacs nécessaires.
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Video de Bénédicte Martin (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bénédicte Martin
16 secondes nécessaires pour Pierre Desproges .Il était bien nécessaire que les écrivains de la revue Bordel sauvent la jeunesse ! Bordel "Pierre Desproges" : Avec : Chloé Alifax, Jérôme Attal, François Blistène, Emma Cosso-Merad, Philippe Dana, Philippe di Folco, Daniel Fohr, Jules Gassot, Gaudéric Grauby-Vermeil, Louis Lanher, Gilles Larher, Arnaud le Guilcher, Stefan Liberski, Alexandre & Timothée Macé Dubois, JP Christopher Malitte, Bénédicte Martin, Céline Navarre, Charles Nemes, Denis Parent, Tristan Ranx, Laurent Richioud, Christophe Rioux, Hugues Royer, Fanny Salmeron, Renaud Santa Maria, Philippe Sohier, Sébastien Thoen, Christine van de Putte, Pierre Vavasseur, Hélèna Villovitch, Gérard Walraevens.
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