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Citations sur Poèmes (41)

LE SOLEIL DE L'APRÈS-MIDI

Cette chambre comme je la connais bien!
Elle est louée maintenant, avec celle d'à côté,
à des agences commerciales. L'immeuble entier n'est plus
que des bureaux, courtage, import-export, et autres Sociétés.

Ah, cette chambre comme elle m'est familière.

Près de la porte, ici, se trouvait le canapé,
et devant lui un tapis turc ;
à côté, l'étagère et ses deux potiches jaunes.
À droite ; non, en face, une armoire à glace.
Au centre la table où il écrivait ;
et les trois grandes chaises de paille.
Près de la fenêtre se trouvait le lit
où nous avons fait l'amour si souvent.

Ces pauvres meubles doivent encore exister quelque part.

Près de la fenêtre se trouvait le lit ;
le soleil de l'après-midi lui arrivait jusqu'au milieu.

... Un après-midi, à quatre heures, nous nous sommes séparés
pour une semaine seulement... Hélas,
c'est une semaine qui dure encore.
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Mer matinale



Que je m’arrête aussi, pour une fois,
contempler la nature. Mauves scintillants
d’une mer matinale, bleu translucide du ciel,
jaune du littoral – noyés de lumière.

Que je m’arrête surtout avec l’illusion
que je les vois vraiment (ils m’ont paru ainsi
l’espace d’un instant) et point encore
les mêmes phantasmes et souvenirs,
mirages de volupté.
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Ithaque

Quand tu partiras pour Ithaque,
souhaite que le chemin soit long,
riche en péripéties et en expériences.

Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni la colère de Neptune.
Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, s
i ton corps et ton âme ne se laissent effleurer
que par des émotions sans bassesse.

Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni le farouche Neptune,
si tu ne les portes pas en toi-même,
si ton cœur ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long,
que nombreux soient les matins d’été,
où (avec quelles délices !) tu pénètreras
dans des ports vus pour la première fois.

Fais escale à des comptoirs phéniciens,
et acquiers de belles marchandises :
nacre et corail, ambre et ébène,
et mille sortes d’entêtants parfums.
Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums.

Visite de nombreuses cités égyptiennes,
et instruis-toi avidement auprès de leurs sages.
Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit.
Ton but final est d’y parvenir,

mais n’écourte pas ton voyage :
mieux vaut qu’il dure de longues années,
et que tu abordes enfin dans ton île aux jours de ta vieillesse,
riche de tout ce que tu as gagné en chemin,
sans attendre qu’Ithaque t’enrichisse.

Ithaque t’a donné le beau voyage :
sans elle, tu ne te serais pas mis en route.
Elle n’a plus rien d’autre à te donner.

Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t’a pas trompé.
Sage comme tu l’es devenu à la suite de tant d’expériences,
tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.
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AUTANT QUE POSSIBLE

Et si tu ne peux pas mener la vie que tu veux,
essaie au moins de faire en sorte, autant
que possible: de ne pas la gâcher
dans trop de rapports mondains,
dans trop d’agitation et de discours.

Ne la galvaude pas en l’engageant à tout propos,
en la traînant partout et en l’exposant
à l’inanité quotidienne
des relations et des fréquentations,
jusqu’à en faire une étrangère importune.

1913

Traduit du grec par Dominique Grandmont.
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APPORTS

Je reste à rêver… Mon apport à l’art est fait de sensations et de désirs… Quelques visages ou lignes entrevues, vagues mémoires d’amours inachevées… Mieux vaut m’abandonner à l’art. Il sait façonner une certaine forme de beauté, complétant la vie de manière presque imperceptible, combinant les impressions, combinant les jours…

(Traduction Marguerite Yourcenar / Constantin Dimaras)
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À L’ÉGLISE
J’aime l’église, ses bannières, l’argent de ses vases sacrés, ses candélabres, ses lumières, ses icônes et son ambon.
Quand j’entre dans une église grecque, avec ses parfums d’encens, ses voix et ses chœurs liturgiques, la belle prestance de ses prêtres aux chasubles étincelantes et le rythme grave de chacun de leurs gestes, ma pensée se retourne vers les grandeurs de notre race, vers notre glorieuse époque byzantine.

(traduction Marguerite Yourcenar / Constantin Dimaras)
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CHE FECE… IL GRAN RIFIUTO
Pour certains hommes, il vient un jour où il faut dire le grand OUI ou le grand NON. Celui qui l’a prêt en soi, ce OUI, se manifeste tout de suite ; en le disant, il progresse dans l’estime d’autrui et selon ses propres lois.
Celui qui a refusé ne regrette rien : si on l’interrogeait de nouveau, il répéterait NON — et cependant ce NON, ce juste NON, l’accable pendant toute sa vie.

Che fece… il gran rifiuto. Phrase empruntée à Dante (Enfer, III, 60) où elle s’applique au pape Célestin V qui « par bassesse » renonça à la tiare.

(traduction Marguerite Yourcenar / Constantin Dimaras)
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CIERGES.
Les jours futurs se dressent devant nous comme une file de petits cierges allumés, petits cierges dorés, chauds et vifs.
Les jours passés demeurent derrière nous, triste rangée de cierges éteints. Les plus récents fument encore, cierges froids, fondus et penchés.
Je ne veux pas les voir ; leur aspect m’afflige. Le souvenir de leur ancienne lumière me fait mal. Je regarde devant moi mes cierges allumés.
Je ne veux ni tourner la tête ni constater en tremblant combien vite la sombre rangée s’allonge, combien vite les cierges éteints se multiplient.

(Traduction Marguerite Yourcenar / Constantin Dimaras)
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LE SOLEIL DE L'APRÈS-MIDI

Cette chambre comme je la connais bien! Maintenant, ces deux pièces sont transformées en bureaux... Toute la maison est louée à des courtiers, à des marchands, à des Compagnies.
Ah, je la connais bien, cette chambre...
Près de la porte, ici, était le canapé, et, au pied, un tapis de Turquie. Tout près, l'étagère avec deux potiches jaunes. À droite - non, en face - l'armoire à glace. Au milieu, son bureau, et trois grandes chaises de paille. Près de la fenêtre, le lit où nous avons tant de fois fait l'amour.
Pauvres meubles, ils doivent encore exister quelque part...
Près de la fenêtre, le lit. le soleil de l'après-midi arrivait jusqu'au milieu.
Un après-midi, à quatre heures, nous nous sommes quittés pour une semaine tout au plus. Hélas, cette semaine dure encore.
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Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, riche en péripéties et en expériences. Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni la colère de Neptune. Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si ton coeur et ton âme ne se laissent effleurer que par des émotions sans bassesse. Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni le farouche Neptune, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton coeur ne les dresse pas devant toi.
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