J'ai lu ce recueil de
poèmes de
Paul Celan, choisis et traduits par
John E. Jackson, essentiellement pour la présentation en introduction, complète et rigoureuse (84 pages sur les 240 du livre) et son essai sur la poésie de
Celan. Je suis moins sensible à la traduction qu'il nous propose des
poèmes de
Paul Celan, mais tout cela n'est l'expression que de ma sensibilité et n'a en aucun cas, la moindre valeur de jugement : Autant de traducteurs, autant de sensibilités différentes qui emportent avec eux tels ou tels lecteurs...
John E. Jackson nous offre un éclairage, non seulement sur ce qui entoure la genèse des oeuvres de l'auteur mais aussi sur sa vie, ses influences, ses amitiés et détestations... tous, matériaux en oeuvre dans le «laboratoire » de la création poétique de
Celan.
Paul Celan, coupe, tisse, ajuste, accole les mots de la langue allemande : il invente un sens nouveau au vocabulaire pour dire ce qui ne peut être dit, « la Shoah » : Il faut faire table rase de tout sens antérieur et se coltiner avec la matière des mots : quête toujours insatisfaite, toujours incertaine, toujours renouvelée...
J'ai découvert ce poète à un âge où on est plus enclin à lire
Rimbaud et
Baudelaire ; je l'ai découvert dans la langue allemande avec « Todesfuge », et je me suis précipitée pour trouver une édition bilingue. Bien souvent, j'essaie de partager cette Passion ? Admiration ? Engouement ? (je ne sais pas quel mot convient et peu importe), et les retours que j'en ai me laissent souvent perplexe : Entre ceux qui pensent à la lecture de ses
poèmes que sa parole exclut (trop hermétique, trop difficile) et ceux qui estiment qu'elle se mérite (comme si elle était réservée à une élite intellectuelle ?!) sans compter ceux qui s'en fichent (ce qui est tout à fait leur droit).
Ce que je ressens, est peut être rien ou un peu de tout cela : Lire
Paul Celan, c'est aller au charbon. Alors certes, c'est « difficile », et je ne sais pas « si cela se mérite » mais j'aime le lire et le reste « je m'en fiche »...
«Nous vivons sous des cieux assombris et – il y a peu de vrais êtres humains. C'est sans doute la raison pour laquelle il y a aussi si peu de
poèmes.»
«Les
poèmes, ce sont aussi des cadeaux – des cadeaux aux êtres attentifs. Des cadeaux qui portent en eux un destin.»
Lettre à Hans Bender - Paris, le 18 mai 1960.
Paul Celan