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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L’énigme du quatrième film d’Egon Storm, ou l’éclatant labyrinthe littéraire de Pierre Cendors.

«Les lectures nous mènent au fond du monde plus loin que les voyages.»

Ce treizième livre et cinquième roman de Pierre Cendors, qui paraîtra en septembre 2015 aux éditions Le Tripode, forme une pièce maîtresse du puzzle de son œuvre, de cet univers cohérent et fascinant qui pullule de correspondances.

Inventeur d’une nouvelle forme cinématographique qui deviendra mythique, Egon Storm, cinéaste islandais visionnaire, vit retiré du monde. Depuis sa retraite, il a cédé les droits exclusifs d’exploitation de ses films à son ancien camarade d’études Karl Oska, faisant entrer son ciné-club menacé de faillite dans la légende future du cinéaste.

Dès la projection de Nebula, le premier film d’une œuvre annoncée comme une unique trilogie, le cinéma d’Egon Storm, «ovni cinématographique et prouesse technologique phénoménale», est devenu mythique.

«Artiste au sens où l’entendait la Renaissance, Storm, bientôt surnommé l’apprenti sorcier du cinéma islandais, devint ainsi le poète phare et le savant ouvrier d’une libération de l’image qui, dans la seconde moitié du XXIe siècle, bouleversa l’industrie cinématographique.»

Recevant le troisième et dernier long-métrage de cette trilogie, Oska découvre en écoutant l’enregistrement adressé par Storm l’existence inattendue d’un quatrième film, ayant pour personnage central un certain Erland Solness, énigmatique camarade de jeunesse du réalisateur.

Ainsi s’ouvre ce jeu de pistes borgésien, roman émaillé d’échos et d’indices dont l’aspect se transforme, de l’ombre à la lumière, au fur et à mesure de l’avancée du récit et du dénouement de l’intrigue.

Ayant pris contact avec Oska bien des années après, le fils d’Erland part dans un périple solitaire au bord de l’océan – confrontation avec le silence pour faire surgir ce qui est au-delà du visible, en écho au récit précédent de Pierre Cendors «L’invisible dehors» -, sur les traces de son père méconnu et du lien inexpliqué et visiblement ancien qui relie les deux hommes, Erland et Storm, suivant la piste de ce mystérieux et quatrième film.

«C’est là que je suis né une deuxième fois.
C’était en hiver, une fin d’après-midi. L’esprit vacant, je progressais à l’intérieur d’une ravine abritée de la bourrasque lorsque cela se produisit. L’océan était à portée de regard. Je ralentis, puis je m’arrêtai comme l’eût fait un cerf humant une présence dans le vent. Je ne parle pas d’un paysage, ni du ressac, ni même d’une lumière dans le ciel. Il n’y avait rien à voir. Rien de visible. Pourtant, mon regard était aussi alerte que si j’eusse eu, devant moi, le spectacle d’un incendie immobile, immense, un aperçu immatériel de l’âme du monde, la sensation puissante de ses harmoniques secrets.»

Dans ce roman où les œuvres littéraires et cinématographiques se répondent, où les niveaux de récit s’enchâssent et s’entrecroisent, l’histoire se noue comme un thriller, se penchant sur les correspondances entre imaginaire et réel, entre invention et miroir, formant un labyrinthe fascinant qui conserve sa part d’ombre même après son achèvement, comme le superbe «Lanark» d’Alasdair Gray, quête énigmatique qui s’organise autour du silence et de l’ombre, rappelant «Le soleil» de Jean-Hubert Gailliot.

Dédiée au plus haut comme celle de Pierre Michon, l’œuvre de Pierre Cendors semble poussée par une nécessité obscure, qui permet de révéler l’intériorité, qui révèle le sens caché du «poème sauvage d’une vie», le savoir inconscient à l’intérieur d’une expérience humaine «dans l’arrière-pays de la non-pensée, quelque part sous les astres de la volonté inconsciente, parmi les puissances oraculaires et les femmes-esprits aux paupières peintes de nuit ».

«Que sont les mots, madame, sinon des réservoirs d’énergie ? Des viviers assoupis qui, à la manière de ces flaques croupissant sur le lit caillouteux d’un torrent asséché, l’été, et pour peu que vous incliniez doucement votre ombre au-dessus d’elles, soudain révèlent une vie d’inertie frémissante ?»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/07/30/note-de-lecture-archives-du-vent-pierre-cendors/

Et vous pourrez rencontrer Pierre Cendors pour une soirée à la librairie Charybde le 1er octobre 2015.
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J'ai dévoré ce livre, après avoir fait la rencontre de son auteur au premier salon littéraire de France, et j'ai pu échanger avec lui lors d'une conversation d'on ne peut plus agréable avec Pierre Cendors.
Et ce fut avec le même charme que j'ai pu me plonger dans ce roman, qui m'a conquise totalement !
Il faut bien se l'avouer, dans la majorité des romans de nos jours, on retrouve des personnages pleins de bons sentiments, des écritures par certains égards bâclées et des références qui ,à mes yeux, devraient gentiment être glissées sous le tapis de l'ignorance humaine...
Cependant, c'est tout l'inverse dans Archive du vent, et c'est cela qui me rend si enthousiaste ! La plume est légère et fine, les mots bien tournés les références tout à fait variées !
Sans compter que l'histoire n'est pas une de ces vulgaires soupes de regrets et bonne conscience qui tente tout au long de son déroulement à nous soutirer quelques larmes..
Non, l'histoire est semblable à une douce mélodie qui vous accompagne ou vous berce...
C'est en lisant ce type de romans que je sais que la littérature a encore de beaux jours devant elle, et cela messieurs dames, ça n'a pas de prix !
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La poésie chamanique du cinéma réinventant le labyrinthe de la vie.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/10/02/note-de-lecture-bis-archives-du-vent-pierre-cendors/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Expliquer en quoi Archives du vent est selon moi un très bon livre est singulièrement difficile. J'ai l'impression que c'est un peu le genre de roman qui te piège dans son propre univers, ses propres références, sa propre logique… avant de te le laisser sortir un peu hébété, ravi mais pas forcément capable de lui rendre justice… Tu es alors sorti de son système de référence, des repères qu'il a savamment posés un à un, et si tu as le malheur de sortir certains de ses préceptes hors contextes, ils n'ont plus l'air de rien, alors que placés où ils étaient, dits de cette façon, ils décoiffaient. Je vais essayer tout de même, parce que bon, sinon, il n'y aurait pas de chronique, et ce serait dommage que je passe des heures à vous parler des livres qui ne m'ont pas totalement convaincue pour ne pas poster sur ceux qui m'ont vraiment emportée comme jamais… Mais sachez-le, c'est bien plus difficile !


On découvre au début du roman le personnage d'Egon Storm, réalisateur de génie qui a inventé le Movicône : un procédé révolutionnaire qui à partir des images dont on dispose d'acteurs et personnalités disparus permet de reconstituer toute une palette afin de leur faire jouer de nouveaux rôles. Il réalise trois films à l'aide de cette technique : Nebula, La Septième Solitude et le Rapport Usher, qui sortent tous à cinq ans d'intervalle. Cinq ans plus tard après le dernier, il fait parvenir à son projectionniste un ensemble de confidences où il évoque l'existence d'un quatrième et dernier film, Erland Solness…

Archives du vent, c'est toute l'histoire qui court, sinueuse, autour de ce film mystérieux, que le spectateur du roman ne découvrira peut-être un jour que par le plus heureux des hasard. Entre deux chapitres-fondus au noir, on découvre de nouveaux personnages : Egon Storm, qui nous semblait si lointain au début, alors qu'on ne le percevait que par ses confidences de réalisateur, nous apparaît plus touchant, plus familier, alors qu'on le côtoie plus directement ensuite ; Erland Solness, compagnon d'infortune et ami d'adolescence, se révèle pour Storm une source d'inspiration, plus profonde et inépuisable qu'en apparence… enfin, ses descendants aux multiples visages, oscillant tour à tour entre le réel et le fictionnel, à la fois obstacles et adjuvants dans la création d'Erland Solness, l'oeuvre. C'est difficile de bien décrire, parce que le livre est compliqué. Rien n'y est moins clair que les frontières entre le monde réel et l'autre-monde, bastion de l'imagination, et parfois reflet déformé, agrandi, amélioré de ce qui a déjà eu lieu. Mais ce n'est pas grave, parce que ça ne m'a jamais semblé inutilement compliqué. le flou artistique qui entoure certains passages, leur poésie diffuse, les décrochages de sens, les bonds de la logique et de la perception, tout semble avoir sa place dans ce roman.

(La suite sur le blog)
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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Captivant, envoûtant, hypnotisant

Quelle découverte, quelle écriture ! J'ai été embarquée dans un univers que j'aime. L'auteur nous emmène au frontière du réel, à la découverte d'un « autre réel ». Chaque phrase est poétique, lourde de sens. J'ai été complètement baladée à un moment me demandant même si je ne n'avais pas loupé quelque chose. Mais non, Pierre Cendors se joue de nous.
Il faut rester attentif durant cette lecture tant l'univers est singulier et empreint de mysticisme. Ajoutez à cela de nombreuses références cinématographiques et littéraires et vous obtenez « un texte aux pouvoirs étranges ».


Egon Storm, réalisateur islandais de génie, a créé une machine révolutionnaire, le « Movicône » lui permettant de faire rejouer dans de nouveaux films des personnes disparues après extraction à partir d'images d'archives, de toutes leurs expressions, gestes, intonations. C'est ce que l'on appelle le « Ciné Art-chive »( si tu as vu Forest Gump toi-même tu sais 😆). Un casting atypique et hors-norme où vous croiserez par exemple Hitler en poète maudit qui donne la réplique à Marlon Brando ... Oui il fallait oser !
Storm se retire du monde avant la diffusion de sa mythique trilogie laissant des instructions précises concernant son exploitation. Dans son dernier message il mentionne un certain Erland Solness, laissant entrevoir un quatrième film ....


Ce pitch n'est que la partie émergée, les strates sont nombreuses et je vous laisserai le soin de les découvrir ! Un mot : Foncez!
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Labyrinthique, onirique et méditative, chamanique et médiumnique, évanescente et granitique : telle est l'oeuvre de Pierre Cendors que l'on découvre à travers ces Archives du vent, jeu de solitaire mouvant et émouvant, étrange et fascinant, de casse-tête et de patience, sorti au Tripode le 17 septembre. La suite ici : http://ericdarsan.blogspot.fr/2015/10/archives-du-vent-linvisible-dehors.html
Lien : http://ericdarsan.blogspot.f..
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Magnifique roman tiroir où l'auteur se plaît à nous perdre pour mieux nous retrouver... Ecriture portée par une plume travaillée et profonde, Pierre Cendors nous livre une pépite en hommage au cinéma et à l'Islande.
Auteur à découvrir !
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