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Citations sur Minuit en mon silence (48)

La poésie, madame, c'est désimaginer le monde tel qu'on nous le vend. C'est découvrir qu'il n'est rien et que s'éveiller est tout.
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Si le poète a tort, si l'amour meurt quand un visage meurt, si son mystère n'est qu'un mirage et la beauté, une idole à tête creuse, alors, il n'y a pas, il n'y a jamais eu d'espérance. Alors les mythes nous trompent, les légendes nous mentent, chaque poème, chaque conte, tout art comme toute beauté, corrompt et égare.
Si le poète n'est qu'un vieil enfant et son poème un fil tremblant pauvrement tendu au-dessus de la vie, qu'il tombe. Son sommeil est plus cruel que le réveil. Qu'il tombe: son rêve nous assassine. Qu'il tombe et qu'on l'achève du talon s'il respire encore. Son cadavre continuerait à nous étouffer en crevant.
Mais si les mythes disent vrai, si l'on surprend en eux, comme le miroir de l'âme, le secret de notre secret, si le poète est un veilleur et le poème marque l'heure où un chemin rencontre notre ardeur, si la beauté est un oracle et l'empreinte encore fraîche, aurorale, d'une nudité originelle, alors un homme se doit d'écouter les voix futures de son désir. Alors un homme se doit à ce qui, enfoui en lui, devient souffle et réalité. Je ne crois pas qu'il faille d'autre courage que celui-là.
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Et parce que la parole ne peut aller beaucoup plus loin, j'écris ce silence qui ira seul ouvrir le chemin.
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La guerre nous a tous donné un nouveau nom. À l'ordre de mobilisation, notre peuple s'est dressé comme un seul homme. Cet homme était jeune. Cet homme de vingt ans avait l'âge de notre avenir.
Notre monde, lieutenant, est un tombeau vide. Les morts ne sont pas ceux qui, une fois la bataille achevée, ne reviennent pas de la guerre. Notre monde, lieutenant, est seul.
Et je ne suis que son silence.
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Un enfant meurt en chaque adolescent ; un homme naît de leurs cendres mêlées et ce goût de perte ou de feu opaque dure aussi longtemps que dure sa vie d'adulte. Nombreux sont ceux qui, dans la satiété de l'exil, oublient la brûlure exacte de l'enfance, la tension soleilleuse de leur sang.
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Moi aussi, un matin, j'ai aperçu Orphée s'enfoncer dans le bois. C'était le jour de sa disparition. J'étais là, dans la brume, seul parmi les arbres. Il est passé près de moi sans me voir.
Il marchait en se parlant comme on écrit une lettre à voix haute, lentement. J'ai oublié les premières phrases. Je ne me souviens que de la fin :

«Je sais que ma vie et la vôtre, ici bas, ne s'appartiendront jamais. Il y aura des instants où le dessin d'un visage, un regard qui tient le mien, la brûlure d'une silhouette, me feront douloureusement croire à votre existence. Je ressentirai cruellement votre absence auprès de chaque femme. Quelques unes, à travers elles, me laisseront vous effleurer. Les âges de ma vie se succéderont. Je vous oublierai souvent. Vous me manquerez toujours.»

Je crois que c'était un poème.
Il n'écrivait jamais de lettres.
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Tandis que nous marchions à travers les avoines, ces mots que je me répétais tout bas : l'amour est comme une première ligne de feu entre le monde sans mystère où il se vit... et la vie mystérieuse où, à chaque instant, il se joue en nous, jusqu'à la mort.
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Nulle vie ne dit ce qu'est un homme. Ce que nous sommes demeure inconnaissable. La géologie de nos heures et de nos humeurs, toute cette rumeur assortie de notre existence, coïncide rarement avec notre profondeur.
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Qu'on laisse un homme être ce qu'il n'est pas.
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Il y a en nous l'enfant qui nous quitte, cédant la place à l'adulte, et il y a l'enfance qui ne nous quitte pas, ne nous quittera jamais, quel que soit notre âge. Cette enfance-là n'a rien de commun avec l'inexpérience ou une puérilité enfantine. Cette enfance-là, madame, est en nous comme la voix muette de l'infini. Insondable. Insecourable. C'est un silence de neige autour de quoi tout se tait et écoute.
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