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Un texte court, il s'agit d'une lettre, une lettre qu'un homme qui pense mourir (nous sommes pendant la période la plus meurtrière de la guerre de 14-18) adresse à la femme qu'il pense aimer, Else, bien qu'il ne l'ait croisée que très rapidement, et que pas grand-chose ne semble s'être passé entre eux. Il l'appelle d'ailleurs Madame. Mais la lettre est très elliptique sur les faits tangibles, le scripteur s'attache plus à dépeindre ses états d'âme, ses ressentis, ses émotions, ses aspirations. On peut même se demander si cette femme à qui la lettre est destinée existe vraiment, où si elle n'est qu'un rêve, un mirage, un appel, au moment où le personnage qui l'écrit pense mourir. Où si cette femme entrevue n'est qu'un prétexte, pour dire, pour se dire, se révéler à soi-même au moment où tout doit s'arrêter.

Le projet du livre est ambitieux et séduisant, Pierre Cendors a, à priori, une belle écriture poétique et fine. Je ne suis pourtant pas vraiment entrée dans cette entreprise qui avait pourtant tous les atouts pour me séduire. J'ai trouvé au final l'écriture, comment dire, sur-écrite, un peu artificielle souvent, sauf quelque passages, enfin pour moi. Et les aspirations, les questionnements et les quêtes du personnages ne m'ont pas touchés, un peu artificiels aussi à mon goût, où tout simplement ne correspondant pas aux miens.

Je crois tout simplement que l'univers et la sensibilité de Pierre Cendors ne se superposent pas eux miens et que je resterai toujours un peu sur le bord du chemin, en me demandant bien pourquoi, parce que, par instants, il y a un projet, des fulgurances, qui me font penser qu'il y a là quelque chose.
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Septembre 1914, Werner Heller, jeune lieutenant de l'armée prussienne, poète et peintre à ses heures, est en permission à Paris. Durant ce séjour, de manière un peu fortuite, il fait la connaissance d'Else, une jeune française. La présence mais aussi la beauté candide de cette femme sont une révélation pour Werner. Poussé par ses sentiments pour elle, il lui demande l'autorisation de peindre son portrait. Else accepte, non sans éprouver un certain trouble au coeur. Mais le tableau du portrait ne se fera pas. Werner est subitement appelé à rejoindre son corps d'armée, la guerre prend de l'ampleur. La veille de partir, le jeune homme écrit une longue lettre à Else, une lettre-confession qui sera remise à la jeune femme.

Publié en 2017 aux Editions le Tripode, Minuit en mon silence est après Archives du vent le second roman que je lis de Pierre Cendors. Dédié à la mémoire d'Alain Fournier, le jeune et célèbre auteur du Grand Meaulnes mort prématurément à la guerre en 1914, et inspiré pour partie par sa correspondance, ce court roman épistolaire est d'une écriture à la beauté toute saisissante

La rencontre, les quelques moments qu'ont partagé Werner Heller et Else, le trouble qu'ils ont tous deux éprouvé, ont ouvert chez le jeune homme un sentiment qui le retient tout entier. le portrait d'Else jamais commencé, c'est le regard du féminin, de cette âme-soeur, de l'altérité en lui (Orphée et Orphia, sont deux personnages-clé souvent cités dans la longue lettre) que recherche Werner. Else est cette autre lui-même, elle est cette convergence de l'intime en lui, que même la guerre, le pressentiment proche de sa propre mort ne suffisent pas à atténuer.

Minuit en mon silence est un livre remarquable, qui mérite une vraie estime. Teintée de romantisme et d'idéalisme, il y a dans l'écriture de Pierre Cendors une poésie, une maîtrise, une retenue, une gravité et une érudition qui touchent au sublime. Un très beau roman.
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Minuit en mon silence de Pierre Cendors est conçu sous la forme d'une longue lettre d'amour rédigée par un officier allemand en septembre 1914 à l'attention d'une jeune femme rencontrée à Paris avant la guerre. On saura peu de choses de cette rencontre car on comprend très vite que cela serait hors de propos dans ce livre à la tonalité à la fois lyrique et sombre.

Un mot sur le nom de l'auteur, comme moi, vous avez peut-être noté la proximité sonore avec Cendrars et ceci d'autant plus que l'auteur suisse a été engagé volontaire pendant la Grande guerre, le payant d'ailleurs d'un lourd prix sur le plan physique. Si vous avez envie d'en apprendre davantage sur cette ressemblance des deux pseudonymes, quelques recherches sur Internet vous éclaireront mais l'auteur (je parle de Cendors) reste malgré tout entouré d'un halo de mystère et ses livres sont parfois décrits comme "indéfinissables" (ça ne m'étonne donc pas que je rame pour écrire ce billet).

La tonalité de ce livre est éminemment poétique, tendue vers cet amour idéalisé que le lieutenant Heller éprouve pour la belle Else, une inconnue ou presque. Leur conversation n'a duré que quelques heures. A un moment, cependant, la jeune femme s'est troublée, trahissant une émotion un peu plus forte. Heller emporte ce trouble avec lui comme un joyau et n'en demande pas davantage. Il n'espère rien d'autre, cette absence sublimée lui suffit. Ce chant d'amour est servi par une écriture magnifique et l'on comprend la référence à Rilke en quatrième de couverture.

Mais le livre comporte aussi une profonde intériorité. Heller ne pense pas que la guerre l'épargnera. Il se livre donc à une sorte d'introspection philosophique ou métaphysique tout en rendant hommage aux poètes. Les références au mythe orphique imprègnent l'ensemble du texte. le personnage de l'Ordonnance du lieutenant, est particulièrement sublime, à la fois grave, pur, insaisissable et pourtant... Bien entendu, il le surnomme Orphée. D'autres références littéraires émaillent ce petit bijou poétique à l'érudition douce. Je vous invite fortement à les découvrir.
Lien : https://leschroniquesdepetit..
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En me baladant dans la seule libraire de ma ville - hors une librairie spécialisée en bandes dessinées, comics et mangas et une autre en jeunesse -, je suis tombé sur deux livres de Pierre Cendors : Minuit en mon silence (2017) et son dernier roman, Vie posthume d'Edward Markham, édités par le Tripode. À noter que chez cet éditeur, il a également publié Archives du vent (2015).

Interpellé par la couverture et le nom proche de celui de Blaise Cendrars, j'ai suspendu quelques instants le vol de mes yeux sur ces deux livres, lu leur quatrième de couverture, les ai ouvert pour être définitivement convaincu de repartir avec ces deux livres dans ma besace par la mention de Ernst Jünger dans l'un des deux - Minuit en mon silence en l'occurence. Ce choix a été confirmé par l'un des deux libraires même s'il ne les avaient pas encore lu.

Minuit en mon silence est la longue lettre - le roman est court et tourne autour d'une centaine de pages - que Werner Heller, Lieutenant du 5ème corps d'armée prussien écrit le lundi 28 septembre depuis Merlenwald à une femme, Else. Renvoyé au front et craignant de ne pas en revenir vivant, Werner Heller, camarade d'un certain Ernst (Jünger) et dont l'ordonnance s'appelle Orphée, écrit une lettre d'amour à cette femme qu'il a connu avant la guerre mais redoute de ne plus la voir.

Roman très poétique et empreint d'une grande mélancolie sur la passion, l'amour (impossible) et la guerre aussi, Pierre Cendors écrit un livre d'une très grande intensité, d'une grande inventivité - par exemple, l'auteur appelle l'ami du Lieutenant Heller par son seul prénom, Ernst, et lui met dans la bouche ensuite une citation de Ernst Jünger - et d'une grande maîtrise de la langue (sans tomber dans le superflu), le tout au service de réflexions philosophiques (sur la liberté : "Existe-il ici bas une liberté qui rend libre ?", la condition d'homme : "Naître homme, sans doute, vous naufrage à vie", la mort, la guerre et évidemment l'amour).

Lisant peu et moins de romans qu'à une certaine époque, je ne regrette pas du tout ce choix - je vais d'ailleurs m'empresser d'aller lire la Vie posthume d'Edward Markham - qui s'annonce tout aussi passionnant - puis le reste de sa production.

Un court et grand roman à la fois.
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Le grand Môme.
Dans une longue lettre datée du 28 septembre 1914 adressée à Else, une femme croisée naguère et idéalisée depuis, le lieutenant prussien Werner Heller, à la veille d'un assaut qu'il pressent fatal, se confie en transcrivant son amour indicible pour une femme entrevue à Paris. Pour atteindre sa vérité et la rendre audible, avec une délicatesse extrême, Werner Heller va fouiller au plus intime de lui-même, fouissant les mots, approchant la zone flottante et féconde du silence intérieur qu'une nuit blanche peut révéler.
A travers une lettre testamentaire fictive faisant l'aveu de l'amour à une quasi inconnue, passante baudelairienne par essence, Pierre Cendors réveille la poésie, lui redonne souffle, l'alimentant aux sources anciennes et toujours vives de poètes portés en soi, qu'elles émanent de Rimbaud, de Rilke ou d'Alain-Fournier conservant le souvenir aigu d'Yvonne de Quiévrecourt croisée à Paris et se métamorphosant en Yvonne de Galais dans le Grand Meaulnes. Au chapitre X, quand Pierre Cendors narre l'agonie d'un lieutenant français, la main cachant une blessure mortelle, bien que les mots fassent comme une ouate, le lecteur est frappé par la tragédie de la guerre qui gicle aux interstices des phrases. le poète sera jeté en fosse commune mais Heller, en récupérant les papiers du mort peut y lire : « L'amour est comme une première ligne de feu ».
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Deux très courts textes achetés en même temps et lus à la suite l'un de l'autre puisque Bérengère Cournut ou plutôt son personnage de femme, Elisabeth, a répondu à la lettre écrite par le personnage de Pierre Cendors, Werner Heller. Pas besoin d'en dire plus que les quatrièmes de couverture.

Je suis restée assez hermétique au texte initial de Pierre Cendors : on ne peut pas vraiment dire que le style est poétique, la prose est poétique pour dire la reconnaissance amoureuse entre deux êtres qui n'auront pas nécessairement de vivre proches l'un de l'autre pour s'aimer. La distance peut nourrir cet amour et permettre à chacun de creuser sa propre intimité, son moi profond, exercice auquel le commun des mortels se livre difficilement. C'est un texte profondément méditatif, intérieur, écrit par un artiste qui sait la mort proche dans les tranchées de 1914.
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Subir un envoûtement à la lecture de ces phrases, qui coulent en nous, lecteurs chanceux d'avoir cet opus entre les mains.
Ce livre vous parle d'amour en une longue lettre vibrante.
1914 ? Heller lieutenant allemand croit sa fin proche. Il écrit à la femme française qu'il a rencontré juste avant la déclaration de guerre. Il devait faire son portrait mais la toile est restée vierge.
« Ce jeûne me rassurait sans m'illusionner. Devant vous, j'avais entendu une autre vie m'appeler à l'intérieur de ma vie. Loin d'être dupe sur la nature de mes sentiments pour vous, je veillai à ce que ceux-ci ne franchissent pas clandestinement une frontière sensible, la dernière, celle qui m'offrait encore un peu de terre ferme sous les pieds. Aussi me réfugiai-je dans un quotidien où j'étais sûr d'être le moins atteignable. »
En un condensé de mots précieux, de forme poétique, le lecteur voit éclore le sentiment amoureux.
Imagé et hypnotique, les mots coulent dans un temps suspendu entre l'immédiateté et l'infini souhaité.
« C'est une bouche close qui invite l'aveu, c'est les yeux d'une inconnue qui nous exaucent, c'est cette passerelle entre deux souffles, cette séparation des mondes brusquement abstraite dans la nocturne montée d'un désir. Et c'est cette senteur de bouquet déchiré dans l'oragée des corps. »
Le lecteur vit une aventure où il va faire le grand saut dans la beauté absolue de l'écriture de Pierre Cendors.
Tout y est vie qui pulse, les mots nous transpercent pour nous laisser pantois devant tant de magnificence.
« Les mots sont des yeux qui aident à sonder nos tréfonds, même à notre insu. »
Seul bémol, la police utilisée qui fait mal aux yeux.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 28 octobre 2019.
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Septembre 1914,

C'est le début de la guerre et tous les soldats espèrent déjà la fin du conflit pour pouvoir retourner chez eux. de son petit village où il a une permission, le lieutenant allemand Werner Heller écrit une lettre d'amour à une femme qu'il ne connaît pas et dont le souvenir l'accompagne dans les tranchées, face à la mort. Il ne sait que son nom. Un regard croisé à Paris, une main effleurée et un silence intense. La portée du silence est spéciale, puissante, plus bavarde et plus sincère que la parole.
Minuit en mon silence sont les mots écrits d'un jeune poète de sa garnison juste avant de mourir :
« Un jour, lieutenant, vous m'avez demandé pourquoi je m'étais engagé et ce que j'étais venu chercher dans cet enfer. La dévastation m'a conduit à cette guerre. Je n'ai pas besoin de vous dire que peu en reviendront. Et ceux qui en réchapperont seront tombés d'une autre manière. Moi, je suis tombé bien avant. Au moment de mon arrivée, je portais le deuil de mon enfance. J'avais vingt ans. Il était minuit en mon silence. »

Heller raconte dans sa lettre à Else un temps passé et ses césures, de l'enfance à l'adolescence et de l'adolescence à l'âge adulte. Il lui parle de l'amour qu'il a tout le temps cherché à travers les femmes de sa vie et qu'il nomme Orphia. Il lui dit la solitude et son avancée vers le front, la peur, ses hommes, et toujours le silence qui l'habite, le silence qui est comme une musique de mots.
Cette lettre peu ordinaire, si poétique, emplie de mélancolie et de passion retenue pour son idéal absolu qu'il écrit « inaccessible », est certainement l'ultime confession d'un homme qui se sait sacrifié.

Ce roman fait penser à d'autres histoires lues. L'auteur évoque la mémoire d'Alain-Fournier décédé en 1914, qui a écrit la magnifique histoire d'amour entre Augustin Meaulnes et Yvonne de Galais ; une silhouette qu'il voit lors d'un bal masqué, qu'il perd et qu'il recherche longtemps. le style épistolaire et la sonorité de la prose rappellent celui de Stefan Zweig, « Lettre d'une inconnue », et celui de Rainer Maria Rilke, « Lettres à un jeune poète », des auteurs du début du XXe siècle. C'est triste, idéaliste, chimérique et très beau.
Je vous recommande cette lecture…
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1914, Werner Heller - lieutenant du 5ème corps d'armée prussien - part pour le front.

Pressentant que cette guerre verra ses dernières heures, il profite d'une nuit pour écrire à cette femme, à peine rencontrée et pourtant reconnue et aimée.

Dans ces lettres, ce n'est pas tant le lieutenant prussien qui se livre sur l'amour que Pierre Cendors.

C'est en effet la voix de l'auteur que j'ai lu en filigrane de ces pages.

Une vision de l'amour comme une recherche d'absolu, d'une vérité intérieure, de cette profondeur intime cachée à chacun de nous.

Sauf si le silence se fait, dans la nuit et dans notre âme.

Cette oeuvre est d'une poésie incroyable, chaque mot est posé comme un joyau. Les phrases se savourent et se lisent, encore et encore, pour extirper chaque sens caché, chaque subtilité du langage.

Éblouissement du choix des mots, des concepts développés mais aussi, quelque part, frayeur. Peur d'un amour dont il doit être difficile d'être la cible. Comment un tel sentiment absolu pourrait survivre dans une vie structurée, si pleine de normalité ? Qu'il est beau d'être aimée mais personne ne semble pouvoir être à la hauteur de cette quête. Cet amour-là est de ceux qui semblent ne jamais pouvoir exister, que pour un bref instant d'éternité.

Incursion émouvante, pour moi, que cette première plongée dans cet univers si atypique que celui de Pierre Cendors.
Lien : https://allylit.wordpress.co..
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Court chef-d'oeuvre, hymne incandescent à l'ardeur d'un amour éperdu, lettre pour préserver l'illumination, sa solitude, nos « nudités nocturnales », toute cette vie plus forte et plus vraie que la prose poétique de Pierre Cendors nous laisse saisir en sa disparition. Hommage détourné à Alain-Fournier, Minuit en mon silence est exemplaire illustration dont Cendors invite à dévisager -dans la perte et les guerres qui hantent son oeuvre - la beauté et ses fantômes.
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