AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cigale17


Terra Alta est paru chez Actes Sud, mais pas dans la collection Actes noirs, on se demande bien pourquoi. Mon premier Javier Cercas a pourtant tous les attributs du roman policier. On part d'un fait divers : dans un mas isolé, un richissime couple âgé, les Adell, est assassiné ainsi que leur gouvernante. L'homme est un industriel local, gros employeur de la région. Sa femme et lui ont été torturés avant d'être tués. Melchor Marín, policier considéré comme héroïque, mais au passé trouble, va enquêter comme le lui demandent ses supérieurs. le récit va osciller entre présent et passé : au présent, l'enquête et la vie quasi monacale de Melchor ; au passé, les explications qui amèneront les lecteurs à comprendre comment ce délinquant, fils de prostituée est devenu ce policier complexe et talentueux.
***
Javier Cercas va s'attacher à nous dépeindre Melchor dans toute sa complexité. On assistera à l'évolution du jeune homme vers une certaine maturité, sa difficulté à prendre ses marques, sa méfiance et, pendant toute sa jeunesse et peut-être encore au présent, sa colère et sa rancoeur. Pendant un séjour en prison, un codétenu français l'initiera à la littérature en lui prêtant Les Misérables, roman dans lequel Melchor s'immerge. Il s'identifie aux personnages, Jean Valjean comme Javert, mais c'est vers ce dernier que va sa préférence, et de là vient son désir de devenir policier. La place accordée à la littérature se révèle importante. Au début, Melchor lit surtout des romans du XIXe siècle. Après la rencontre avec Olga, la bibliothécaire, ses horizons vont s'élargir. Devant sa réticence à sortir du XIXe siècle, elle va lui proposer des romans du XIXe siècle écrits au XXe… Je vous laisse découvrir les choix d'Olga et les appréciations de Melchor dans leurs discussions passionnées. Il devient un grand lecteur et subit à cause de cela l'ironie de ses collègues et de certains de ses supérieurs. Cercas choisit de situer son roman en Catalogne, dans cette Terra Alta où le souvenir de la guerre est encore très présent, comme d'ailleurs celui de la dictature, et où s'inscrit le désir d'indépendance. Par le biais d'un personnage secondaire, il sera brièvement question de la colonisation au Mexique. L'intrigue policière est bien ficelée, elle propose une vision du monde qui m'a semblé assez réaliste, ne faisant l'impasse ni sur l'injustice, ni sur la corruption des élites et en évitant, je crois, les clichés d'usage. J'ai beaucoup aimé ce roman, et je lirai très bientôt Indépendance. le dernier opus de cette trilogie devrait sortir en France courant juin.
Commenter  J’apprécie          390



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}