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Aleksandar Grujicic (Traducteur)Karine Louesdon (Traducteur)
EAN : 9782330165437
352 pages
Actes Sud (11/05/2022)
3.92/5   105 notes
Résumé :
Melchor quitte provisoirement sa Terra Alta d’adoption pour venir prêter main-forte aux services de police de Barcelone dans une affaire de tentative d’extorsion de fonds basée sur l’existence présumée d’une sextape. L’enquête doit être menée avec célérité et discrétion car la victime est la maire de la ville.
L’inspecteur plonge alors dans l’univers de la haute bour­geoi­sie catalane et de ses rejetons élevés au-dessus des lois. Protégées par un clan qui leu... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Après Terra Alta, Indépendance est le deuxième tome d'une trilogie policière. M'en étant rendue compte trop tard, et bien qu'il puisse aisément se lire indépendamment, je n'ai qu'une hâte, me plonger maintenant, rapidement dans le premier.
Melchor Marín, fils d'une prostituée a connu la prison avant d'entrer dans la police pour venger les assassins de sa mère. Après s'être montré héroïque en abattant quatre terroristes lors d'un attentat islamiste à Cambrils en 2017, il avait été affecté au commissariat de Gandesa en Terra Alta, une comarque à l'extrême sud de la Catalogne, une région supposée paisible.
Si la placidité rurale du commissariat lui fait beaucoup de bien, il n'en sera plus de même après la mort de sa femme Olga. Il demande alors d'être muté à Barcelone où il part avec son enfant Cosette. Puis, ne pouvant se défaire de ses pires souvenirs, il décide de retourner en Terra Alta.
2025. Alors qu'il songe à changer de carrière et à devenir bibliothécaire, tant il aime les livres, « Les Misérables » de Victor Hugo ayant bouleversé son existence, il doit à nouveau, quitter provisoirement sa terre d'adoption, appelé pour prêter main-forte aux services de police de Barcelone, où il doit intégrer momentanément l'équipe de l'unité centrale des enlèvements et extorsions.
L'inspecteur Melchor se retrouve alors au coeur d'une enquête où la célérité et la discrétion sont de mise, la victime étant la maire de la ville.
Celle-ci, Virginia Oliver, est victime d'un chantage à la « sextape », chantage financier qui va rapidement être assorti d'une demande de démission de l'édile. Il apparaît évident qu'il est le fruit d'une manoeuvre politique visant à déstabiliser la mairie pour favoriser quelques intérêts.
Très vite, l'inspecteur est sur la piste de trois hommes de pouvoir, issus des familles les plus puissantes de Barcelone et d'un quatrième issu d'un milieu moins favorisé que ces derniers. Melchor va devoir déterminer si les motifs de l'extorsion de fonds sont financiers, politiques, ou personnels, tout étant intimement mêlé.
En plaçant son enquête au sein de la haute bourgeoisie catalane, Javier Cercas met en évidence le cynisme et la corruption de cette caste de privilégiés à l'ambition décomplexée et démesurée. Il fait ainsi une violente critique de ces élites politiques et économiques barcelonaises qui se croient et la plupart du temps le sont, au-dessus des lois.
Javier Cercas porte un regard noir sur le monde politique espagnol et sur ce mouvement qui, en guise d'indépendance entendrait avant tout conserver celle de sa caste et c'est l'histoire récente du pays qui est présente tout au long de son récit avec notamment « le Procés », procès durant lequel des indépendantistes catalans ont été jugés devant la Cour suprême espagnole pour leur rôle dans la tentative de sécession d'octobre 2017.
Il est également beaucoup question de lutte des classes dans Indépendance avec une société où il y a les riches et ceux qui aspirent à l'être.
Javier Cercas sait parfaitement entretenir le suspense tout au long de son roman tout en livrant une analyse assez fine d'un mouvement régionaliste qui flirte avec le populisme. Pour moi, cette analyse inscrite au coeur de l'enquête donne toute sa saveur et son intérêt au polar.
Beaucoup de psychologie émaille ce roman avec des personnages jamais simples. S'ils ne sont pas bipolaires comme le sergent Vàszquez, ils sont souvent hantés par leur passé ou prisonniers de leurs secrets. Mais s'il est un personnage attachant dans ce roman, c'est bien l'inspecteur Melchor, cet homme dont l'indéfectible intégrité est mise à rude épreuve au contact des rouages du pouvoir où cynisme et opportunisme sont de mise. Comment ne pas être en empathie avec cet homme, qui, lors d'une courte peine de prison, grâce à son avocat, découvre Les Misérables de Victor Hugo, s'identifie à Javert et devient policier ensuite pour venger la mort de sa mère.
Ce livre est d'ailleurs un magnifique hommage aux écrivains et je laisse à Melchor le soin de nous délivrer ce message : « Alors, pour finir, je vous raconterai ce que j'ai aussi appris en lisant des romans. Ce que j'ai appris, c'est que les romans ne servent à rien. Ils ne racontent même pas les choses telles qu'elles sont mais comment elles auraient pu être, ou comment nous aimerions qu'elles soient. Et c'est comme ça qu'ils nous sauvent la vie. »
Indépendance est un polar politique à l'humour cinglant dans lequel Javier Cercas brosse un portrait terrible du monde politique espagnol, un monde mené par l'argent, une politique-fiction, violente critique des élites politiques corrompues.
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C'est bien la suite de Terra Alta et je crois qu'il faut vraiment avoir lu le premier tome pour comprendre toutes les subtilités du second et cerner encore mieux la personnalité du héros, Melchor.

Melchor, c'est l'archétype du véritable héros, celui qui agit, qui ne s'économise pas, qui réfléchit, qui aide, qui sauve et tout cela il le fait en endurant seul ses propres souffrances. Donc, de bonnes retrouvailles avec ce personnage auquel ne manque qu'un i pour le consacrer en véritable roi mage.

L'intrigue, plus ordinaire et plus banale que celle de Terra Alta, n'est encore une fois que prétexte, prétexte à mettre en avant la corruption d'une société avilie par sa richesse, un contexte politique imaginaire (Barcelone n' a pas eu sauf erreur de maire d'extrême droite, en tout cas pas dans l'après franquisme), des politiques accrochés à leurs intérêts personnels, de ce côté-là rien de nouveau. Après, il faut quand même s'accrocher pour suivre et ne pas se perdre dans la multitude de personnages, principaux ou secondaires, tous ayant leur importance.

Les références à la littérature sont moins nombreuses que dans Terra Alta, cela me paraît cohérent, sinon Javier Cercas eut abusé d'une recette trop bonne pour la savourer à nouveau aussi rapidement.

Les dialogues sont toujours excellents, ceux de la fin qui s'entremêlent méritent de ralentir dans la lecture. J'ai quand même eu besoin de réaliser quelques retours en arrière pour garder le fil.

Le titre me paraît peu approprié à l'histoire, l'indépendance éventuelle de la Catalogne n'étant traitée qu'en filigrane. La fin manque carrément de suspense, mais je crois qu'il ne faut pas voir les livres de Cercas comme des thrillers, plutôt comme des analyses sociétales et de ce point de vue c'est réussi.

Un peu en retrait par rapport par rapport à Terra Alta à mon goût. Je lirai le troisième bien sûr.

Un dernier mot : la mise en scène de l'auteur quelque peu publicitaire n'apporte pas grand chose si ce n'est peut-être d'éveiller le désir de lire Terra Alta chez ceux qui auraient abordé directement ce deuxième opus.
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Je suis vraiment désolée de constater que je ne suis pas en harmonie avec le concert de louange concernant "Indépendance".
Je me réjouissais pourtant vraiment de retrouver l'enquêteur Melchior qui m'avait régalé dans "Terra Alta".
Las ... Je n'ai pas du tout été conquise par l'intrigue d'un pseudo chantage à la vidéo concernant la Maire de Barcelone. le personnage de Melchior apparaît bien palot à Barcelone, il n'a pas de grand rôle dans l'enquête mis à part la toute fin (que j'ai trouvée particulièrement bâclée - personnellement j'ai dû m'y reprendre à deux fois pour relire le passage où l'on apprend que les méchants sont punis).
Plus encore j'ai trouvé les propos concernant la situation politique catalane très bavards : en gros, je résume, droite comme gauche sont complices, ils font de la politique, usent et abusent de la communication, et sont foncièrement corrompus.
Le personnage sympathique de l'avocat, que j'avais aimé dans "Terra Alta", joue les baby sitter pour la petite Cosette, et va disparaître subitement à la fin.
Et enfin, comme si cela ne suffisait pas, Melchior va démêler l'affaire qui est censée le tarauder depuis son enfance : connaître les circonstances dans lesquelles sa mère a été assassinée.
Mais on est très loin de " le Dahlia noir" de James Ellroy, son lointain cousin, et l'intrigue est ici cousue de fil blanc.
Non, vraiment, je suis navrée Monsieur Javier Cercas, mais je me suis profondément ennuyée à la lecture de "Indépendance" - je recommande aux Babeliotes la lecture de "Terra Alta" beaucoup plus enthousiasmante.
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Second opus de la carrière de l'inspecteur Melchor Marin, rompant exceptionnellement sa routine de Terra Alta pour donner un coup de main à ses anciens collègues barcelonais, dans une enquête de chantage et extorsion visant la maire de cette même ville.

Au-delà des personnages récurrents, Javier Cercas produit une charge violente sur la société dirigeante de cette province catalane en désir d'indépendance, ses soubresauts politiques et ses élites pas toujours très nettes. La vision offerte des rouages du pouvoir catalan est très édifiante : un monde d'impunité, de corruption et d'entre-soi.

J'avais bien apprécié le premier livre avec ce policier fragilisé par son métier et qui subit le pire dans sa vie personnelle. Ici, je le trouve noyé dans un dossier sans énergie et trop verbeux. le roman est structuré par de nombreux et longs dialogues. C'est un brin désarçonnant, ça frôle l'ennui en dépit d'un montage narratif entremêlant l'enquête et le récit/confession d'un protagoniste inconnu… dont on subodore l'identité rapidement ainsi que le twist final impliquant notre héros.
Amusante trouvaille, en revanche, de voir un clone de notre auteur s'inviter dans la narration.

Une lecture intéressante mais un avis mitigé (pour ce qu'il vaut).
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C'est un beau printemps pour les amoureux de littérature espagnole contemporaine avec la parution successive des romans de Almudena Grandes, Arturo Pérez-Reverte et Javier Cercas. Pour ce dernier, la suite de son splendide Terra Alta était impatiemment attendue et ce deuxième volet d'une trilogie annoncée, intitulé Indépendance, ne risque pas de décevoir les aficionados de l'auteur. Il est moins question de la région de Terra Alta, cette fois-ci, que de Barcelone, dans une légère dystopie, puisque l'action du livre est censée se passer en 2025, alors que la capitale catalane est dirigée par une première édile ultraconservatrice et xénophobe, entourée de conseillers issus de la grande bourgeoisie de la ville. Indépendance est un roman policier, bien sûr, avec une enquête sur un chantage à la sextape concernant la maire de Barcelone, mais aussi social et politique, où la question de l'indépendance de Catalogne, proclamée en 2017 puis suspendue par le gouvernement espagnol, représente une toile de fond prégnante. le personnage principal du livre, ce flic meurtri auquel la lecture des Misérables a sauvé la vie et qui rêve de devenir bibliothécaire, prend encore plus d'épaisseur dans ce deuxième tome de Terra Alta, avec ses méthodes et sa moralité très particulières, qui le hissent à la hauteur des plus grands policiers de la littérature. Il y a beaucoup d'humour et de malice aussi dans le roman et une mise en abyme délicieuse du précédent livre de Javier Cercas. Passionnant de bout en bout, Indépendance trouve une sorte d'acmé peu avant son dénouement, avec un entrecroisement virtuose de dialogues, situés dans des temporalités différentes, sans que jamais le lecteur ne perde de vue les différents fils narratifs. Après ce deuxième épisode qui aurait pu s'intituler Sexe, mensonges et vidéo, il n'y a plus qu'à attendre avec gourmandise l'ultime volet du triptyque, déjà paru en Espagne.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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critiques presse (5)
LeMonde
06 septembre 2022
Avec ce polar politique sur fond de chantage et de séparatisme catalan, l’écrivain espagnol signe une semi-dystopie à l’humour cinglant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeJournaldeQuebec
27 juin 2022
En nous offrant Indépendance, l’écrivain espagnol Javier Cercas poursuit la trilogie entamée en 2019 avec Terra Alta. Cela dit, il n’est pas nécessaire d’avoir dévoré le premier tome pour apprécier cette suite... qui peut se lire de façon indépendante !
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
12 mai 2022
Dans cette semi-dystopie, un brin déconcertante malgré son humour cinglant, Cercas ne se contente pas de pointer les risques pour une démocratie de se transformer en un régime oligarchique. Il les détaille avec une précision d’orfèvre et une clairvoyance particulière. Plus qu’un travail d’imagination, une mise en garde percutante lancée à tout l’Occident.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
09 mai 2022
Où l’on retrouve, mêlé à un chantage politique à Barcelone, Melchior, flic au grand cœur et à l’uppercut désarmant. Le grand Javier Cercas a encore frappé…
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeFigaro
05 mai 2022
L'écrivain espagnol continue lucidement de suivre ses obsessions, narrant comment dans le Barcelone de 2025, un inspecteur névrosé tente de résoudre une épineuse affaire de chantage à la «sextape».
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
De toute façon, dites-vous qu’en politique, c’est comme ça depuis la nuit des temps : une personne sans intérêt arrive au pouvoir aidée par les puissants, le pouvoir transforme cette personne sans intérêt en leader charismatique (c’est ce que produit le pouvoir, aussi bête que soit cette personne) et le leader charismatique se défait ou il essaie de se défaire des puissants qui l’ont aidé. Depuis la nuit des temps.
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Un scandale fait la une de la presse, envahit les infos à la télé et à la radio, sature les réseaux sociaux, et le lendemain plus personne ne s’en souvient. Sauf ceux qu’il a éclaboussés et dont il a détruit la vie bien sûr… Eux, ils s’en souviennent, ils s’en souviendront toujours. Mais les autres, la horde, non, eux ils l’oublient aussitôt, ils sont trop impatients de sauter à la gorge de la victime suivante.
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Le cimetière est adossé au flanc d'une colline, à l'extérieur de Gandesa, et Melchor entend seulement le gargouillis des oiseaux et, de temps en temps, le moteur lointain d'une voiture qui serpente en direction de Vilalba dels Arcs et de la montagne de la Fatarella, dont la crête se découpe sur sa gauche, contre le ciel impeccablement bleu, hérissée d'éoliennes blanches qui tournent avec morosité dans la chaleur immobile de cette matinée de juillet.
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— Tu peux garder un secret ? demande l’inspecteur.
Melchor vient de lire un roman de G. K. Chesterton dans lequel un
personnage pose à un autre personnage cette même question et
reçoit la réponse suivante : “Si tu n’es pas capable de garder ce
secret, comment veux-tu que moi, je le garde ?” Comme il ne veut
pas agacer son ami, il répond :
— Bien sûr.
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Alors, pour finir, je vous raconterai ce que j’ai aussi appris en lisant des romans. Ce que j’ai appris, c’est que les romans ne servent à rien. Ils ne racontent même pas les choses telles qu’elles sont mais comment elles auraient pu être, ou comment nous aimerions qu’elles soient. Et c’est comme ça qu’ils nous sauvent la vie.
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Videos de Javier Cercas (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Javier Cercas
A l'occasion du Festival Etonnants Voyageurs à Saint Malo, Javier Cercas vous présente son ouvrage "Terra alta. Vol. 2. Indépendance" aux éditions Actes Sud.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2622570/javier-cercas-terra-alta-vol-2-independance
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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