Bon, vous l'aurez probablement compris, ce livre ne ressemble à aucun autre. Il est extrêmement particulier… L'auteur signale d'ailleurs, au début du livre, que plusieurs de ses proches, lorsqu'il a évoqué avec eux son projet, lui ont souligné le côté « casse-gueule » du sujet, de l'ambition… Mais, après tout, si l'on en croit
Sénèque, « Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles ». Alors il fallait oser.
Maintenant, que penser du résultat ? Disons d'abord que cela se lit très bien. Nous parcourons un spectre temporel large, essentiellement de 2001 à 2112, avec une très rapide incursion en 1923. Mais cela fonctionne plutôt bien, pas de souci.
Non, ce qui est un petit peu délicat – et je me surprend moi-même à penser cela, moi qui ai tendance à trouver que certains auteurs devraient veiller à ramasser davantage leurs histoires qui ne méritent pas forcément les 500 à 600 pages qui semblent désormais être la norme -, c'est que les 275 pages de ce livre sont trop courtes pour que l'on puisse considérer comme crédibles les remarquables résultats obtenus et décrits. C'est trop. Je prends un seul exemple mais il y en a plusieurs.
Fabien Cerutti évoque la résistance d'un président russe, qui parait se situer dans la droite ligne d'un Poutine – qui met le KGB sur la trace de Rébecca, pour faire avorter son beau projet. En 10 pages, c'est réglé et Rébecca, au prix d'un viol, certes, mais qui ne semble pas avoir réellement de conséquences par la suite, se sort du truc. Est-ce totalement crédible ? En tout cas, cela ne m'a pas semblé totalement convaincant. Or on peut naturellement imaginer que des résistances féroces au titre de projet qui est évoqué d'un mouvement mondial se feraient jour. Presque cela mériterait un livre rien que sur cet épisode.
En fait, autant les pistes de solution évoquées sont a priori effectivement le fruit d'un travail de recherche approfondi, autant l'impression est parfois que la partie purement géopolitique n'a pas vraiment intéressé l'auteur. Et, de ce point de vue, ma faim est restée insatisfaite. Là, j'ai par moment l'impression d'un survol, qui n'oublie pas de signaler les biais potentiels, ou les trahisons, ou les pressions, mais qui les signale pour mieux les écarter d'un revers de main.
Autrement dit, dans le dosage, j'ai eu l'impression que les évidentes difficultés de mise en oeuvre sont volontairement gommée, niée.
C'est divertissant, mais je suis malgré tout un peu sur la réserve, vous l'aurez compris…
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