Nous frapperons l'air neuf de nos têtes cuirassées
Nous frapperons le soleil de nos paumes grandes ouvertes
Nous frapperons le sol du pied nu de nos voix.
Premiers vers du poème Perdition
à la 61 e minute de la dernière heure
la ballerine invisible exécutera des tirs au coeur
à boulets rouges d'enfer et de fleurs pour la première fois
Tam-tam II
Pour Wifredo.
à petits pas de pluie de chenilles
à petits pas de gorgée de lait
à petits pas de roulements à billes
à petits pas de secousse sismique
les ignames dans le sol marchent à grands pas de trouées
d'étoiles
de trouée de nuit de trouée de Sainte
Mère de Dieu
à grands pas de trouée de paroles dans un gosier de bègue
orgasme des pollutions saintes
alleluiah
Fumez ô marais coeur d'oursin
Les étoiles mortes apaisées par des mains merveilleuses
jaillissent
de la pulpe de mes yeux
Fumez fumez
l'obscurité fragile de ma voix craque de cités
flamboyantes
Nous frappons l’air neuf de nos têtes cuirassées
nous frapperons le soleil de nos paumes grandes ouvertes
nous frapperons le sol du pied nu de nos voix
les fleurs mâles dormiront aux criques des miroirs
et l’armure même des trilobites
s’abaissera dans le demi-jour de toujours
sur des gorges tendres gonflées de mines de lait
et ne franchirons-nous pas le porche
le porche des perditions ?
un vigoureux chemin aux veineuses jaunissures
tiède
où bondissent les buffles des colères insoumises
court
avalant la bride des tornades mûres
aux balisiers des riches crépuscules
Je pars, je pars. Mer sans ailleurs, ô recreux sans départ
je vous dis que je pars
l'engourdissement bu à petites gorgées
capiteux tumultes de cavalcade
là où…
là où l’aventure garde les yeux clairs
là où les femmes rayonnent de langage
là où la mort est belle dans la main comme un oiseau saison
de lait
là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
de prunelles plus violent que des chenilles
là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois
là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux
là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d’une ruche plus
ardente que la nuit
là où le bruit de mes talons remplit l’espace et lève à rebours
la face du temps
là où l’arc-en-ciel de ma parole est chargé d’unir demain à
l’espoir et l’infant à la reine,
Batouque
Extrait 3
batouque
quand le monde sera, d'abstraction séduite,
de pousses de sel gemme
les jardins de la mer
pour la première et la dernière fois
un mât de caravelle oubliée flambe amandier du naufrage
un cocotier un baobab une feuille de papier
un rejet de pourvoi
batouque
quand le monde sera une mine à ciel découvert
quand le monde sera du haut de la passerelle
mon désir
ton désir
conjugués en un saut dans le vide respiré
à l'auvent de nos yeux déferlent
toutes les poussières de soleils peuplées de parachutes
d'incendies volontaires d'oriflammes de blé rouge
batouque des yeux pourris
batouque des yeux de mélasse
batouque de mer dolente encroûtée d'îles
le Congo est un saut de soleil levant au bout d'un fil
un seau de villes saignantes
une touffe de citronnelle dans la nuit forcée
…