Critique parue dans le courrier des lecteurs du nouvel obs du 13/07/2013 et portant sur le projet de supprimer le mot " race " de la constitution :
Une question de mots.
Aimé Césaire :
La Tragédie du roi Christophe ( 1963 ) extrait :
Christophe :
" Je demande trop aux hommes ! Mais pas assez aux nègres madame ! S'il y a une chose qui , autant que les propos des esclavagistes ,
m'irrite , c'est d'entendre nos philantropes clamer , dans le meilleur esprit sans doute , que tous les hommes sont des hommes et qu'il n'y a ni blancs
ni noirs. C'est penser à son aise , et hors du monde , madame. Tous les hommes ont mêmes droits. J'y souscris. Mais du commun lot , il en est qui ont
plus de devoirs que d'autres. Là est l'inégalité. Une inégalité de sommations , comprenez-vous ? A qui fera-t-on vroire que tous les hommes , je dis
tous , sans privilège , sans particulière exonération , ont connu la déportation , la traite , l'esclavage , le collectif ravalement à la bête , le total
outrage , la vaste insulte , que tous , ils ont reçu , plaqué sur le corps , au visage , l'omni-niant crachat ! Nous seuls , madame , vous m'entendez , nous
seuls , les nègres ! Alors au fond de la fosse. C'est là que nous crions ; de là que nous aspirons à l'air , à la lumière , au soleil. Et si nous voulons
remonter , voyez comme s'imposent à nous , le pied qui s'arcboute , le muscle qui se tend , les dents qui se serrent , la tête , oh ! la tête large et froide !
Et voilà pourquoi il faut en demander aux nègres plus qu'aux autres : plus de travail , plus de foi , plus d'enthousiasme , un pas , un autre pas , encore
un autre pas et tenir gagné chaque pas ! C'est d'une remontée jamais vue que je parle , messieurs , et malheur à celui dont le pied flanche ! ''
Ah quelle est génante la pensée noire !
Un débat qur CSOJ m'a particulièrement scandalisé , un homme agé communiste , et une jeune femme noire soutenaient le projet de loi de François
Hollande visant à supprimer le mot race de la constitution.
Outre le fait que ces occidentaux bien grimés d'une autre époque n'aient pas tout à fait saisis la cause qu'ils défendaient , la fainéantise convenue de
leur argumentation semblaient trahir les personnes qu'ils prétendaient défendre , et que nous aussi l'on se doit de défendre véritablement ; non pas par
nostalgie pour une époque en partie révolue , non pas pour sauver notre âme d'anciens colons , ou pour se dorer la tranche , mais pour l'autre , et pour
ce que l'époque était véritablement.
L'époque de l'assujetissement inadmissible , et du dur affranchissement ;
Léopold Sédar Senghor ,
Aimé Césaire , deux grands poètes et écrivains
français annihilés.
Nègre. Mot ordurieux. Repris , sublimé , transformé , " faute de mieux " selon
Césaire par un courant intellectuel africain provocateur , scandaleux
, génant .
Selon
Césaire :
« La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture. »
».
Oui , il fut une époque ou l'on se définissait comme " nègre " pour s'affranchir , pour se libérer , pour prendre l'arme au blanc impérieux et la retourne
r contre lui-même , on ne construit pas l'identité des noirs avec des mots , désormais ils allaient les reprendre à leur compte ,
les mots , " faute de
mieux "
les mots allaient devenir leur arme la plus puissante , celle qui appartenait à l'adversaire.
Comment des hommes ont ils pu s'affirmer qu'ils étaient fiers de leur " race " noire , des écrivains , des intellectuels , des hommes éduqués en France!
Une affaire de mots sans doute ; mots pour définir une nouvelle culture " Négro-africaine '' pour le grand écrivain
Léopold Sédar Senghor , élu premi
er président de la république démocratique du Sénégal ,ne renier ni son héritage Français et européen , ni ses racines africaines.
C'est une question de mots , alors le movement de " négritude " on s'en fout , c'était une autre époque , c'était peut-être un grand écrivain , mais c'est
une question de mots , les choses ont changé , le monde a changé - il a peut-être combattu pour l'affranchissement , et la liberté du peuple noir , mais
c'était une question de mots , alors
Senghor on s'en fout.
Une question de mots ;
François Hollande n'est pas à la hauteur de
Léopold Sédar Senghor.
Quelle mépris , quel assassinat de l'histoire ; quelle annihilation ; peut on supprimer le mot Shoah , peut on supprimer par mauvaise conscience les
blessures indélébiles du passé ?
Lisez
George Orwell messieurs les minstres , plutôt que de supprimer les bouses aux mérites pour les étudiants en difficulté financière , sâchez qu'au
bac philo on a appris que '' c'est dans
les mots que nous pensons " , sans
les mots , il n'y a pas de passé , il n'y a pas de souvenir , sans
les mots il
n'y a pas d'avenir , il n'y a pas d'être.
En quoi une idéologie peut-elle se retrourner contre la cause qu'elle croyait défendre ?
Franz Fanon. Psycanalyste , penseur éduqué ,
Les damnés de la terre , même si je ne suis pas forcément d'accord , celui-ci affirme
" (Q')il n'y a qu'une seule voie pour l'homme noire , et elle est blanche "
Scandale chez les anciens colons , que les noirs ne se mettent surtout pas à nous imiter !
Soumis , anciens esclaves sans identité , pointés du doigt , personne ne veut admettre l'esprit torturé , angoissé , complexe , ambigue , violent ,
apeuré , inquiet , blessé , mais somme tout glorieux de la pensée noir de cette époque ; et même si elle n'est qu'une étape tragique comme
le disait
Sartre , le fait que la tentative d'affranchissement intellectuel , culturel , social et politique d'une époque n'ait pas été saisis par ceux
qui prétendent defendre de grandes causes n'est à la hauteur de personne ; quand au gouvernement Hollande-Ayrault sa superficialité
d'apparence la nie.
Ca va bien plus loin qu'une question de mots.