Grâce aux éditions VOolume et à l'accès privilégiée qu'elles m'ont accordé sur NetGalley, j'ai la possibilité de découvrir des romans qui ne m'auraient peut-être pas attirée au premier abord.
Je ne connaissais pas
Nelly Chadour ; effectuant quelques recherches, j'ai trouvé ce portrait succinct mais évocateur sur le site des Moutons électriques : « née un 8 février comme
Jules Verne,
Nelly Chadour a étudié la littérature à Nantes et vit en région parisienne avec ses deux chats, ses livres, ses tatouages et sa radio dégueulant de la musique qui endurcit les moeurs ». Je n'ai pas cherché plus loin car cela correspondait assez à l'ambiance du roman que je venais d'audio-lire…
Hante Voltige, drôle de titre en forme de jeu de mots…
Les pelotons de voltigeurs à moto étaient des unités de polices chargés d'intervenir en binôme dans les manifestations ; normalement dissoutes après de graves bavures policières, on a pu les voir réapparaître sous un autre nom lors du mouvement des Gilets Jaunes…
En sport, faire de la haute voltige revient à exécuter des acrobaties aériennes très difficiles… Au sens figuré, cela décrit une action périlleuse, complexe, délicate qui exige une certaine maîtrise…
Mais ici, il est plutôt question de hantise, c'est-à-dire du caractère obsédant d'une pensée, d'un souvenir, ou encore d'une crainte ou d'un tourment constants ; ce sont les revenants qui hantent et persécutent les vivants.
Voilà un panorama non exhaustif des ingrédients réunis dans ce livre…
Hante Voltige appartient à un genre particulier, le fantastique urbain… Son sous-titre en dit déjà un peu plus : Paris est une bête…
Si vous voulez plus de précisions : « 50% flic, 50% spectre, 100% fatal ! »
Une plongée dans les années 1980, parfaitement contextualisée. Vous souvenez-vous de la mort de Malik Oussekine, cet étudiant tué par des voltigeurs en 1986 lors des manifestations contre le projet de loi Devaquet ?
Un tueur psychopathe… Un motard casqué hante, de nuit, les rues de la capitale et bastonne à mort maghrébins et contestataires de tout poil ayant le malheur de croiser sa route.
Trois jeunes punks, Fusain, Byron et La Santeria mènent l'enquête. Parmi eux, un artiste, un Irlandais au français approximatif et un dandy aux airs précieux ; ils évoluent dans le Paris underground et affrontent des spectres dans les catacombes afin d'arrêter cette menace sans visage, cachée derrière son casque noir. Ils vont croiser Leila, une jolie beurette, et une bande de vieux sages berbères pleins de ressources, veillant accessoirement sur une créature maléfique.
Ce roman m'a d'abord un peu déroutée : c'était foisonnant, cela partait un peu dans tous les sens, la tonalité était très familière, les personnages à la limite de la caricature, l'humour un peu lourd… de plus, dans la version audio, lue par
Alexandre Cardin, tout cela me paraissait vraiment trop accentué par la voix et le débit du narrateur.
Il m'a fallu prendre un peu de recul pour apprécier toutes les problématiques développées dans ce court récit et comprendre leur résonnance aujourd'hui. En effet, le racisme, les inégalités sociales, les violences policières, les déni de démocratie sont, hélas, toujours d'actualité.
La métaphore du spectre et de la bête immonde, le style de thriller fantastique haletant servent d'écrin à une peinture à la fois réaliste et farfelue de notre société où les jeunes n'ont plus foi en l'avenir, ou les politiques sont incompétents et/ou malhonnêtes, où la police bénéficie d'une forme d'impunité pour encourager les formes les plus violentes de répression et entretenir la peur des éventuels rebelles à l'ordre mal établi.
En conclusion : pas trop mon style mais intéressant à plus d'un titre.
#HanteVoltige #NetGalleyFrance
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