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Citations sur Pourquoi perd on la guerre ? (3)

Dès la chute de Bagdad, les autorités américaines multiplient les erreurs dues à une impréparation politique et culturelle.

Tandis que Donald Rumsfeld se contente de protéger le ministère du Pétrole, Bagdad est le théâtre de dégradations et de pillages. Ceux-ci étaient en partie le fait des détenus de droit commun que Saddam Hussein avait libérés, à dessein, durant le conflit. Aucun couvre-feu ne fut décrété. L’insécurité urbaine fut constante pendant plusieurs semaines et les dégâts matériels ont été importants.

Sur les conseils d’Ahmed Chalabi, un chiite qui avait gagné à Washington la confiance des néoconservateurs, l’armée irakienne et la police – soit plus de 500 000 hommes – étaient renvoyés dans leurs foyers. La directrice du MI5 britannique, Eliza Manningham-Buller, demanda qu’on ne procède pas à une telle mesure. Paul Wolfowitz, probablement conseillé par Ahmed Chalabi, refusa, une bonne partie des officiers de l’armée irakienne étant sunnites (l’année suivante, les autorités américaines soupçonnèrent Ahmed Chalabi de travailler pour l’Iran).

De mai 2003 à juin 2004, Paul Bremer est désigné comme administrateur de l’Autorité provisoire de la coalition. Le fait que ce poste ait été créé indique qu’une période d’occupation venait d’être décidée puisqu’aucun gouvernement n’était formé, même pour une période transitoire. Or les Kurdes comme les chiites disposaient de cadres.

Par ailleurs, après le renvoi de l’armée, Paul Bremer fit savoir que tout membre du parti Baas (600 000 adhérents), quel que fût son échelon, ne pouvait faire partie de la future administration du pays. Le nombre des cadres supérieurs ne dépassant pas quelques dizaines de milliers, cela revenait à marginaliser les sunnites. Faute capitale.

Jamais un État anciennement communiste n’avait rejeté ainsi en bloc tous les membres du parti. En effet, devenir membre du parti, aux échelons inférieurs, était la garantie d’avoir un emploi. Cette mesure, en excluant les sunnites de l’échiquier politique au profit des chiites – que les sunnites considèrent comme hérétiques – et des Kurdes – qui n’étaient pas des Arabes et qu’ils avaient combattus depuis la création de l’Irak –, était intolérable pour eux. Les sunnites se percevaient comme les dirigeants légitimes depuis la période ottomane, durant celle du mandat britannique, puis de la royauté, enfin sous tous les régimes républicains suivants.
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Mao Zedong, sans le formuler de façon théorique, car ce qu’il innove n’est pas orthodoxe au regard de la théorie marxiste, axe la mobilisation non vers le prolétariat – squelettique en Chine et défait lors des insurrections urbaines menées par la gauche du Parti –, mais sur la paysannerie pauvre. Il a pu constater, au cours d’une expérience de terrain, que celle-ci est mobilisable à condition d’être encadrée.

Grâce à l’application de cette ligne hétérodoxe avec l’aide de cadres qui s’insèrent dans les villages auprès des paysans et développent un travail de propagande et de mobilisation prolongée, il va pouvoir passer de la guérilla à la guerre révolutionnaire. Celle-ci utilise les mêmes méthodes : surprise, mobilité et harcèlement. Mais son but est différent : il s’agit de permettre la constitution progressive non d’éléments irréguliers, mais de forces régulières et non pas d’affaiblir une armée régulière, mais de s’emparer du pouvoir par une guerre d’anéantissement. Pour parvenir à ce résultat, l’insurrection paysanne organisée en guérilla représente une étape ; elle est destinée à servir d’auxiliaire à une armée régulière en voie de constitution. Elle joue donc le rôle d’une armée de partisans puisqu’elle a pour vocation d’épauler l’armée régulière qui portera le coup décisif lorsque l’adversaire sera affaibli.

L’innovation de Mao Zedong – transformer la guérilla en guerre révolutionnaire afin de s’emparer du pouvoir – ne sera perçue que bien après sa victoire en 1949. Les seuls ayant compris l’originalité de la démarche et des méthodes révolutionnaires chinoises sont les hauts cadres vietnamiens, en contact avec la Chine en guerre civile. Ils sauront mettre à profit ces leçons lors de la guerre du Vietnam, infligeant aux forces coloniales françaises la défaite de Diên Biên Phu en 1954.

La victoire de 1949 était inattendue. Qui, deux ans plus tôt, aurait donné Mao gagnant ? L’aide américaine aux troupes nationalistes était considérable. Staline, pour sa part, conseillait à Mao d’établir un gouvernement de coalition avec le Guomindang. La contribution de Mao, à travers ses écrits et la pratique de ses forces armées dans lesquelles l’action du maréchal Zhu De n’est pas mince, est à la fois politique et militaire : mobiliser la population grâce à des cadres organisés en infrastructure politique clandestine ; transformer, avec le temps, sa faiblesse en force par une guerre prolongée ; gagner à sa cause les prisonniers de l’armée nationaliste pour en faire des propagandistes de choix ; user de défensive tactique dans le cadre d’une stratégie offensive dont le but final n’est rien de moins que la suppression de l’adversaire. En effet, dans une guerre civile, il ne peut y avoir de compromis ; on ne peut accéder au pouvoir que si l’ennemi est terrassé.
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A la fin du XVIIIe siècle, soit un siècle avant la période coloniale européenne en Afrique, l’islam est en marche. On y constate l’influence dynamique du soufisme de la Qadiriyya (né à Bagdad au XIIe siècle), véhiculé à partir de l’Égypte et qui domine chez les Peuls du Sokoto (Nigeria actuel) et, par la suite, de la Tijaniyya (fondée au XIXe siècle), plus populiste, sans compter celle du rigorisme wahhabite, toujours chez les Peuls disséminés dans tout l’Ouest africain : Fouta-Djalon, Macina, Fouta-Toro et, en pays haoussa, comme chez les Toucouleurs, etc.

En marge de la traite, qui a joué un rôle très important dans l’océan Indien avec Zanzibar pour épicentre (rôle du sultanat d’Oman et des commerçants indiens musulmans), il faut rappeler aussi que la résistance à la pénétration européenne a été très souvent le fait de mouvements musulmans : c’est Samori, qui dans une large partie de l’Ouest africain prend le titre d’Almamy, commandeur des croyants, et s’attaque aux « infidèles » africains tels les Malinkés ; c’est Ousman Dan Fodio, peul, qui crée le sultanat de Sokoto, à l’ouest du Nigeria actuel, non loin de la frontière du Niger, proclamant un djihad en 1804 avant de se proclamer Calife (1810). L’aire qu’il domine dépasse 1 200 kilomètres d’est en ouest et affecte jusqu’au Cameroun allemand. Aujourd’hui, Boko Haram le revendique pour modèle.

Il y eut aussi, bien sûr, des résistances menées en milieu animiste, mouvements millénaristes en Afrique australe (Ndébélés contre Shonas, 1896-1897) ou des révoltes comme celle du Sud-Ouest africain très durement réprimée par les Allemands contre les Héréros (1904-1907). Mais d’une façon générale, les résistances s’arc-boutant sur l’islam sont les plus nombreuses comme celle des Maji-Maji (1905-1906) au Tanganyika allemand et plus particulièrement les mouvements mahdistes au Soudan dirigés d’abord contre le Khédive égyptien et les oulémas avant de l’être contre les Anglais au Darfour. Les mahdistes sont saignés à la bataille d’Omdourman (1898 par Horatio H. Kitchener). Le flambeau est repris en Somalie par le « Mad Mollah » comme le dénomment les Britanniques dont la révolte perdure un quart de siècle.
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