Le travail le plus important commandé à André-Ch. Boulle est celui qu’il exécuta pour la décoration des appartements du grand Dauphin fils, de Louis XIV, au château de Versailles. Son logement avait été primitivement disposé dans une autre partie de l’édifice, et Dangeau nous apprend qu’en 1684, ce prince régla avec M. de Louvois tout ce qu’il fallait pour transporter en bas son cabinet de marqueterie et de glaces qu’il avait en haut. Les appartements du Dauphin donnaient sur la galerie de Louis XIII; Félibien rapporte qu’on y voyait trois pièces, dont deux consacrées à ses objets d’art et un troisième cabinet ayant de tous côtés et dans le plafond des glaces de miroirs, avec des compartiments de bordures dorées, sur un fond de marqueterie d’ébène. Le parquet était aussi de bois de rapport et embelli de divers ornements, entre autres des chiffres de Monseigneur et de Madame la Dauphine.
Il faut reconnaître que notre pays s’est montré cruellement indifférent envers la suite vaillante d’artistes et d’ouvriers si gracieusement inspirés qui ont constitué une école, dont l’influence a rayonné avec une puissance ininterrompue sur les contrées voisines. Aucun historien n’a pris le soin de nous révéler les noms des grands architectes et des nombreux imagiers du moyen âge dont les naïfs chefs-d’oeuvre sont demeurés inimitables. Tandis que l’on connaît à peine quelques-uns des constructeurs de nos édifices, on est dans l’ignorance absolue, relativement aux sculpteurs qui ont enrichi les porches et les façades des églises de leurs compositions grandioses et dramatiques.