Nulle part on ne trouve mieux affirmée la connexité absolue des diverses branches de l'art que dans l'Egypte, le plus ancien centre de civilisation que l'archéologie connaisse jusqu'à présent. Dans aucune contrée on ne voit l'architecture plus intimement unie à la peinture et à la sculpture. Tous les monuments de la vallée du Nil présentent un ensemble décoratif où la polychromie joue le rôle principal. La première préoccupation de ce peuple habitué aux splendeurs d'une incomparable lumière était de revêtir ses constructions d'une parure qui pût se détacher sur les tons éclatants de son horizon. Aussi tous les ornements d'architecture, les bas-reliefs et les statues qui décoraient les temples ou les tombeaux, étaient-ils tous peints. Seules les matières coloriées par la nature, telles que le granit, le basalte, l'albâtre, échappaient à cette loi générale de la polychromie ; mais le grès, le calcaire et le bois y étaient toujours soumis.
On eût bien embarrassé jadis les artistes en leur demandant s'ils étaient peintres d'histoire ou de décoration, par la raison qu'élevés dans la pratique générale du dessin, et non pour un genre déterminé, ils savaient tout et pouvaient tout aborder. Ne voyait-on pas Raphaël dessiner les arabesques des Loges après avoir peint la dispute du Saint-Sacrement et l'Ecole d'Athènes? Charles Lebrun ne doit-il pas la meilleure partie de sa réputation aux ornements qu il a laissés à Versailles et au Louvre?