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Critique de ChristianDecroze


(Temps de lecture estimé : 6 minutes)

Oufff, ça y est enfin ! Je me suis farci les trois tomes de « Leçons de Ténèbres » : « La Sans-Pareille », « L'Archange de Vienne » et « L'enfant aux loups ». La Chandernagor m'en a fait baver pendant deux mois.

Je vous présente par avance mes excuses pour la longueur de l'intervention qui va suivre, et que vous n'êtes nullement obligé(e) de lire jusqu'à la fin mais, comme disait Confucius : « Le Sage n'éclit pas une Encyclopédie au dos d'un timble poste ».

Petite remarque préliminaire : heureusement qu'on ne paie pas les livres au poids, sinon celui-ci eût été hors de mes possibilités financières. Plus de 2.000 pages, même réparties en 3 volumes, ça pèse. Albert Cohen, avec son maigrichon « Belle du Seigneur », petit bras de tout juste 845 pages chez Gallimard, fait figure de minimaliste incorrigible. A tout prendre, la Chandernagor aurait dû se faire éditer chez « Plomb » (« Le poids des mots, le choc des quintaux »).

Cela dit, on se rend vite compte que 2.100 pages comportant rarement des phrases de moins de 15 lignes, c'est très long car, entre les parenthèses, les sous-parenthèses-à-guillemets, les virgules tous les deux mots et les tirets gigognes sous-tenseurs de raisonnements à tiroirs générateurs de digressions interminables, on se surprend parfois, pétri d'ennui, à se rappeler en plein paragraphe qu'il ne faudrait pas oublier de sortir la poubelle (car, ce soir, il y avait du poisson au dîner – et, dans une poubelle, les « restes » de poisson ça sent rapidement très mauvais – [et puis surtout « ça » pue]) surtout que, quand on a fini de lire une phrase, on ne se souvient généralement plus de ce que la Françoise racontait, il faut alors revenir au début de la phrase, ce qui nuit gravement à la compréhension - du récit - et à la fluidité de la lecture d'une oeuvre dont le style, pour résumer, est léger comme un rapport de la Cour des Comptes sur l'optimum dimensionnel du financement (à péréquation des charges, héhé, ne soyons quand même pas naïfs) relatif aux communautés d'agglomérations urbaines. Tiens, je viens d'écrire une phrase de quatorze lignes, il va falloir que je me surveille, je dois avoir en ce moment de mauvaises lectures qui influencent négativement la proverbiale élégance de mon style.

Le fond n'est malheureusement guère plus attrayant que la forme. Christine, l'héroïne de la saga, fille d'ambassadeur suite à un coït improbable, va faire son chemin malgré une enfance difficile et désargentée, due à l'abandon paternel. Devenue une très belle jeune femme, elle va passer des magazines « Nous Deux », « Confidences » et « Point de vue » aux rubriques diplomatiques du « Monde » ; et des arrière-cours de banlieues sordides aux salons feutrés du monde politique. Ses écartements de cuisses, judicieusement calculés, la propulseront jusqu'aux sommets.

Malheureusement pour elle, elle n'aime personne et personne ne l'aime. Elle n'aime pas son propre enfant, elle n'a jamais aimé son mari. Elle n'aime pas son père, sa mère, son frère ni sa soeur (Wôôhôô, ce n'est pas le bonheur). Elle croit aimer pendant quelque temps un bellâtre de comédie qui fait dans la politique (ce qui nous vaut, hélas !, l'oubliable « Archange de Vienne »). Elle est froide, antipathique et, malgré les apparences, complètement idiote. Impossible de s'attacher à un personnage aussi négatif. Au final, on se moque de ce qui lui arrive. Sa stupidité va la conduire à se saborder, à cause d'une pitoyable tentative de vengeance qui vire au pétard mouillé, que dis-je : à l'auto-goal, et la mettra plus bas que terre (bien fait pour ta gueule, pétasse !). Vu qu'il s'agit d'une affaire d'espionnage et que l'héroïne se dénonce elle-même, on peut parler d'une affaire Mata Harakiri.

Après quelques années d'incarcération, elle refait surface, puis disparaît mystérieusement. La Chandernagor, qui n'en a visiblement plus rien à cirer de cette enflure qui la gonfle presque autant que nous, et qui a envie de finir son bouquin de m..., ne se donne même pas la peine de nous fournir une explication à cette disparition (de toutes façons, on s'en bat les coudes). Elle préfère, on ne sait pourquoi, nous infliger in fine 200 pénibles pages qui n'ont strictement rien à voir avec le reste, et d'un ennui à mourir. Bon, d'accord, la mèche rebelle de cheveux blonds de ton petit dernier au soleil couchant sur la lagune vénitienne nous prend aux tripes, mais 200 pages, quand même, Francie, t'as pas l'impression de trop exagérer ?

C'est mon deuxième Chandernagor. Je m'étais déjà copieusement emm pardon ennuyé avec « L'enfant des Lumières » mais cette fois ça y est, j'ai ma dose. Françoise, ne m'en veux pas, mais nous deux, décidément ça ne colle pas.

On ne s'en veut pas, on se quitte bons amis, mais nos chemins ne se croiseront plus.
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