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Critique de franksinatra


Philip Marlowe est engagé par Madame Bright Murdock, une vieille dame portée sur le porto, riche et désagréable (non ce n'est pas redondant) pour retrouver un vieux doublon d'or rare et onéreux (ça c'est redondant) que lui a volé sa belle-fille détestée (c'est souvent... et puis zut !). L'histoire semble simple à première vue pour un privé de la trempe de celui qui a résolu l'affaire Sternwood et aidé Moose Maloy à retrouver une dénommée Velma, deux enquêtes bien plus complexes et dangereuses. Mais les choses se compliquent avec l'entrée en scène de plusieurs personnages qui gravitent soit autour de la famille Murdock soit autour du doublon volé. Et Marlowe est toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Il tombe systématiquement sur des cadavres et les flics commencent à lui chercher des noises. Mais de fil en aiguille et d'interrogatoires en réflexions personnelles en charmante compagnie féminine ou devant un dry martini ou un high ball, Marlowe va mettre à jour une affaire de chantage bien plus importante que celle du doublon.

Paru en 1942, The High Window est le troisième roman de Raymond Chandler dans lequel le privé de Los Angeles Philip Marlowe mène l'enquête. Basé en partie sur les nouvelles "Bay City Blues" et "The lady in the lake", il est publié en français sept ans plus tard dans la Série Noire de Gallimard et connaitra de nombreuses rééditions. Il sera adapté au cinéma en 1947 sous le titre "la pièce maudite" (The Brasher Doubloon) par John Brahm avec George Montgoméry dans le rôle qu'avait immortalisé un an auparavant Humphrey Bogart dans "le grand sommeil" pour en faire un héros emblématique du film noir de l'âge d'or des studios hollywoodiens. A l'instar de son prédécesseur Sam Spade, né de la plume de Dashiell Hammett, à l'origine du courant "hard boiled", Philip Marlowe se pose en personnage cynique et pessimiste, critique de la société américaine corrompue de son époque, responsable du ternissement de l'idéalisme qui le nourrissait. Détective bagarreur, aux costumes fripés à force de dormir quelques heures sur le canapé inconfortable de son bureau ou de trainer dans les boites de nuit jusqu'au petit matin blème, parfois imbibé d'alcool bon marché, Marlowe reste moralement intègre. Chandler a d'ailleurs écrit à son sujet : "Je pense qu'il peut séduire une duchesse mais je suis quasiment sûr qu'il ne toucherait pas à une vierge." Cette vision de son héros se retrouve parfaitement dans les relations que le détective entretient avec l'une des protagonistes de "La Grande Fenêtre", Merle Davis, la secrétaire de Madame Murdock. Comme Dashiell Hammett, déjà évoqué dans ce billet, Raymond Chandler est unanimement reconnu comme un écrivain dont l'influence sur la littérature policière en général et le roman noir en particulier a marqué des générations de romanciers grâce à un style où l'on retrouve étude psychologique, critique sociale et ironie mordante. Lire Chandler est toujours un plaisir et s'identifier à Marlowe si facile et valorisant qu'on aurait tort de s'en priver.
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