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1981. le début des années Mitterrand, vues à travers une famille qui se désagrège, qui se disloque. C'est d'abord la mère, figure essentielle déjà dans le premier roman de l'auteur, qui apparaît. Françoise, habituée à un univers bourgeois protégé , se retrouve seule avec sa fille et son fils, dans le grand appartement quitté par son mari.Elle qui pour la première fois vote à gauche fait sienne la devise mitterrandienne " Changer la vie".

Elle bascule alors dans une vie bohème, recevant tous ces philosophes et artistes de gauche qui refont le monde à coups de mots, on sent une ironie entre les phrases face à ces hommes bien-pensants, qui se croient l'esprit novateur, au-dessus de la mêlée. Et Françoise voudrait trouver sa place dans ce monde inconnu, elle qui n'a pas fait d'études.

J'avoue que cette première partie ne m'a pas vraiment enthousiasmée, j'ai eu du mal à m'intéresser au sort de Françoise. Par contre, l'éclairage est mis ensuite sur Laurent, son fils, que l'on suit durant son adolescence, et là, je me suis attachée à lui, à ses flottements d'adolescent, livré un peu à lui-même, aux dangereuses amitiés qui penchent vers le côté sombre, celui de la drogue et des prises de risques.

C'est ce personnage qui a apporté une clarté particulière au récit, qui illumine de sa présence ces années d'espoir factice, d'illusions vite avortées. Laurent est émouvant, évolue, trace les contours de sa destinée , ouvre sa voie dans l'écriture. Et, rappel de " Avant que naisse la forêt ", cherche refuge et ressourcement dans la forêt et les arbres.

Mais si l'écriture est toujours très belle, je n'ai pas retrouvé l'atmosphère singulière et magique du premier roman. Il est vrai qu'il est difficile de se renouveler ensuite. Je suivrai en tout cas cet auteur , intéressant et prometteur.
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**,*

Françoise est une épouse, un mère et une femme au foyer. Quand, en 1981, elle décide de voter pour François Mitterrand, avec l'angoisse que quelqu'un l'apprenne, un autre changement intervient dans sa vie : son mari la quitte. Désormais maîtresse de sa vie, elle décide alors d'élever ses enfants dans l'appartement du 26 rue de Naples, à Paris, et de faire ce qu'elle veut. D'amants en amants, de projets artistiques en ballade sur la mer, elle est avide de liberté. Mais ce besoin d'espace et de lâcher prise se fait au détriment de sa présence auprès de ses propres enfants, Nathalie et Laurent...

Je ne connaissais pas l'écriture de Jérôme Chantreau, dont Les enfants de ma mère est le deuxième roman.
Il dépeint ici la vie d'une famille dans les années Mitterrand, pour qui la liberté n'a pas de prix. Si "changer de vie" est le slogan qui règne sur la France, il devient aussi celui de Françoise, mère de famille et jeune divorcée.
Tout au long des 480 pages, l'auteur dresse le portrait de cette femme pour qui la liberté est synonyme de lâcher prise, de perte de repères aussi et d'oubli de soi. laissant ses enfants à l'abandon, elle redevient la jeune fille qu'elle n'a pas pu être... Manquant de confiance en elle, Françoise croit être obligée de se cultiver auprès de personnes qui ne la respectent pas, confondant alors amitié et ignorance...

J'ai aimé l'écriture, fluide et enlevée, mais j'ai trouvé que le roman trainait parfois en longueur. Certains souvenirs ou anecdotes ne me semblaient pas à leur place, et je me suis souvent demander le sens que l'auteur a voulu leur donner.

Un grand merci aux 68, une fois encore, pour la découverte d'un roman riche et particulier...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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Publié en cette rentrée littéraire 2018 aux éditions Les Escales, " Les enfants de ma mère ", est le nouveau roman de Jérôme Chantreau, un témoignage de l'ère mitterrandienne, dans une famille dont les idéaux et les certitudes vont volés en éclats !
p. 33 : " - Il est vingt heures. François Mitterrand est élu président de la République. "
Françoise avait tout pour être heureuse : un mari qui gagne confortablement sa vie, deux beaux enfants - Nathalie et Laurent - et un bel appartement dans Paris. Elle s'est mariée très jeune, et a dû pour cela sacrifier ses études au profit du bien-être familial, comme il était souvent de rigueur à cette époque pour les femmes. Mais cette aisance financière et matérielle va s'envoler le jour où son mari l'invite au restaurant pour lui annoncer son intention de divorcer.
p. 59 : " Pendant l'année de son divorce, elle fuma beaucoup de Stuyvesant au menthol et réfléchit à son avenir."
Alors que sa fille Nathalie excelle dans sa scolarité, Laurent suscite bien plus de préoccupations chez Françoise. Plus timide et introverti, il passe le plus clair de son temps enfermé dans sa chambre. C'est finalement au collège qu'il va établir des liens avec d'autres garçons, abîmés par la vie.
D'une âme charitable, Françoise décide de prendre sous son aile une amie de Nathalie, en rupture familiale et scolaire, quelque peu marginalisée : Édurne. Mais toute sa bonne volonté ne pourra suffire à sauver cette adolescente, entraînant dans sa chute sa propre fille.
p. 131 : " Qu'est-ce qui lui avait pris de s'occuper du destin de cette fille ? Françoise se rappela les bouffées de satisfaction quand, les premiers jours, elle avait accueilli ce petit oiseau, quand elle avait senti qu'elle était en train de changer le destin de quelqu'un. "
Changer la vie, ce n'est semble-t-il pas une option accordée à tout un chacun...
p. 440 : " Elle avait cru, pendant dix ans, que changer la vie était possible. Elle s'apercevait que c'était la vie qui la changeait, la façonnait comme les falaises par l'érosion, et que les grandes illusions ne servent qu'à nourrir les grands regrets. "
Le zoom narratif se concentre au fil de la lecture sur le personnage de Laurent. A la fois attachant mais influençable, il a certainement hérité cette faiblesse de sa mère. Victor intègre la bande de copains. Empreint du désir de se mettre en danger, il va leur insuffler ce goût de plus en plus prononcé pour l'interdit.
p. 180 : " La compagnie de Victor donnait aux choses le goût métallique du danger [...] A partir de cet instant, chaque acte allait engendrer des conséquences, et aucune mère, aucun prof, aucun surveillant samouraï ne pourrait s'interposer entre eux et ce qu'ils allaient faire naître. "
Françoise ne peut concéder à voir la réalité, et malgré la mise en danger de son fils Laurent, continue d'ouvrir grandes les portes du 26 rue de Naples.
p. 151 : " L'envie était grande d'accueillir encore tous les gamins perdus. "
Très sensible et bien conscient de son entrée dans la vie d'adulte et de sa périlleuse descente aux enfers, Laurent se confie  à Édurne, écorchée de la vie elle aussi.
p. 342 : " - J'ai peur de sauter du train. Ça accélère tous les jours. Je n'ai plus un instant de bonheur. Plus rien de fluide. Avant, je savais exactement ce que je voulais, ce que j'aimais. Aujourd'hui, j'en ai plus aucune idée. "
A travers ces protagonistes, c'est également le reflet d'une société en mal d'espoir et d'ambition, prise dans une série de mouvements de protestation.
p. 251 : " La vie laborieuse érodait les gens comme une rouille. Elle abaissait les têtes et les espérances. "
Plus Laurent s'enfonce dans la noirceur de sa vie, plus Françoise se déleste aveuglément de ses responsabilités, avide de liberté.
Dans un Paris amputé de toute prétention et  sous haute tension, le lecteur est le témoin de cette  période politique et sociale délicate, dans laquelle les personnages évoluent au gré des épreuves. L'écriture est à la fois tragique et poétique. L'auteur nous embarque sur plusieurs décennies, sans perdre en intensité.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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J'ai lu « Les enfants de ma mère » avec un plaisir en demi-teinte. D'un côté, j'ai énormément apprécié le contexte temporel de l'histoire, les années 80 et 90. Je m'y suis plongée avec mes propres souvenirs de jeunesse, la même bande sonore compilant Blondie, Pat Benatar et The Pogues tournant à fond et en boucle dans ma chambre d'adolescente. La dérive de Laurent, le fils de Françoise, je ne l'ai pas vécue personnellement, probablement par instinct de conservation ou grâce à une certaine vigilance parentale ; par contre, j'en ai eu des amis au destin saccagé, brisé par la drogue.
Car le thème profond du roman c'est bien l'attention que porte un père ou une mère sur ses enfants et qui permet à ceux-ci de ne jamais sombrer dans la dérive. Ici, Françoise, la mère de Nathalie et Laurent, divorcée alors qu'ils étaient encore petits, est une femme au grand coeur, mais bien trop naïve. Elle porte sur les autres un regard bien trop candide à un point même où l'on peut se demander si elle n'est pas un brin stupide par moment. Ainsi, Edurne, Reza, et les copains de son fils ; Victor et Andréa profitent de cette naïveté pour vivre sous son toit, être nourri, boire et passer ses journées à fumer, ceci à ses frais.
Le roman aurait pu me plaire davantage s'il avait été plus court. En effet, les passages sur la ville de Paris, notamment, m'ont réellement ennuyée, moi, la provinciale qui n'a aucune idée des quartiers cités et décrits longuement dans certains chapitres. Et puis avec une bande son aussi rock, un peu plus d'action aurait dynamisé le récit !
Mais je retiens le côté agréable de la plume de Jérôme Chantreau, que je ne connaissais pas.

Lu dans le cadre des 68 premières fois.
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Les enfants de ma mère Jérôme Chantreau Les Escales 23 août 2018.
Paris , mai 1981, 26 rue de Naples, VIII ème art de Paris. Une jeune femme Françoise va devoir changer de vie même si elle souhaite plus que tout" changer la vie "Une aisance financière qui lui permet de maintenir le train de vie auquel elle et ses deux enfants Nathalie et Laurent sont habitués. Est-ce ce dont elle rêve? Ivre de liberté elle se noie dans les bras de ses amants laissant ses jeunes enfants se débrouiller et devenir autonomes bien malgré eux. L'arrivée d'Eburne, une jeune adolescente en errance va venir bousculer la maison. de fil en aiguille, d'amant de passage en compagnon pérenne, de gamin en gamin , Françoise essaye de frayer son chemin. Mais ses enfants dans tout cela?
Jérôme Chantreau peint un tableau sans concession d'une famille "extraordinaire". Nathalie et Laurent arriveront ils à passer sans trop de dégâts à travers ces années de folie où liberté rime avec danger? Des gamins que l'on voit grandir, tenter, tester, se perdre et parfois se retrouver, une femme qui semble faire comme elle peut à défaut de faire ce qu'elle veut. Un monde qui a fasciné beaucoup , qui aurait pu en fasciner encore plus, un monde qui n'était pas, loin sans faut, celui de la majorité des parisiens de cette époque! . A chacun sa jeunesse, son chemin et ses souvenirs...
Je referme ce roman assez perplexe, l'écriture est plaisante et agréable mais ce texte aurait beaucoup gagné à être plus court. Une narration plus resserrée aurait me semble t'il apporté un dynamisme salutaire à l'ensemble mais bien sur ceci n'est que mon modeste avis .
Un grand merci aux Editions Les Escales pour ce partage via NetGalley
#LesEnfantsDeMaMère #NetGalleyFrance
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C'est le deuxième roman de Jérôme Chantreau que je lis et une fois de plus ,j'ai beaucoup aimé. ; après un début difficile par manque de temps je l'avais commencé et une semaine trop chargée (de préparation pour l'anniversaire de 2 associations dont je fais partie) faisait que le soir trop éreintée je n'arrivais pas à lire! ,bref,j'ai à nouveau ouvert ce roman samedi et la ,j'ai pu me "plonger" dans l'histoire,j'ai adoré.
Par bien des côtés l'histoire de cette jeune femme Françoise mère de deux jeunes enfants au moment de l'élection de François Mitterrand (mai 1981) m'a trop rappelé l'ambiance et l'atmosphère régnant à cette époque,bien que nos parcours soient différents, je me suis souvent identifiée à cette jeune femme femme au foyer comme moi, qui laissant ses illusions derrière elle voulait "changer la vie".
Au travers l'histoire de Françoise c'est toute l'époque Mitterandienne que Jérôme Chantreau nous dépeint avec subtilité une très bonne analyse du contexte ,avec l'espoir que la vie change.
J'ai ressenti lors de ma lecture une certaine nostalgie teintée de désillusions.Ce roman par bien des côtés m'a fait revivre une période de mon existence ,c'est pourquoi sans hésitation, je le recommande chaleureusement à tous ceux et toutes celles qui comme moi ont vécu ces années d'espoir et de désillusions. ⭐⭐⭐⭐⭐
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Ma seizième lecture de cette session « Rentrée littéraire 2018 » pour les 68 premières Fois : Les Enfants de ma mère de Jérôme Chantreau

Ce roman est une histoire familiale qui nous ramène à Paris au début des année 1980, lors de l'élection de François Mitterrand. L'héroïne reprend à son compte et comme ligne de conduite le slogan du candidat socialiste : « changer la vie »…
Un divorce, deux enfants à élever, un destin à s'inventer, des jeunes cabossés qui vont croiser sa route, une vie de bohème… tous les ingrédients sont réunis pour faire de la vie de Françoise et de ses enfants un miroir d'une certaine société à la fois pleine d'espoir et encore bridée par un certain conformisme.

J'ai tout de suite eu un certain intérêt pour la période choisie par l'auteur ; en même temps, je me sentais un peu en décalage, plus jeune que Françoise, mais plus âgée que ses enfants… C'est sans doute pour cela que la bande son du roman n'était pas la mienne… et que je ne me suis jamais vraiment identifiée aux protagonistes de cette histoire, me sentant uniquement spectatrice de leur vie.
Je me souviens cependant très bien de ces années mitterrandiennes où tout nous semblait possible et réalisable. J'ai apprécié la polyphonie des points de vue, le découpage en parties consacrées aux membres de la famille, aux personnages satellites ou aux grands thèmes abordés : le divorce de Françoise, l'histoire familiale, l'arrivée de la jeune fille un peu punk, celle du futur junkie, la boite à bac, la maison ouverte à tous, la prise de conscience, le final en demi-teinte…
L'écriture est fluide et s'accorde à la représentation proposée, mettant en valeur les lieux avec de belles descriptions des rues parisiennes, des intérieurs et les personnages toujours très travaillés, riches et emblématiques des maux de la société : drogue, mauvais traitement, exil, racisme… Jérôme Chantreau met en scène un univers complexe, évitant les écueils de la caricature ou des types ; il nous balade jusqu'à la fin, sans que nous sachions vraiment comment tout cela peut finir. le parcours des personnages de l'enfance à l'âge adulte pour les plus jeunes, de la jeunesse à la maturité pour les autres n'est jamais tracé, toujours en suspens, en équilibre.
L'ensemble est harmonieux et rythmé à la fois : la galerie de portraits prend signification et matière peu à peu, au sens figuré, puis au sens propre, l'héroïne principale donnant un sens artistique à son parcours de vie, trouvant à la fois comment garder trace dans le souvenir et la transmission ou couper le contact si besoin.

J'ai apprécié ce roman, son ambiance, ses problématiques…
Mais il m'a manqué quelque chose que j'ai du mal à définir, tout comme j'ai pu sortir un peu déçue et désabusée de ses belles années 1980-1990 où tout semblait possible, entre humanisme et fraternité…
Et c'est peut-être là qu'est le sens caché de ce livre comme si Jérôme Chantreau avait mis le doigt sur quelque chose de diffus, de non dit… quelque chose qui fait mal, mais pas trop, enfin un petit peu quand même… Tout cela est peut-être contenu dans la part d'inspiration autobiographique de ce roman et dans le vécu de chacun.
Une belle lecture qui garde sa part de mystère.
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"L'ennui, c'est parfois tout près du bonheur"


Arrivée à la moitié de sa vie, Françoise s'aperçoit qu'elle a à peu près tout faux. Elle a quitté l'école en cinquième, s'est mariée dans la bonne bourgeoisie parisienne, celle qui pense et vote à droite, a eu deux enfants - Nathalie et Laurent - et habite le chic quartier Monceau à Paris, mais tout de même tout près des rues un peu plus populaires de ce huitième arrondissement, du côté de la place De Villiers.

Tout aurait continué dans la grisaille distinguée de ce contexte si n'était arrivé le 10 mai 1981 : une petite hésitation devant les bulletins de vote, le choix du rose et de son slogan prometteur : « Changer la vie ». Pour la première fois de sa vie, Françoise déroge à la règle de sa famille sociale et vote à gauche !
A partir de là, la vie change en effet : son mari la quitte (ça tombe bien, elle ne le supportait plus), elle se remet à la peinture, continue d'habiter au 26 rue de Naples mais l'ambiance y change, tous les samedis c'est table ouverte aux amis, artistes et bohèmes. Cela a un petit côté salon des grandes dames sous l'Ancien régime ! Et la chambre de bonne est disponible au huitième étage pour les ados en déshérence qu'elle rencontre, qu'elle aide, qui la roulent un peu aussi, peut-être...

Aujourd'hui, Françoise accueillerait des migrants et se ferait condamner pour complicité de séjour irrégulier...

De leur côté, ses enfants fréquentent un très chic collège catho du 8ème, où on accueille aussi un pourcentage honorable de juifs et de musulmans (il faut bien avoir l'air ouvert) et font l'apprentissage de la vie, entre conduites à risque, passion pour la musique et études plus ou moins suivies. Il y a là une petite bande sympathique et inquiétante à la fois, d'ados trop riches et/ou un peu border line . Et Françoise accueille tous ces « enfants » avec compréhension et bienveillance. Tout en essayant de devenir la femme qu'elle avait rêvé être.

C'est sympathique, amusant ou touchant, le tout sur play list faite de Lou Reed et de The Wall. Pour ma part, j'ai bien aimé l'évocation de ce collège privé hors contrat (et hors de prix aussi!) qui pratique la « Pédagogie absolue » avec son chantre, le très peu conformiste Max qui prône l'esprit critique et la réalisation de ses rêves. Facile certes mais sympa !
« Si vous voulez cracher à la gueule d'un type, disait-il en classe, veillez à vous situer au-dessus, sinon le crachat vous retombe en pleine poire » .

Et j'ai apprécié également le quartier de Villiers-Monceau, avec sa très commerçante rue de Lévis, son parc où les nounous africaines poussent les enfants de bonne famille dans leurs landaus et où je ne sais pas si on s'ennuie autant que les personnages de ce roman...Pour y passer de temps à autre, il me semble plutôt agréable.

Un deuxième roman agréable mais pas remarquable. Apparemment le premier (que je n'ai pas lu) avait davantage séduit les lecteurs.
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"L'ennui, c'est parfois tout près du bonheur"... Quand vous croisez cette phrase, dans les toutes premières pages, il y a comme une petite voix qui murmure que ça commence bien. Que ce livre a des allures de pull préféré dont on éprouve déjà toute la douceur et la chaleur qu'il va rapidement procurer. Rien à voir avec un feel good pourtant... mais il s'en dégage une ambiance de douce nostalgie qui enveloppe en beauté le portrait d'une femme dont les multiples facettes attendrissent, agacent, surprennent mais n'ennuient jamais.

Françoise est le pur produit des années d'après-guerre, une jeune femme convaincue de trouver dans le mariage et l'entretien de son foyer l'accomplissement vanté par la société de l'époque. Mariée juste avant les événements de 1968, elle se voit signifier sa répudiation par son mari le soir de l'élection de François Mitterrand un soir de mai 1981. Elle qui vient justement de voter pour le nouveau président en cachette de sa famille y voit comme un présage, les débuts d'une nouvelle vie, portée en cela par le contexte politique et les espoirs de "changer la vie" véhiculés par l'arrivée de la gauche au pouvoir. Mais "Pour refaire sa vie, il faut savoir se mentir un peu"...

Jérôme Chantreau nous offre, sur quinze ans, le temps de deux septennats, une chronique qui passe de l'espoir à la désillusion. le portrait d'une femme qui se laisse porter et tarde à prendre le contrôle, cernée par des siècles d'obéissance à la gent masculine. Un brin bohème, naïve, légère, fantasque voire irresponsable. Ses enfants s'élèvent quasiment seuls, surtout Laurent, son fils qui trouve refuge auprès d'amis tout aussi à la marge que lui car privés de pères pour différentes raisons. Dans l'appartement de la rue de Naples défilent toutes sortes d'artistes et de marginaux, parfois aussi des gamins recueillis un temps par Françoise, comme Edurne dont la personnalité et la singularité marqueront Laurent à jamais. Laurent tangue, ses années d'adolescence et d'apprentissage sont sous influence, pas toujours très saine. Pendant que Françoise cherche toujours sa voie à travers différents engagements politiques ou militants...

J'aime ce roman pour son atmosphère (pourtant tellement différente de celle du précédent !), la petite musique qui s'en dégage, son portrait d'une vie de quartier à une époque (pas si lointaine pourtant) où cela existait encore à Paris, sa photographie d'un moment d'espoir dont même l'air était imprégné. Quelques années pendant lesquelles il a enfin été possible de se libérer de bon nombre de carcans, avec les comportements extrêmes que cela a pu générer mais... la liberté est à ce prix. La sagesse aussi peut-être.

"Elle avait cru pendant dix ans que changer la vie était possible. Elle s'apercevait que c'était la vie qui la changeait, la façonnait comme les falaises par l'érosion, et que les grandes illusions ne servent qu'à nourrir les grands regrets".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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En mai 1981, Françoise, mariée, mère de deux enfants, fille de la bourgeoisie bien pensante de droite, femme d'un bourgeois de droite, se rend seule au bureau de vote.
Hésitation devant le présentoir, émotion, presque un appel : elle prend le bulletin rose en tremblant, avec l'impression de faire acte de rébellion.
Le soir même, son mari lui annonce son départ. Soulagement : la voici libre.
Françoise ira de tâtonnements en tâtonnements pour se trouver et se réaliser. Elle retrouve l'esprit de 68, des amis artistes et recueille des jeunes en perdition.
Elle assume les échecs sans se lamenter "elle ne se plaignait pas. Elle n'avait pas appris à le faire." et change d'orientation. "Parce que choisir, depuis toujours, c'était ce qu'elle faisait de pire."
Je la vois souriante, légère, la tête dans le ciel, vivant enfin d'elle_même et pour elle_même.
Mais à côté d'elle, ou plutôt en dehors, son fils Laurent et ses copains de collèges naviguent en eau trouble.
C'est l'âge de tous les dangers, des séductions faciles, de l'usage de la drogue.
De nombreux chapitres leur sont consacrés. Parfois, je trouvais un manque de cohésion.
Cependant, tous sont attachants et émouvants.
Je termine sur cette phrase qui me plaît : "Rien n'est irrésistible comme un ancien rêve qui resurgit."

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