AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de magalibertrand


Deux septennats…c'est précisément le temps que dure ce roman, dans la France des années 80 où l'on pince encore le nez sur les couples qui se séparent et « les enfants du divorce », où les femmes se découvrent des aptitudes insoupçonnées à l'indépendance, où quand les filles ne s'appellent pas Isabelle ou Véronique c'est pour mieux s'appeler Nathalie. Un cycle de 14 ans de réflexion, juste le temps pour François Mitterrand de laisser espérer à ses concitoyens qu'il va vraiment « Changer la vie », juste le temps pour Françoise, Nathalie, Laurent, Victor et les autres de tracer leur route aux contours sinueux et à la destination improbable, entre illusions du grand soir et gueule de bois du petit matin, entre enfance inconsciente et adolescence désabusée, entre appel du vide et désir d'absolu.
Pour peu que l'on ait, comme Laurent et Nathalie, vu le jour sur les ruines encore fumantes des barricades soixante-huitardes, pour peu que l'on se soit, comme Françoise, découvert une conscience politique en pleine « génération Mitterrand », pour peu que l'on ait grandi dans une maison aux portes grand ouvertes, à la cafetière toujours pleine et à la cave accueillante, on s'offre, en lisant « Les enfants de ma mère », un véritable shoot d'émotions et de souvenirs.
On hésite à entrer dans ce roman à l'écriture dense, à la parole drue, foisonnante de détails pas nécessairement indispensables comme les histoires que racontent certains enfants inquiets d'oublier quelque chose. On hésite aussi, peut-être, à se laisser happer par ce retour vertigineux vers cette terre de l'intime qu'est l'adolescence, vers cette sensation profondément enfouie et douloureuse d'une marche en équilibre au bord du vide, mais la plume assurée de Jérôme Chantreau sait se faire belle et caressante. Elle sait nous conduire à l'addiction, nous empêcher de décrocher, nous entraîner vers des trips dont la descente ne se fera pas sans mal…ni avant longtemps !
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}