Citations sur Les folles années, tome 4 : Eugénie et l'enfant trouvé (23)
C’est là tout mon dilemme. Un peu plus de morphine calme le mal, mais dans ce cas, je ne réalise même plus que je suis encore vivante.
Le sourire était pitoyable. Le temps lui était compté, le passer dans un état de semi-conscience ressemblait au vol de la denrée la plus rare à sa disposition.
Imaginer notre décès nous aurait empêchés de prendre du plaisir ensemble. D’un autre côté, cela peut arriver, je le sais. La conscience de ma fin me donne envie de profiter de toutes les chances d’être heureux. Mais si tu me fixais une date d’échéance, même vague, je ne penserais plus qu’à cela.
Si notre gouvernement voulait mettre fin au commerce d’alcool, il fermerait les distilleries et mettrait en prison les propriétaires de celles-ci. Mais ceux qui font les lois reçoivent peut-être de l’argent de ces industriels, et les partis politiques, certainement. Puis tout ce beau monde possède des actions dans ces sociétés. Vos voisins, dans votre bel immeuble, en possèdent aussi.
Dans la province de Québec, le divorce était très difficile à obtenir. Il fallait chaque fois une loi privée du Parlement fédéral. Et pour les plus tenaces qui choisissaient cette voie, l’ostracisme s’avérait certain. La séparation de corps faisait en quelque sorte office de divorce chez les catholiques. Si le lien du mariage demeurait intact, au moins les conjoints ne supportaient plus une cohabitation déprimante.
Un homme ne revient pas dans le lit de sa femme pour lui permettre de réaliser son salut. Cela manque un peu de romantisme. Et tu sais, avec ce que tu m’as fait endurer, je ne banderais pas, même si tu exécutais la danse des sept voiles, ou même si tu te mettais à genoux pour me le demander.
Tout comme le cancer qui avait grugé Eugénie, la Grande Crise rongeait déjà tous les organes de l’économie. Bientôt, non seulement le Québec, mais le monde entier mesurerait l’ampleur du désastre.
Les plus malheureux seront ceux qui ont emprunté pour acheter des actions. Beaucoup se sont engagés bien imprudemment, ces derniers temps. Non seulement ils perdront leur patrimoine, mais ils devront rembourser leurs dettes.
La petite bête qui me rongeait l’été dernier paraît assoupie. Peut-être les cancers hibernent-ils comme les ours.
Si les mauvais garçons pouvaient se révéler parfois charmants, celui-là ne poussait pas la perfection jusqu’à accomplir sa part des tâches ménagères.
On ne peut pas passer une existence à construire un mur autour de soi, et faire ensuite comme si de rien n’était.