"Elle s'appelait Euphémia David, expliqua Naksh-i-dil à l'Eunuque noir et à la Kiaya étonnés. C'était l'Obeah la plus connue de la Martinique. C'est elle qui m'a prédit mon destin. Elle détenait le secret de la vie, de la médecine, des poisons, des remèdes contre le mauvais oeil. Elle savait lire le futur, le passé et le présent. Tous la craignaient, les Noirs comme les Blancs. Tuer un homme blanc était aussi facile pour elle que de briser un fétu de paille... avec sa magie noire..."
Et Euphémia s'est enfin adressée à moi, Mlle de S, poursuivit Naksh-i-dil en parlant aussi bas que dans un confessionnal. J'avais dix ans. Soudain l'Ikbal prit la même voix rauque que l'Obeah.
"Votre nouveau tuteur va bientôt vous envoyer en Europe parfaire votre éducation. Votre bateau sera capturé par des pirates algériens. Vous serez faite prisonnière et rapidement enfermée dans un couvent pour femmes d'une autre nation que la vôtre, ou dans une prison... Là, vous aurez un fils. Ce fils régnera glorieusement sur un empire, mais un régicide ensanglantera les marches de son trône. Quant à vous, vous ne jouirez jamais d'honneur public ni de gloire, mais vous régnerez, Reine voilée, invisible, vous vivrez dans un vaste palais où chacun de vos souhaits sera un ordre, et des esclaves innombrables, par milliers, vous serviront. Au moment même où vous vous sentirez la plus heureuse des femmes, votre bonheur s'évanouira comme un rêve, et une longue maladie vous conduira jusqu'à la tombe."
"Elle s'appelait Euphémia David, expliqua Naksh-i-dil à l'Eunuque noir et à la Kiaya étonnés. C'était l'Obeah la plus connue de la Martinique. C'est elle qui m'a prédit mon destin. Elle détenait le secret de la vie, de la médecine, des poisons, des remèdes contre le mauvais oeil. Elle savait lire le futur, le passé et le présent. Tous la craignaient, les Noirs comme les Blancs. Tuer un homme blanc était aussi facile pour elle que de briser un fétu de paille... avec sa magie noire..."
Mon beau Turc, les femmes simples se servent du sexe pour obtenir le pouvoir.Moi, je me sers du pouvoir pour obtenir le sexe.
Alors qu'elles recouraient sans cesse à la loi, à l'ordre, à la propreté, à des questions de légitimité, les femmes se servaient en même temps de toutes sortes de tactiques, faisant appel à leur raison, à leur intuition ou à leur imagination, pour aller en permanence à l'encontre de cette puissance et tout cela conduisait à un paradoxe surprenant au harem : une vie communautaire dans la plus grande des solitudes.
Le désordre et la confusion surgissent entre les deux sexes parce que leurs droits sont réciproques.Mais j'oeuvre pour un nouvel équilibre plus harmonieux:entre les femmes et moi, je crée la haine et entre les femmes et les hommes, l'amour.