AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jcjc352



Les Mémoires d'outre-tombe ou « Comment vivre heureux en attendant la mort et la postérité ? »*
Toujours très intéressant de relire un livre quelques décennies plus tard. On se demande comment on a pu apprécier et comprendre ces mémoires Aujourd'hui elles horripilent par le ton grandiloquent et verbeux ainsi que le sujet autocentré sur l'auteur : l'histoire de François-René Chateaubriand et l'histoire de France L'une n'allant pas sans l'autre et la dernière n'étant que la continuité de la première.

Les historiens reprochent à François-René Chateaubriand des inexactitudes, des omissions, des mensonges disons des malfaçons malhonnêtes par conséquent lorsqu'on lit François-René Chateaubriand (allez appelons-le FRC) on les a l'esprit et que reste-il ? La prose, la poésie pour certains encore que le style de celle-ci est plutôt passée et bien ancrée du XVII/XVIII siècle. le (pré)romantisme : on aime ou pas !. Celui-ci est-il bien convenable lorsque des mémoires se placent dans la perspective de l'histoire comme le voudrait l'auteur ?

Certes lorsque FRC se pâme devant sa jeunesse, « se ressouvient » de ses mélancolies et langueurs, condescend à nous livrer son moi intime et exceptionnel, lorsqu'il se revoit dans les tourbillons de l'adversité , son père qui «  l'engage » dans l'armée sans son avis, sa mère qui le prédestine aux ordres et le marrie avec Dieu et ses soeurs avec sa femme, certes, le romantisme sied à merveille aux gémissements et sanglots de FRC

C'est la plume qui l'attire et surtout sa future renommée qu'il sait déjà considérable et c'est ainsi qu' il y pense le plus tôt possible vers la trentaine quitte à les mettre en forme plus tard par des souvenirs de souvenirs: ses « ressouvenirs » !
Son goût prononcé pour lui-même et une confession intime arrangée vont lui permettre de vivre deux fois.

Mémoires poétiques disons-nous et historiques surtout mais si ses « mots-brouillards » faisaient l'affaire pour la mélancolique et la langueur , pour les faits historiques il n'en est rien. Ses « non-vérités » n'en sont que plus évidentes et préjudiciables

Un exemple (parmi tant d'autres): FRC est peu impressionné par sa soirée passée avec Washington, premier président des États-Unis, ni par sa conversation.
Et pour cause ! une lettre de ce dernier atteste n'avoir jamais rencontré FRC. Sans commentaires !

Ensuite les péroraisons
Aventurier il frôle la mort au dessus des précipices et ne doit sa survie qu'à sa présence d'esprit , il naufrage même enfin presque  !
Missionnaire débonnaire avec le sauvage il offre son mouchoir à une petite sauvageonne La variole ? oui mais non ça, c'est l'anglois
Explorateur, il cherche les pôles du coté des cataractes de Niagara, botaniste, il identifie les plantes , zoologiste les bêtes à plume à poils et à cornes, ethnologue il disserte sur la plastique et les moeurs des sauvages, littérateur il cherche l'embryon de littérature américaine et politique il voit en ce grand pays qui aurait très bien sied à la France si on lui avait confié mission de prospecter et missionner, un pays dirigé par la loi ... et non par les moeurs. Helléniste il ponctue chaque passage des ses mémoires de comparaisons et références hellènes et pompeuses (comme Pierre Desproges voir plus bas****)

Coté engagement militaire dans les armés des émigrés : popottes, déplacements, manoeuvres demi-tour, à gauche - gauche et puis voilà La guerre était déjà gagnée donc retour à ses paperasses chéries.
Sa première charge à la baïonnette est un succès car les assaillants refluent et personne ne sait pourquoi (manoeuvre qui fit la spécialité d'Aldo Maccione et Lefebvre avant la tenaille), ils arrivent devant Thionville invaincus ils n'ont vu personne[Ici Mirabelle. Églantine, j'ai réfléchi. Repliez-vous sur Thionville].
Quelques détails de guerre assez sordides mais croustillants relatés sans émotion , tête de cheval coupé et encolure sanguinolente fendue par des balles [deux siècles plus tard un certain Malaparte fera de même dans Kaputt ]
La guerre racontée façon 14 juillet des lumières sur le bivouac,  des boulets qui se croisent, ça chante, ça rit, ça mange. Humour ?
C'est beau la guerre! Mais parfois c'est dur ! Surtout quand il se réveille avec de l'eau jusqu'au cou (dormait-il debout le bougre? On savait qu'autrefois le noble dormait assis dans son lit par peur d'avaler sa langue mais debout ?) là il reste (quand même) perclus toute la journée !!!
A London FRC analyse la littérature anglaise et on apprend que Lord Byron lui devrait beaucoup sans avoir toutefois eu l'élégance de le reconnaître Oh !
Mais bon FRC a ouvert à Albion les voies d'une nouvelle école de littérature il faut le dire
Coté coeur ça semble pas folichon
En bref un Prosateur de bouffissure et pour dire quoi ?

Des anecdotes parmesantée de descriptions surannées, de personnages de son microcosme aujourd'hui oubliés. Un panégyrique, surtout de sa jeunesse : sa période de prédilection. Un compte -rendu partial des évènements bretons et parisiens de la révolution où il a senti « passer le souffle frais sur sa nuque » de la mirabelle de Mirabeau, des notes de voyages qui interrogent, des carnets de guerre peut-être humoristiques style Robert Lamoureux, des analyses de la littérature anglaise et une chronologie embrouillée
Les descriptions (pré)romantiques et vaporeuses de paysages, de sauvages et des moeurs du moment échappent à ce bouillon et tourbillon littéraire. On peut apprécier aussi les anecdotes et légendes historiques assez nombreuses et plaisantes, ses decriptions humouristiques ainsi que ses envolées déclamatoires patriotiques et/ou poétiques emphatiques et pompeuses , futurs aphorismes pour la postérité façon Sylvain Tesson (lui plutôt avec Lao Tseu ).

Pas de quoi être panthéoniser! L'apothéose ce n'est pas pour tout de suite . Enfin quoi une histoire romantique de mémoire ou une mémoire romantique de l'histoire ?
Peut-être que les trois prochains tomes … Peut-être ...mêêêh





* Desproges citation revue et corrigée
**** Desproges, Monsieur Cyclopède a fait ses humanités la preuve [Les grecs s'appellent aussi hélènes : c'est dire à quel point ils sont pédés. Quelquefois, ils enculent même leurs chevaux et roulent des pelles aux poneyses.
Les grec modernes, comme Theodorakis ou Moustaki, ne portent pas de soutien-gorge, alors que les grecs anciens, comme Démosthène ou Mélina Mercouri, ne portent pas de seins.
Dans les années soixante, les grecs ont commencé à trop manger. Il a fallu mettre les colonels au régime. Car les colonels sont de grands enfants. D'ailleurs, dans Pinochet , il y a hochet ].
Oui c'est un peu cru mais après Château-brillant ça décrispe la Berrigoulaine « Étonnant, non ? » et puis c'est les vacances !
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}