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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pris par mégarde pour son ancètre, je me demandais comment un si magnifique roman, si attaché à sa terre, si protecteur se retrouve oublié. Puis j'ai su que l'auteur étais collabo. Savoir différencier les idées et les oeuvres doit être appliqué.
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Prix du roman de l'Académie 1923
La Brière, près du pays nantais, est une terre inconnue. Là où la terre et l'eau s'emmêlent, naissent des hommes d'une race sauvage. A travers l'histoire d'Aoustin, un garde-chasse qui n'accepte pas le mariage de sa fille avec un homme originaire de Mayun, un petit village méprisé, Châteaubriant nous dresse en réalité un portait romantique de cette petite patrie reculée.
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La Brière /Alphonse van Bredenbeck de Chateaubriant (1877-1951)
Grand Prix du roman de l'Académie française 1923

Il faut savoir que pour les habitants des marais de la Brière situés non loin De Nantes, le droit de chasse, de pêche, de coupe de la tourbe et des roseaux, remonte à une ordonnance du duc François II de Bretagne en 1461. Droit et titres confirmés par Louis XVI en 1784 dans des lettres officielles.
Quand ce droit va être contesté en raison d'un projet de nationalisation de la Brière, Aoustin, personnage principal du roman, va tout faire pour retrouver les lettres patentes nécessaires pour la défense des franchises du pays, missionné et mandaté par M. Moyon, le maire du village.
Aoustin, habitant de la petite commune de Fédrun avec sa femme Nathalie dite Aoustine et sa fille Théotiste, est garde dans le marais de Brière. Il a aussi un fils qui a préféré s'installer à Nantes avec une épouse choisie contre le gré de son père. La réputation d'Aoustin , le grand despote, n'embaume guère le marais : il est redouté et n'a point d'amis et on lui souhaite dans son jardin plus de chardon que de boursette. Pourtant, une certaine confiance s'attache à ses entreprises, et présentement il est l'homme nécessaire, l'homme de la situation, fouilleur comme pas deux.
le cadre et les personnages d'abord : Aoustin, appelé Lucifer par ses voisins, garde depuis 40 ans au coeur de la terre de misère et de vasières qu'est la Brière dont il connait les plus vieux secrets, habite au lieudit le Chat-Fourré une pauvre masure entourée d'un petit courtil et plus loin d'une jungle grillée de roseaux parsemée de javelles de tourbe découpée. Aoustin toujours surveille obliquement ses louves : Nathalie et Théotiste, son entourage proche :
Nathalie, dite l'Aoustine, avec son petit serre-tête, son caraco noir et son jupon noir, « blonde comme ventre d'araignée au soleil, plus mauvaise que la pire d'entre ses pareilles, rapace sur les sous, pleine de détours, savante comme pas une à cacher son vice entre chair et peau ». Quant à Théotiste, sa fille, en lutte contre l'autorité patriarcale, elle est amoureuse de Jeanin, un jeune homme du hameau voisin de Mayun, et Aoustin refuse qu'elle l'épouse.
Et puis il y a Julie, une vague cousine amiteuse au passé aventureux chez qui Aoustin se plait à passer un moment, une femme dont tous les mouvements près de l'âtre ou de la maie, le bercent comme une romance. Elle vit avec Marie sa nièce et son Cendron et a un locataire, M. Ulric.
Sur fond de vie briéronne traditionnelle, le roman déroule les vicissitudes des habitants des tourbières, des habitants farouches, intraitables et rancuneux, pris entre traditions et défis de la vie moderne. Chez les Aoustin, les soirées s'écoulent invariablement silencieuses et mornes.
Alors Aoustin filant à travers le marais sur son chaland en évitant les bourbes traîtresses, visite sans lanterner villages et lieudits, les moindres chaumières de notables susceptibles de détenir les lettres patentes. Et quand il rentre le soir au logis, les scènes cocasses entre lui et sa femme se succèdent avec un regain de tension au fil des soirées. Les dettes contractées par sa femme, sa fille qui veut épouser un homme qui ne lui convient pas car il n'est pas de Fédrun, tout cela fait monter son courroux. Jusqu'au jour où las de cette vie conjugale si mal assortie, il casse sa longe pour aller s'appartenir dans son petit logis, une vieille mazière où il avait grandi jadis, plantée au milieu des hautes herbes à l'autre bout du village. Menant une vie de solitaire, libre avec son huis et son âtre à lui, il va poursuivre sa quête, cependant que Julie lui conseille de retourner auprès de sa femme suite à une visite de l'Aoustine éclatante de jalousie du fait que son homme mange la soupe tous les soirs chez Julie.
Dès cette première partie du roman, on remarquera la qualité du style poétique enrichi de termes régionaux imagés dont on devine le sens, étant le plus souvent une altération locale d'un terme plus courant.
« « C'était un matin de léger brouillard duvetant les contours des prairies, de fine brise retroussant la feuille d'argent des saules, de petits foyers de soleil couvant dans le sein profond des tourbières…Et le chaland filait, s'en allait par les curées dormantes, immobiles dans leurs herbes, le long des basses prairies éventrées, toujours plus affaissées sous leurs noires blessures. »
Poursuivant de façon obsessionnelle sa quête des lettres patentes, Aoustin est aussi tourmenté jusque dans son dormir par l'existence de Jeanin, le beau « merle » de Mayun, le prétendant de Théotiste dont la haine va être attisée par les agissements d'Aoustin, ce père qui par ailleurs marqué par le désappointement de ses recherches vaines des lettres, se rend féroce à l'encontre des fraudeurs de tourbe et autres braconniers. La guerre est déclarée entre le garde et Jeanin au grand désespoir de Théotiste. Et l'inquiétude brûle dans son âme lorsqu'un soir Jeanin reste introuvable au terme de son errance et sa recherche au coeur de la Brière.
Et Aoustin de poursuivre ses recherches des lettres dans tous les lieudits et hameaux, objet de moqueries lorsque, au bout de plusieurs mois, il n'a rien trouvé.
C'est en sauvant la vieille Florence des mains des mauvaises gens du village qui la houspillaient et la frappaient parce que souvent ivre, qu'Aoustin va trouver une piste.
La disparition de Jeanin, l'agression subie par Aoustin, l'action vengeresse des villageois justiciers, autant de drames qui constituent la trame de la seconde partie du roman.
Quant à la troisième partie, elle nous décrit les malheurs et autres angusties de Julie, d'Aoustin qui ab irato broie du mauvais chanvre et que rien ni personne ne peut accoiser, de Théotiste qui va connaître l'indignité avec les consomptions de son amour, et de Jeanin banni. Un rayon de soleil luit avec l'idylle entre M. Ulric le gentil et une Marie alliciante qui vient d'avoir ses dix-sept ans, au printemps de sa vie qui vient de lâcher ses tourterelles comme on dit au pays.
le ressentiment et la vengeance planent au-dessus de la Brière jusqu'à la démence pour une fin de récit hallucinante. le dicton briéron dit : Tu ne peux charger l'ombre du roseau d'aucun poids qui l'empêche de tourner avec la fin du jour. » Ainsi sera-t-il !
Un roman magnifique nous décrivant admirablement et dans un style et un vocabulaire, riches, poétiques et éblouissants, les us et coutumes des habitants des marécages de la Brière, tout en nous offrant l'histoire saisissante et fascinante de personnages rudes, vivant au seul rythme de la nature et que leurs certitudes aveuglent.
Ce merveilleux et passionnant roman de terroir publié en 1923 connut un immense succès avec 26 rééditions et révéla un grand écrivain poète d'une région de France : Alphonse van Bredenbeck de Chateaubriant.

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Magnifique, une description du marais de la Brière absolument magistrale, une ambiance parfaitement reconstituée qui m'a donné l'envie et presque l'obligation d'aller naviguer dans les bras du marais, j'y suis allé en 2013, on ne retrouve rien des dures conditions de vie des Bretons qui vivaient alors des ressources du Marais, (les roseaux, la pêche et la tourbe pour le chauffage mais je n'ai pas été déçu,
une révélation.....
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