EPITAPHE
Pas de pays
et pas de ville.
Pas de maison
pas de chapeau
et pas de barbe.
N'avait même pas de télévision.
Il s'appelait,
euh...
n'avait pas de nom.
Ma foi n'avait pas tort
puisqu'il est mort.
Ah ! qui nous donnera jamais l'étreinte du soleil pour la neige fondante.
Je m'accroupis sur le rivage.
Une fumée s'élève d'un pipeau crasseux.
La mer.
Je fume.
Je ne demande rien.
Je fume.
La mer.
Les fosses bout à bout
ci-bas
comme d'énormes pas visqueux
Ce doit être le temps
qui marche.
J'ai suspendu le soleil
à des anneaux
et j'encense
J'ai tout perdu, mon Dieu, j'ai tout perdu !
Tous mes châteaux sont écroulés. Tous mes échafaudages dans le vent. Toute ma jeunesse que j'aimais malgré l'horreur des liens toujours rompus s'est affaissée comme une immense toile d'araignée sur les réseaux de feuilles, comme l'hécatombe de la neige accablante sur les sapinages languides.
Mes yeux, les queues rouges de comètes folles déchirant les cieux dans une brûlure de silence, dans un fracas de feu, j'ai bondi de planètes en abîmes !J'ai jonglé sur les mondes infinis , des tourbillons, des danses navrantes d'étoiles qui fondent. J'ai parcouru des univers de noirceur, avec toujours cette flamme ironique d'une explosion de météores , toujours plus loin, toujours plus haut !
Mes yeux, les queues rouges de comètes folles déchirant les cieux dans un fracas de feu, j'ai bondi de planètes en abîmes! J'ai parcouru des univers de noirceur, avec toujours cette flamme ironique d'une explosion de météores, toujours plus loin, toujours plus haut! Sur moi plongeaient des épées d'aérolithes toujours renouvelées. Mes pieds, mes jambes et tout mon corps balafrés, déchiquetés, après la lutte corps à corps contre les araignées pourries de l'Infini.
Il est des soirs d'enfer, tragiques lendemains d'incendie, où ma vie en affreuses taches d'encre éclaboussée, semble écrite plein le ciel.