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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Pour ma perception des maisons d'éditions, ce texte ne pouvait sortir que des Edts de Minuit, c'est le cas.
E. Chaussade a une soixantaine d'années, vit dans un milieu artistique, la mode en particulier, et c'est son premier roman.
Peut-être comme dans tout premier roman est-il parti de quelques souvenirs personnels.
Ce roman est âpre,dur, violent ,mais il s'en dégage un amour filial intense et désespéré très beau.
C'est au moment de la mise en terre de sa mère qu'un fils ré-embobine sa vie et celle de sa mère; il raconte ses souvenirs et tout ce que sa mère a pu lui confier de sa propre vie.Une enfance abusée pour elle, son mariage avec le fils de l'abuseur, ses enfants nés avant le mariage qui feront tout pour la rendre folle, et lui, ce fils chéri qui l'aimera jusqu'au bout.
C'est un roman court, où tout est dit, les mots claquent, l'auteur fait montre d'une belle maîtrise d'écriture. Une réussite .
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Les phrases sont courtes, nominales, rythmées, syncopées. Elles claquent, heurtent, blessent. Les mots sont violents, brutaux, terribles. Je les ai ressentis comme des coups. Des coups répétés, toute une vie, des coups donnés par les uns, par les autres, des coups portés à celle que le narrateur, un des fils, appelle la mère : sa mère. Celle qui maintenant est dans la tombe.
Pourquoi ? Parce qu'une mère « est coupable de tout. » Les enfants jugent qu'elle n'en fait pas assez ou bien qu'elle en fait trop ou qu'elle ne fait pas comme il faut, pas comme on veut, alors on la critique, on s'en moque, on s'en éloigne et puis, comme elle finit par manquer aux enfants devenus grands, on le lui fait payer, on la traite de folle parce qu'elle dit les choses, la mère. Elle n'a pas froid aux yeux. Elle appelle un chat un chat. Elle balance ce qu'elle a sur le coeur, les secrets de famille, les sales trucs qu'on préfère oublier. Épuisée, à bout, seule, elle se lâche, la mère, elle a peut-être trop subi, trop enduré. Elle en a bavé.
Et puis, il y a les choses qu'elle garde pour elle, qu'elle emmènera dans la tombe. Que personne ne saura jamais.
Ce que les petits chéris oublient aussi, c'est que la mère n'est pas que mère. Elle est aussi une femme, elle veut plaire, aimer, être aimée, elle veut profiter, désirer, jouir et elle n'écoutera personne lui dicter sa conduite. Parce qu'elle est libre, émancipée. Elle dispose de son corps. Tant pis si on la traite de folle, tant pis si parfois elle EST folle.
Finalement, on ne sait jamais vraiment qui elles sont, les mères.
Ce roman aurait pu s'appeler « Une vie » : celle d'une mère qui est aussi une femme.
Un portrait fort, saisissant, dérangeant, terrible, inoubliable, un texte qu'il faut relire pour en apprécier toute la richesse, toutes les nuances, toute la force des mots prononcés par ce fils chéri, celui qui sera auprès d'elle, jusqu'au bout, et malgré tout.
Magnifique !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Le roman s'ouvre sur l'enterrement de la mère. le fils, troisième enfant de la mère, y assiste seul. "Elle est seule dans la mort. Elle est seule dans la solitude de la terre. le fils est seul dans son chagrin. Solitude commune, partagée." Tout au long du récit la mère n'est jamais nommée par son prénom, le prénom du fils n'apparait qu'incidemment au détour d'une phrase. C'est donc l'histoire d'une mère racontée par un de ses fils, une histoire où seuls quelques prénoms de la famille sont cités, avec peu d'indications de lieux et d'époque, avec un narrateur qui n'emploie jamais le "je", restant dans une position très distanciée.

Le fils nous livre de multiples fragments de souvenirs. Confronté aux silences de sa mère, il a réussi à combler les années manquantes de son histoire et à percer le secret des origines de cette femme chez qui il percevait des douleurs profondes cachées, un profond mal-être, "La mère ne lui cache pas son histoire, elle la déguise."

C'est l'histoire d'une femme qui a couru toute sa vie après l'amour dont elle a été privée très jeune, une femme poursuivie par un sentiment de culpabilité et la peur de l'abandon. "Femme bafouée. Femme salie. Femme rejetée." C'est l'histoire d'une femme qui a souffert de solitude toute sa vie mais qui a gardé un amour de la vie malgré les épreuves. Abusée par un homme, mariée au fils de cet homme, trompée par son mari, "Tel père, tel fils", elle se comportera un temps en femme libre avant d'être rejetée par ses deux premiers enfants qui la feront passer pour folle "Une famille, refuge de calme et de sécurité et, en même temps, lieu de la plus extrême violence." Une femme "morte d'avoir été mal aimée, morte d'avoir mal aimé. Morte d'amour." qui reproduira une partie de la vie de sa propre mère.

Le style de ce roman est saisissant. Syncopé, répétitif, fait de phrases courtes et percutantes où chaque mot semble choisi avec précision. Il raconte l'amour du fils pour sa mère mais contient aussi comme une certaine colère retenue. le ton apparemment distancié que prend le narrateur donne un côté un peu étrange au récit. La construction est parfaite nous livrant des secrets de famille inavouables au fil du récit. C'est un livre dont il est impossible de trop en dire si ce n'est qu'un élément essentiel révélé à la fin du récit, un coup de folie de la mère, éclaire l'ensemble du roman d'une façon complètement différente imposant une deuxième lecture du roman. Un vrai coup de maitre de l'auteur.

Vies en miroir. Amour donné sans rien recevoir en retour. Besoin viscéral d'être aimée. Enfances volées. Amour et haine. Inceste et violences sexuelles.

Magnifique premier roman, d'une belle valeur littéraire. C'est fin et puissant, court mais terriblement dense, dur et parfois très dérangeant. Un vrai choc.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Cette critique est susceptible d'être biaisée. Babelio ne garantit pas son authenticité

Je n'aime pas trop les éditions de minuit en général, trop élitistes à mon goût. Mais là je dois avouer que je suis bluffé par leur choix de publier ce livre qui leur correspond parfaitement mais qui a le mérite d'être très lisible. L'écriture est serrée, les constats glaçants mais sans jugements... un petit livre qui a tout d'un grand .
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Excellent premier roman!
Le récit nous entraîne dans l'histoire d'une famille, ces banalités, sa violence parfois extrême, ces secrets enfouis.
Le style est singulier, haletant, personnel, signé.
On y évoque une époque, un couple, une fratrie, l'amour d'une mère, d'un fils, des "vies", la mort.
On est bousculé, touché...ce livre pourrait aisément, pourquoi pas, faire l'objet d'un film.
L'auteur n'utilise jamais le "je", comme pour mieux se dissocier, mieux observer, mieux relater. Son talent est aussi de raconter, sans aucune acrimonie, sans aucun jugement ; il est celui qui a senti, qui a eu le courage d'aller chercher la vérité derrière les non-dits, et d'en faire le récit.
Magnifique hommage d'un fils à sa mère!
Merci aux Editions de Minuit pour avoir publié ce premier roman.
Merci Monsieur pour ce beau récit, écrit (indiscutablement) avec le coeur, et beaucoup de talent.
Nous espérons ,avec curiosité et envie, votre prochain ouvrage.
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Cette critique est susceptible d'être biaisée. Babelio ne garantit pas son authenticité

Je suis un amateur des écrivains du XIXe siècle, sensible aux longs phrasés esthétiques pour évoquer la réalité du temps. Dans cet ouvrage, Elle, la mère, l'écrivain ne s'encombre pas de superflus pour évoquer la réalité des souvenirs, ceux transmis d'une mère à son fils et de l'analyse que ce dernier en fait. Emmanuel Chaussade va à l'essentiel, de manière saccadée, ne laissant au lecteur la possibilité de se remettre du premier coup de massue reçu qu'un second survient à l'instar de ce qu'a été la vie douloureuse des deux personnages. Un livre court, concentré sur l'essentiel, sans aucun nom de personnage pour mobiliser plus parfaitement les émotions. Il invite à la réflexion et est accessible à tous dans ce monde en recherche d'enthousiasme immédiat.
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# le récit commence avec l'enterrement de la mère. le fils livre ici sa perception de ce qu'a été sa relation avec elle ainsi que les secrets découverts à propos de sa mère, de sa famille. Une famille complexe, dysfonctionnelle.
# Les phrases sont courtes, les mots sont choisis, pesés. L'écriture confine à l'épure. D'ailleurs, les personnages dans le récit sont rarement nommés : le fils s'appelle le fils, et la mère la mère. Chaque paragraphe semble avoir été travaillé pour exprimer les idées avec le juste nombre de mots. Certains de ces paragraphes sont vraiment magnifiques. Il me faudra, plus tard, relire ce livre, pour saisir pleinement le sens de certaines phrases en m'affranchissant de la lecture suivie. Je ne suis pas de ces lecteurs qui prennent des notes pendant une lecture. C'est la première fois où j'aurais pu en ressentir le besoin.
# J'ai vécu un très beau moment de lecture avec ce court texte, très différent de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent.
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un livre court. sobre. un style qui tranche, juste, tellement raisonnant pour ceux qui ont des histoires de famille.
il a fallu etaler la lecture sur plusieurs plages tant les gros galets y etaient présents.
critique malhonnete et partiale de ce livre que jai beaucoup apprecie
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