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Critique de Latulu


2h17 C'est l'heure
Tout ira bien le gentil monsieur veille
Arrête de l'aider
Ne pas s'endormir
Dieu est un assassin
Mon Dieu faites que je renverse un cerf !
Ne quitte pas la rue, tu vas mourir

Ca vous paraît décousu ? Quand vous aurez lu ce récit ou si vous l'avez déjà lu, vous offrirez un sourire complice à ce petit préambule.
Stephen Chbowsky et son ami imaginaire m'ont filé une sacrée claque avec cette histoire.
Ne vous fiez pas à la longueur du roman (750 pages dans son format chez Calmann Levy noir), ce livre est un vrai page-turner.
Un condensé de tout ce qui me plaît dans la littérature et les films horrifiques que je dévorais durant l'adolescence.
Bien sûr on ne peut pas passer sous silence Stephen King quand tout est fait pour vous y faire penser jusqu'au marketing autour du livre : la police d'écriture pour le nom de l'auteur et le titre, Jean Esch, le traducteur de Stephen King pour la version française depuis 2018.
Le thème de l'enfance et de l'amitié sont aussi au coeur du récit avec une nette référence au club des ratés dans Ca.

Mais assez de cela. Si Stephen Chbosky reprend certains arcs narratifs du King, il écrit avant tout une histoire originale et surtout terrifiante dont certains passages vous hantent longtemps, même après avoir refermé le livre.

Christopher a sept ans et demi. Pour fuir un petite ami violent, sa mère emmène Christopher avec elle en cavale jusqu'à ce qu'ils s'installent dans une petite ville en Pennsylvanie.
Chrisopher est un garçon timide et sa dyslexie le pénalise dans son parcours scolaire. Il a beaucoup de mal à se faire des amis.
Jusqu'à ce qu'il disparaisse un jour dans les bois. Pendant six jours la communauté va tenter sans succès de le retrouver. Il réapparaîtra au bout de ces six jours et dès lors, des changements apparaissent. La situation financière de sa mère, au bord de la misère, s'améliore. Christopher obtient d'excellents résultats à l'école. Pourtant le garçon semble obsédé par la construction d'une cabane dans la forêt. Et pour cause. C'est le gentil monsieur de la forêt qui lui a demandé de le faire sans quoi, tout le monde mourra.

L'ami Imaginaire est un roman pour adulte même si le récit est souvent vu du point de vue d'un jeune garçon de sept ans et demi (la demi à cet âge ça compte énormément, surtout pour l'intéressé, un beau clin d'oeil de l'auteur).
Il est question avant tout de courage, de pardon, d'amour maternel et des douleurs de l'enfance. J'avais oublié à quel point le monde à cet âge est cruel. L'auteur nous le rappelle parfaitement bien. Les copains d'école et les ennemis sont très bien construits.
L'auteur apporte beaucoup de soin et de réalisme dans la description de ses personnages, que ce soient les adultes ou les enfants, il manie parfaitement la narration en fonction de la psychologie des différents protagonistes.
Lorsque Christopher évolue dans la réalité ou dans l'autre-monde, nous avons bien le point de vue d'un enfant avec son propre vocabulaire, y compris dans la description des choses horribles – les gens boîte-aux-lettres, la dame qui siffle, le gentil monsieur – ce qui, loin d'adoucir l'horreur, la renforce. Une part de notre imagination d'adulte voit plus loin que ce que la raison de l'enfant comprend. Et cela nous terrifie.

Une belle part est faite aux tourments de l'enfance : l'école, les difficultés scolaires, le harcèlement, la difficulté de se faire des copains et, point d'orgue central du récit et symbole de l'enfance : la construction d'une cabane dans la forêt.
Tout est parfaitement maîtrisé pour que ces éléments s'inscrivent dans la normalité du récit et dérivent rapidement vers l'horreur.
L'auteur n'y va pas de main morte avec la religion. Dieu est un assassin nous le rappelle-t-il souvent.
Il critique également les travers de la société américaine : capitalisme, hypocrisie, fanatisme religieux.

Une belle plongée dans les premiers émois horrifiques de mon adolescence.
Un auteur qui aura sûrement été marqué lui aussi par Stephen King et les Griffes de la Nuit.
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