AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ODP31


Les trois coups de bâton frappés sur le plancher de la scène raisonnent et l'ombre chinoise d'un nez gigantesque se dessine sur le décor.
Comme je n'ai pas eu la chance de pouvoir assister à une représentation de la pièce d'Alexis Michalik et que je n'ai pas vu non plus le film qui en a été tiré, je lève le rideau sur l'adaptation BD de Léonard Chemineau. A quand le jeu vidéo, une série TV, un Cyrano Park, des mugs et des tee-shirts made in China ?
Pourtant, point d'overdose quand il s'agit de Cyrano et de son auteur. Ce n'est pas pour rien qu'il s'agit de la pièce la plus jouée, dernier chef d'oeuvre à mes yeux, à mes oreilles et surtout à mon nez, du théâtre en vers et l'idée de faire un petit tour dans les coulisses de sa création est… proéminente.
Accablé par l'échec de sa dernière pièce « La princesse lointaine », pourtant portée par l'immense Sarah Bernhardt, Edmond est en panne d'inspiration malgré le soutien de son épouse qui s'occupe de leurs deux enfants en bas âge.
Les muses taquinent à nouveau l'auteur au contact de l'immense acteur Coquelin, gloire aussi endettée que gargantuesque, qui lui demande de lui écrire une pièce en trois semaines. Edmond Rostand s'inspire alors de son meilleur ami qui vient de tomber amoureux d'une jeune et jolie costumière affublée d'une maladie du coeur, le romantisme. Trousseur invétéré, mal à l'aise avec les chichis des parades amoureuses, Leon demande de l'aide à son ami poète qui lui prête sa plume pour conquérir la belle par les mots. Celle-ci succombe aux vers et Edmond Rostand romance la réalité avec frénésie pour alimenter les premiers actes de la pièce. L'auteur théâtralise son quotidien pour alimenter son oeuvre. Edmond devient le metteur en scène de ses proches, un marionnettiste dont les fils se mélangent parfois car la vie a le goût de l'improvisation.
le panache de Constant Coquelin, ancien sociétaire de la Comédie Française et spécialiste des rôles gourmands (Figaro, Fanfan la Tulipe, Gringoire, Scapin), a également participé à la construction de Cyrano.
Les planches de la BD alternent avec habileté la préparation précipitée de la Première de la pièce (distribution improvisée, costumes, décors, répétitions) au Théâtre de la Porte Saint-Martin et la romance de boulevard qui l'inspire.
Les personnages sont dessinés avec gouaille et correspondent bien à notre représentation de cette fin du 19 ème siècle. En revanche, les tons pastel m'ont paru un peu fades pour une histoire et des personnages aussi truculents.
Dans Cyrano, Edmond Rostand réussit l'amalgame du théâtre dit classique, parfois un peu pompeux, avec le théâtre populaire. Il réconcilie l'alexandrin des balcons avec les rangées du fond. Cette bande dessinée lui rend un bel hommage. Baissé de rideau.

Commenter  J’apprécie          344



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}